Rare marque du groupe à présenter de vraies nouveautés au Mondial de Paris 2012, Fiat expose la 500L et présente en première mondiale la Panda 4×4. Le point sur la marque Fiat avec son directeur en France, Patrice Duclos.
Patrice Duclos, avant de parler des nouveautés Fiat du Mondial 2012, comment la marque se positionne-t-elle après un premier semestre compliqué pour le marché de l’automobile ?
Un premier semestre compliqué dans un univers de marché très difficile. Certainement plus difficile que ne le laissent transparaitre les chiffres aujourd’hui, puisqu’en dépit du recul du marché des immatriculations, on a un marché commandes en France qui recule là aussi fortement et notamment sur les ventes à particuliers. Ce qui pour nous évidemment est problématique puisque Fiat est particulièrement performant sur les ventes à particuliers. C’est donc vraiment une première partie de l’année à l’image de tout ce qu’on entend sur l’automobile aujourd’hui.
Dans ce marché, comment la Fiat 500 tire-t-elle son épingle du jeu ?
La 500 est la satisfaction pour nous de l’année puisque ça continue à bien fonctionner. On maintient des parts de marché, des parts de segments importantes, aux alentours de 7 ou 8 points sur le segment des toutes petites citadines. Donc la performance est là pour 500. C’est un produit qui continue à plaire. On a des gens qui viennent parce qu’ils veulent une 500, ils continuent, ils ne sont pas du tout attirés par d’éventuelles promotions dont d’ailleurs la 500 arrive à se préserver assez bien par rapport à d’autres concurrents du marché. Pour nous, c’est un vrai pilier dans la gamme et ça le reste.
Avec le Mondial de Paris, la gamme 500 s’agrandit avec le lancement de la 500L, présentée en avant première au dernier salon de Genève. Pouvez-vous nous la détailler?
Bien sûr. 500L, c’est effectivement une présentation importante. Comme vous le disiez, elle a été présentée à Genève cette année mais c’est véritablement la première fois qu’elle est accessible au public, en tous cas au public français. C’est un point important pour nous.
Elle est lancée le 8 octobre. Elle va se positionner dans la gamme comme une vraie nouveauté, comme un vrai apport produit. C’est une voiture qui est une extension de la famille, une cousine de la 500. On n’a pas fait de cette voiture une 500 avec 2 portes de plus. Compte tenu du concept on avait besoin de repenser un peu les choses. Maintenant voilà, ça appartient à la famille, il y a un petit air de ressemblance l’une avec l’autre et surtout beaucoup d’ADN. C’est surtout là-dedans que l’on retrouve les similitudes avec 500, par la fraicheur des couleurs, la personnalité, la personnalisation qui est possible sur la voiture.
On a donc une voiture qui va démarrer à 15 550 € avec le moteur essence et le premier niveau de finition “Pop”. On a ensuite deux autres niveaux de finition, “Easy” et “Lounge”, qui viennent compléter la gamme.
La 500L repose-t-elle sur la même plateforme que la 500 ?
Non, c’est une plateforme segment B, donc base Punto, qui évolue évidemment pour répondre au besoin de ce mini monospace citadin. Ca confirme ce que je vous disais, c’est une cousine de 500, mais ça n’est pas une 500 qu’on a fait grandir.
Quels sont les points forts de la 500L par rapport à l’Idea qu’elle vient remplacer ?
On peut dire que d’un point de vue segmentation, pour nous professionnels de l’automobile, évidemment que 500L va venir remplacer l’Idea. Maintenant je n’ai pas de points forts ou de points faibles l’une par rapport à l’autre parce ce que pour nous, on n’a pas du tout raisonné dans une évolution du produit Idea. 500L arrive pour répondre à un besoin de marché, plus comme une héritière de ce que Fiat savait faire avec les Multipla dans les années 60 par exemple, qui étaient vraiment les premières générations de petits monospaces et qui étaient une extension du modèle 500 dans le design. C’est pris plus la dessus que sur une simple évolution d’Idea.
Dans les dossiers de presse vous mettez en avant des détails de la 500L, comme son système hifi ou sa machine à café. Pourquoi insister sur des détails et pas sur ses qualités premières ?
Parce que ça participe au positionnement de la voiture. Beats c’est une marque reconnue, assez jeune dans l’univers audio, on va dire hifi, principalement grâce au casque audio qui a été développé par Dr Dre.
C’est un partenariat qui a été initié aux Etats-Unis avec le groupe Chrysler. La 500L est la première voiture à lui ouvrir la porte sur le marché européen, et avec la marque Fiat. C’est très important pour nous parce que c’est positionnant, parce que c’est un véhicule familial et que les gens y recherchent un certain confort et notamment un confort acoustique.
Après le deuxième point, pour Lavazza, c’est une grande première de pouvoir proposer dans une voiture l’intégration d’une cafetière et pas simplement un thermos. C’est une vraie cafetière, on fait son café, c’est une vraie machine à expresso. Et puis c’est totalement dans le positionnement de Fiat, d’une marque italienne.
Si Fiat ne pouvait pas, n’était pas la première marque à proposer ce type d’appareil, ça aurait été dommage.
Quel est l’intérêt d’un tel accessoire ? C’est pour faire le buzz ou il y a un vrai besoin ?
Pour le café, c’est aussi à nous d’initier, de créer la demande. On arrive avec des propositions qui sont nouvelles sur le marché et qui sont amenées à se développer. Je dois avouer également que l’arrivée de 500L aux Etats-Unis permettra certainement de développer cette partie là, dans un marché américain où c’est très important.
Quels sont les objectifs fixés pour la 500L ?
On a pour objectif vraisemblablement d’immatriculer à peu près 3000 voitures sur l’année 2012, en lançant début octobre. Et puis on a l’ambition de faire 12 à 13 000 voitures en année pleine, ce qui nous fait prendre à peu près 12 à 13 % de part de segment.
Seconde nouveauté du stand Fiat du Mondial de Paris 2012, la nouvelle Panda 4×4.
C’est l’évolution de la gamme Panda dans la tradition de ce qui a été fait sur l’ensemble des gammes Panda jusqu’à présent, que se soit première ou deuxième génération.
On a lancé la Panda au mois de mars de l’année 2012. Nous voilà avec cette version 4×4 qui a la particularité de sortir, et en 4×4 de façon assez traditionnelle telle qu’on l’a toujours connue, et aussi en version Trekking, c’est-à-dire une voiture qui reprend le look de la version 4×4 mais qui ne propose pas quatre roues motrices, simplement une motricité renforcée.
Cela nous permet de répondre à une demande des clients qui était finalement un peu plus citadine sur la partie 4×4, qui aimait le look de la voiture en 4×4 mais qui n’avaient pas à franchir le pas, parce que pas l’utilité forcément d’une vraie quatre roues motrices. Avec la Trekking on est là pour répondre à ce besoin.
Quelles sont les modifications de la nouvelle Panda 4×4 par rapport à la nouvelle Panda 4×2 et à l’ancienne génération de Panda 4×4 ?
Par rapport à la Panda, on a repensé tout ce qui est amortissement d’abord, puisque la voiture est surélevée un petit peu. On revient sur un système avec visco-coupleur qui nous permet de juguler la motricité en fonction du besoin entre l’avant et l’arrière. Donc pas de changements fondamentaux d’un point de vue système quatre roues motrices.
En revanche on a quelques changements puisqu’on a l’arrivée du Twinair et que la version 4×4 n’est plus disponible avec le moteur essence 1.2 telle qu’elle l’était sur l’ancienne génération. Elle est disponible soit en diesel, avec le 1.3 qu’on connaît mais aujourd’hui avec le couple, ce qu’on appelle le gros couple c’est-à-dire un petit peu moins de 20 mkg de couple, c’est une progression significative, et avec le Twinair en 85 cv qui est la grande nouveauté apparue avec le lancement de Panda et qui est décliné en 4 roues motrices.
Quels sont les tarifs et disponibilités de la nouvelle Panda 4×4 ?
On démarre le Mondial avec l’ouverture des commandes de la Panda 4×4 et de la version Trekking. Les distributeurs peuvent les commander. Les stocks de lancement, les premières voitures visibles, vont arriver dans le réseau ou sont en train d’arriver.
Ensuite en termes de positionnement de prix, on a une Panda 4×4 qui va couter 2500 € de plus que la Panda 4×2. C’est 250 € de plus que l’ancienne Panda 4×4 à équipement équivalent, c’est-à-dire une voiture très bien équipée : climatisée, autoradio CD… On a un positionnement pour cette nouvelle voiture très compétitif par rapport à l’ancienne version.
On démarre en version 4×4 à 15 990 € avec le Twinair, et on rajoute 850 € pour le diesel, c’est-à-dire que l’on est à un petit peu moins de 16 900 €, 16 840 €.
Le Mondial 2012 est aussi l’occasion de lancer une nouvelle motorisation et une nouvelle finition pour le Freemont ?
On présente là des choses qui pour le marché français sont un petit peu anecdotiques. D’abord sur la motorisation essence, un 2.4l de 170 cv qui vient étoffer l’offre qui n’était que diesel jusqu’à présent. Enfin il y avait un V6 mais qui était pratiquement inexistant. On arrive là avec un équivalent du moteur diesel 170 cv en essence qui a le mérite d’amener du couple, et qui correspond bien au produit.
Et puis la version qui est présentée ici en grande première, la version Park Avenue, c’est une déclinaison sur base de Lounge sur laquelle on a amené quelques attributs esthétiques. Notamment un kit chrome avec des jantes chromées et des baguettes de protection latérales chromées assez fines qui soulignent bien le design de la voiture, et les rétroviseurs chromés. On fait vivre la gamme Freemont puisque c’est un produit qui vit bien, qui remplit bien ses objectifs de vente, et qui sait bien chapeauter la gamme Fiat.
Premier véhicule issu de la collaboration avec Chrysler, le Freemont atteint- il ses objectifs?
Ce n’est pas vraiment le fruit de la collaboration puisque c’est vraiment, et on ne s’en cache pas, l’attribution pour Fiat d’un modèle Dodge. Il a évidemment été retravaillé pour Fiat. On avait retravaillé les intérieurs, on a retravaillé le châssis, donc ce n’est pas simplement l’apport brut du modèle, mais c’est en France un modèle qui fait peu de volume. On va faire 1 800 à 2 000 voitures cette année. Mais comme je vous le disais, il fait ses objectifs. C’était complètement ce qu’on s’était fixé.
Il faut tout de même savoir qu’on a vendu à peu près en Europe, de mémoire, plus d’une cinquantaine de milliers de Freemont, ce qui est très très important. Donc globalement pour la marque Fiat en Europe, le Freemont est un vrai succès au même titre qu’il l’est en Franc à partir du moment où il réalise la performance qui lui est assignée.
Les investissements de Fiat viennent d’être gelés en Italie, ça veut dire que les futurs modèles sont aussi mis de coté ?
Non, la preuve en est, c’est qu’on est là avec Panda et avec 500L, et qu’on est là pour parler de tout ça. Ce qui est certain, c’est qu’effectivement on est dans un marché compliqué, comme on le disait une vraie crise, une crise assez profonde pour le marché de l’automobile après une prime à la casse assez destructrice.
Aujourd’hui on a gelé un certain nombre d’investissements, mais on continue à développer. Aujourd’hui, nous, on est dans une phase toujours de rapprochement avec le groupe Chrysler, dont aujourd’hui on est actionnaire majoritaire, et c’est de ce rapprochement que vont naitre des nouveautés.
Effectivement on rencontre des difficultés en Europe, comme tous les constructeurs. On est présents avec Fiat et avec Chrysler évidemment sur beaucoup d’autres marchés dans le monde. Ca nous permet d’asseoir notre solidité groupe et de penser sereinement à l’avenir. Et si on parle d’avenir pour Fiat, il y aura déjà de l’avenir sur la 500L puisque l’année prochaine on va la décliner en version Trekking, une voiture beaucoup plus lookée qui reprendra la notion de motricité renforcée comme sur Panda, et puis la version 7 places également un petit peu plus tard dans l’année. Donc voilà, on continue à se développer. Et puis début 2014 on aura 500X, qui est encore une nouvelle déclinaison. Elle a été présentée rapidement à la presse internationale au mois de juillet. Les choses continuent, les choses avancent et on se bat dans un marché compliqué.
Sergio Marchionne a déclaré vouloir faire de l’Italie une plateforme pour l’exportation en dehors de l’Europe. Ce n’est pas un peu inquiétant pour le marché européen ?
Et bien non, au contraire. L’entreprise s’adapte aux contraintes. Aujourd’hui, on n’est plus dans un univers fermé, on est dans un univers international, un univers mondial. On sait adapter, on a la possibilité aujourd’hui dans la façon dont est structuré le groupe, de pouvoir amener du travail en Italie, et fondamentalement la Fiat restera italienne. C’est ce que Sergio Marchionne a confirmé et déclaré. Et pour qu’elle reste italienne, il faut qu’on produise là où on a des usines des produits qu’on a besoin de vendre. Et les produits qu’on a besoin de vendre, c’est aussi des produits qui iront ailleurs qu’en Europe.
Vous avez évoqué le projet 500 x, que pouvez-vous nous en dire ?
500 X, je n’ai pas grand-chose à vous dire pour le moment. On se réservera un petit peu la primeur. On a vu quelques traits de la voiture rapidement. C’est une version quatre roues motrices. C’est une version qui n’aura rien à voir encore avec 500L, évidemment d’un point de vue esthétique, mais également d’un point de vue technique. Donc laissons-nous encore quelques mois, et puis on s’en reparlera un petit peu plus tard.