Jean-Philippe Pelaprat, l’exploitation minutée

par Vincent Royer

A 28 ans, Jean-Philippe Pelaprat est responsable de l’exploitation des deux Stilo de la Squadra Fiat du Trophée Andros 2006. Portrait.

Inquiétude dans le camp Fiat. Tous les regards sont rivés sur les écrans de contrôle, mais rien à faire, les voitures de la Squadra enchaînent les contre-performances dans cette première journée de course à l’Alpe d’Huez. Au premier rang, sous son bonnet, Jean-Philippe Pelaprat est concentré. A 28 ans, il est l’ingénieur d’exploitation des deux autos. « C’est moi qui assure le suivi, explique-t-il, et je fais le lien entre les pilotes, les mécaniciens, les motoristes, les commandes de pièces… Je sers de lien, de plaque tournante. »

Un dialogue constant

Habitué des courses sur piste traditionnelle, et en particulier des courses de monoplaces, il a notamment travaillé sur les Audi R8 des 24 Heures du Mans. Cet hiver, le Trophée Andros est pour lui une toute nouvelle expérience. Ce week-end, il va devoir trouver rapidement l’origine des contre-performances et mettre en place les bons réglages. Pour cela, il dialogue constamment avec les quatre pilotes de l’équipe.

« C’est vrai que dès que l’on sors de la voiture, systématiquement il nous pose des questions sur le comportement, l’efficacité, explique Philippe de Korsak, l’un des quatre pilotes. Et puis après on analyse ensemble les acquisitions de données pour essayer de faire une synthèse. Voir ce que fait Franck de bien, ce que je fais de bien, pour essayer que tous les deux on progresse. Il y a aussi une transversalité avec les filles, qui nous donne des informations assez intéressantes sur leurs acquis. Et on essaie de faire progresser, évidemment, le réglage des deux voitures, et les performances des quatre pilotes. C’est vrai que là ça ne se passe pas très bien, mais je dirai que chaque jour une course est différente et j’espère que demain ça se passera beaucoup mieux. »

Des acquisitions de données primordiales

Immédiatement après avoir écouté les impressions du pilote, Jean-philippe va donc recueillir les informations enregistrées en piste par la voiture. « On peut enregistrer une grande partie des données moteur. C’est une autre facette de la tache de travail, le travail avec les motoristes. Le deuxième type de données que l’on enregistre, c’est les données châssis, donc les vitesses roues, vitesses sol, les accéléromètres, les débordements de suspensions. Ca donne des informations sur le pilotage et sur le comportement du véhicule. »

Une fois les informations recueillies, le plus dur reste à faire. Les analyser, mais surtout mettre en place les bons réglages. Pas toujours facile sur le Trophée Andros avec parfois seulement deux minutes entre deux sessions lorsque l’un des pilotes de la voiture courre dans la manche qui suit immédiatement celle de son coéquipier.

« Quand le timing nous le permet, on peut modifier les hauteurs de caisse, les raideurs de ressorts, de barres antiroulis, l’amortissement, les réglages de différentiels… Mais quand on n’a pas beaucoup de temps, malheureusement, on ne peut rien faire entre certaines séances. On choisit le réglage que l’on aimerait faire et en fonction du temps que l’on a pour réaliser l’intervention. »

Deux outils pour l’efficacité

Pour être réactif et efficace, Jean-Philippe ne se sépare jamais de deux outils a priori anodins mais pourtant indispensables. Un carnet de notes et un téléphone portable. « Le carnet de notes c’est pour essayer de ne pas perdre d’informations. On fait le suivi au niveau chronos, au niveau réglages, au niveau pneumatiques, au niveau essence, tout ce qui touche à l’exploitation de la voiture, on en garde une trace. On archive tout ce qui s’est passé sur la voiture. Et le téléphone c’est parce que j’assure le suivi de deux voitures. Donc qui dit deux voitures dit quatre pilotes. C’est pour assurer une liaison avec les pilotes quand ils ne sont pas à côté de moi, avec les mécaniciens quand ils sont à la structure et que je suis sur la piste, et avec les motoristes qui suivent plusieurs structures en même temps. »

Un timing serré, même entre les courses

Chez Fiat cet hiver, Jean-Philippe doit gérer une voiture rose et une voiture bleue, c’est-à-dire une voiture de filles et une de garçons. Alors, les relations avec les pilotes de chacune des voitures sont-elles différentes ?

« Oui, mais pas parce que ce sont des garçons ou des filles, mais parce qu’ils ont des expériences différentes. Philippe et Franck ont beaucoup d’expérience et beaucoup de recul, donc on peut approfondir beaucoup plus le domaine technique. Avec Justine et Margot, qui ont un petit peu moins d’expérience, on se concentre un petit peu plus sur le pilotage, sur des choses simples. Mais ça donne un travail très intéressant dans les deux cas. »

Une fois le travail avec les pilotes terminé, c’est-à-dire à la fin du week-end, voitures et mécanos rentrent à l’atelier, chez Oreca. Et là encore, le temps est compté. « Déjà, la première chose, on essaie d’analyser le week-end. Si on a eu des performances satisfaisantes, et si on ne les a pas eues, pourquoi on ne les a pas eues. La deuxième partie, qui est la principale, c’est de réparer les voitures et les préparer pour la prochaine course parce que les timing sont très très serrés. Là par exemple, pour cette course, on n’a eu que deux jours pour préparer les voitures. Donc deux jours pour réviser, réparer les carrosseries qui ont été cassées en finales et régler les voitures pour tout le week-end. »

Travailleur de l’ombre

Mais revenons à la course. Après une journée de vendredi très difficile, les problèmes ont-ils été résolus ? « Là où c’est très difficile, c’est que l’on n’était pas performants hier et on n’a pas su encore mettre le doigt dessus, reconnaît Jean-Philippe. Donc c’est la grande question. Quand on sait pourquoi on n’est pas performant, on sait dans quelle direction travailler. Mais là on avait un manque de performance évident, donc on a essayé différents réglages mais qui n’ont pas eu les résultats escomptés. Donc aujourd’hui on va essayer d’autres réglages. »

Ces réglages se révéleront plus convaincants puisque Franck Lagorce alignera enfin de bons temps et montera sur la troisième marche du podium. « Depuis ce matin on cherche des solutions, jubile Franck. Grâce aux acquis on a trouvé comment compenser certains problèmes. Et sincèrement, c’est génial de pouvoir travailler ouvertement en disant tout et en cherchant toutes les voies possibles et inimaginables. »

Et lorsque Franck Lagorce ou l’un des pilotes de la Squadra est satisfait et marque des points au championnat, Jean-Philippe Pelaprat et l’ensemble des mécaniciens y sont pour beaucoup.

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