Après l’annonce la semaine dernière de l’arrivée de Kimi Raïkkonen au sein de la Scuderia Ferrari en remplacement de Felipe Massa la saison prochaine, Stefano Domenicali, le patron de l’écurie, a répondu aux interrogations de la presse et des tifosi sur le site internet de l’équipe de Maranello.
Stefano Domenicali, vous êtes un grand fan de basket, vous connaissez le terme de Dream team utilisé dans ce sport. Comment vous réagissez au fait qu’il soit utilisé pour la Scuderia Ferrari après l’annonce de l’arrivée de Kimi Raïkkonen aux côtés de Fernando Alonso pour la prochaine saison ?
Pour moi la dream team restera toujours liée au basket, aux grands joueurs américains. Nous concernant nous sommes une équipe, qui je l’espère sera la plus compétitive parce que quand vous faites un choix vous le faites toujours pour ça et pour vous améliorer.
La différence entre le basket et la Formule 1, c’est qu’il n’y a pas seulement des joueurs sur le terrain ou dans le cockpit, mais une équipe derrière faites de bien plus, peut-être moins connus, mais des personnes qui peuvent aussi faire la différence. Ces personnes, ce sont les ingénieurs, ceux qui dessinent les voitures, ceux qui les managent, ce sont eux qui la font tous les jours, qui l’améliorent et la développe.
Donc pour moi le concept d’équipe est quelque chose d’un peu plus large.
En regardant les futurs développements de la voiture et en gardant à l’esprit le concept de travail d’équipe, quelle contribution pensez-vous que la nouvelle paire de pilotes apportera pour le projet 2014 ?
Tout d’abord nous commençons avec une relation totalement nouvelle. Les deux pilotes se connaissent naturellement l’un et l’autre sur la piste. La base, l’important, c’est qu’ils s’apprécient et se respectent l’un et l’autre. Maintenant ils ont à se découvrir chacun comme des personnes et ici le rôle de l’équipe sera fondamental, pour les connecter avec l’ensemble du système Ferrari.
Je pense qu’ils auront beaucoup à offrir, d’abord leur expérience et leur volonté de gagner.
Je crois que leur expérience est la partie la plus importante, parce que l’année prochaine, dès les premières étapes, elle sera le facteur déterminant. Le projet est complètement nouveau. Nous sommes dans une phase où chaque jour nous découvrons de nouvelles choses sur le plan technique, nous découvrons de nouvelles possibilités à expérimenter. Et ces opportunités sont des domaines dans lesquels nos pilotes auront à faire la différence par rapport à tous les autres.
Comment allez-vous dirigez Fernando Alonso et Kimi Raïkkonen qui ont chacun leur propre personnalité et où et quand vous est venue l’idée de faire revenir Kimi Raïkkonen ?
La gestion de caractères différents est le problème quand il faut gérer un groupe dans n’importe quel sport, mais aussi dans n’importe quel autre domaine. Ça ne change pas. Dans notre cas, nous avons l’habitude de traiter avec des personnalités très fortes, très particulières et très différentes. Ce que je voudrais dire, c’est que je pense que le fait d‘avoir deux personnalités complémentaires est quelque chose à exploiter et qui peut nous inspirer.
Ce qui me fait sourire, mais c’est une partie de mon travail, c’est quand je lis des choses très négatives à propos de notre approche du futur, comme des décisions prises contre Fernando Alonso par exemple. Ce sont des choses qui n’ont rien à voir avec nous !
Nous laissons ces choses à ceux qui pourraient être effrayés par ce duo de pilotes d’un point de vue sportif, et c’est tout !
L’idée de Raikkonen, je dois dire, est venue au moment où nous avons vu comment Kimi grandissait ces dernières années : avec des résultats, avec des faits.
Donc dans les derniers mois il est devenu un de ces pilotes qui peuvent être intéressants pour les prochaines années. Et un point important également, avec Fernando et avec Felipe, nous avons toujours discuté de façon très ouverte de plusieurs scénarios possibles. C’est un autre élément, qui est très important quand vous gérez une équipe, pour revenir à votre première question, il y a différentes personnalités, très marquées, mais dans notre équipe tout est toujours très transparent.
Clairement, l’objectif est fixé sur les sept dernières courses de la saison mais en se projetant sur 2014 et la nouvelle aire technologique qui arrive, quelle va être l’importance d’avoir une compréhension claire des nouvelles règles ?
C’est pour ça que je disais tout à l’heure que le concept d’équipe, dream team ou pas dream team, est simplement une notion élargie. Nous pouvons avoir les meilleurs pilotes du monde, mais s’ils n’ont pas la voiture, et ces dernières années l’ont montré, une voiture qui est à son meilleur, alors c’est très difficile pour un excellent joueur, et dans notre cas pour un excellent pilote de faire la différence et de monter sur la plus haute marche du podium.
C’est un challenge difficile. C’est un challenge où nous allons partir de zéro. Il n’y aura probablement pas la domination technique que nous avons vue ces dernières années. Les jours, les mois à venir, vont être fondamentaux pour être capable d’être compétitifs immédiatement dans une partie où ça ne sera pas facile, croyez moi. Je pense aussi que les médias joueront un rôle très important pour comprendre comment la Formule 1 va évoluer l’année prochaine et faire en sorte de bien l’expliquer.
Pensez-vous qu’il pourra y avoir des scénarios similaires à ceux de 2009, quand il s’agissait d’interpréter le règlement ?
Il ne faut jamais dire jamais. Ca ne s’applique pas seulement aux pilotes, mais aussi aux choix techniques. Je pense que c’est plus difficile. Les constructeurs fabriquent les moteurs et l’électronique, et tout cela est connecté, donc ça pourra jouer un rôle très important.
Dans le passé il y a eu plusieurs exemples de rivalités entre coéquipiers. Que répondez-vous à ceux qui disent que l’on ne peut avoir deux coqs dans la même cours ? Est-ce que ça va changer quelque chose dans la façon dont l’équipe fonctionne ou dans sa relation avec les pilotes ?
Je pense que j’ai déjà répondu en partie à cette question. Bien sûr, je m’en rappelle. Mais ce sont des époques différentes. Je ne parlerai jamais de certaines choses pour une raison simple : parfois vous devez vraiment connaitre ce qui se cache derrière. Ce qui s’est passé, est passé. Nous sommes impatients maintenant. La conclusion à propos des deux coqs dans la même cours, j’ai bien compris d’où cette provocation pouvait venir. De notre point de vue, les règlements ont toujours été très clairs pour tout le monde. Les choix sont faits sur la piste. Les pilotes sont sur le même niveau d’égalité. Ils ont à travailler dans l’intérêt de l’équipe. Toujours. C’est un point fondamental : tous ceux qui viennent travailler pour Ferrari le savent très bien. S’ils ne sont pas d’accord avec ça, alors ils ne viennent pas et ne travaillent pas avec nous.
Fernando et Kimi seront les pilotes les plus expérimentés sur la grille de départ la saison prochaine. Leur expérience peut-elle vraiment être une arme supplémentaire ? Et comment Fernando a accueilli l’arrivée de son coéquipier ?
Oui bien sûr. Je crois que tout le monde progresse avec le temps. Tout comme Kimi a progressé, Fernando l’a fait aussi. Il l’a reçu comme un Champion du Monde. Il s’est que c’est un pilote très fort, qui nous rejoint avec comme objectif d’un côté de prendre le plus de points possible à nos concurrents, et d’un autre côté de gagner un titre ensemble, ce qui est vraiment ce que nous voulons.
La structure technique qui a été construite autour des pilotes est faite d’une équipe qui connait très bien les deux pilotes et avec lesquels elle a déjà obtenue de grands succès, actuellement et par le passé. Pouvons-nous considérer le résultat presque comme acquis ?
Il n’y a rien de prévisible dans notre monde. Mais le fait que nous avons des ingénieurs de grands talents dans notre équipe, qui connaissent déjà les personnalités des pilotes avec lesquels ils vont devoirs travailler, est définitivement quelque chose d’important.
Comment le manager de l’équipe réagirait s’il arrivait que les pilotes parviennent à la fin de la saison avec le même nombre de points et devaient se battre pour le titre ?
Il sera… Je dis « Il sera », parce que ce serait un rêve qui deviendrait réalité… il sera la personne la plus heureuse du monde.