Froid sec et ciel dégagé attendaient les concurrents du Trophée Andros pour l’épreuve de Lans-en-Vercors. Pour la seconde étape 2006, c’est sur le circuit le plus atypique de la saison qu’ils vont devoir évoluer.
“C’est un circuit qui s’apparente plus à une spéciale de rallye, explique Philippe de Korsak, l’un des deux pliotes de la Squadra Fiat. C’est-à-dire très étroit, avec des trajectoires très tendues où il faut moins glisser et avoir une voiture très en ligne. Mais il subsiste toujours deux épingles typées Andros. Donc il faut adapter son pilotage très Andros dans les épingles, et très traditionnel dans tout ce qui est sinueux, rapide. C’est un circuit un peu atypique, effectivement.
Comme il est peu large, on a peu droit à l’erreur et il y a deux rythmes. Le rythme épingle très attaquée façon pilotage Andros et le rythme plus coulé, avec une auto plus en ligne, dans les enchaînements. C’est un circuit très intéressant. Parfois on va vite et parfois on va pas vite, sans toujours comprendre pourquoi. En fait, c’est souvent parce que l’on met de l’angle au mauvais moment. On met alors l’auto pas suffisamment en ligne.
On a aussi ici souvent des problèmes de motricité. Il y a le circuit qui se défonce très vite, avec des rails. Et entre l’option, rouler et faire le petit train dans les rails où on a l’impression vraiment de se trainer, et avoir une trajectoire un petit peu plus personnelle où l’on va être plus tendu, plus près des cordes, mais plus hasardeuse car plus proche des murs, dans ces conditions là, c’est pas forcément facile.”
Et dans ces conditions, c’est Paul Bourion, coéquipier et manager d’Yvan Muller, qui tire le mieux son épingle du jeu. Il devance à l’issue des manches qualificatives Alain Prost et Wilfried Mérafina.
Double casse mécanique pour Lagorce
Dans la première finale Elite Sup, Alain Prost s’élance donc de la pôle, avec à ses côtés Yvan Muller. Handicapé par un lest de 70 kilos, celui-ci n’arrivera pas à passer le professeur. Derrière, Franck Lagorce, quatrième, devra s’arrêter dès le premier tour, transmission cassée, pour la seconde fois du week-end.
“On a eu un petit soucis de transmission. En fait on a cassé deux transmissions aujourd’hui, regrette le second pilote Fiat, déçu mais résigné. Pas du même côté, pas la même pièce. Maintenant, malheureusement, c’est pas bon pour le championnat, pour le Trophée. Mais c’est comme ça. C’est le sport automobile. Si on n’accepte pas la casse mécanique, il faut faire autre chose que du sport automobile.”
Même difficulté du côté des filles de Fiat. Margot Laffite termine la journée derrière Jérôme Grosset-Janin, désormais en tête de la catégorie Promotion. Quant à Justine Monnier, elle gardera la seconde place de sa finale malgré une Aurélia Marti très incisive sur l’une des Stilo privées. Aurélia Marti qui finira par partir à la faute.
“Je crois que l’on essaie d’aller chercher celui ou celle qui est devant, lache Aurélia, épuisée à la descente de sa voiture. Et puis on donne son maximum. Ce qu’il y a, c’est que j’ai pris peut-être un peu trop de risques et ça a fini en tête-à-queue. Mais j’ai gardé ma position, donc c’est bon !”
Quant à Justine Monnier, malgré sa victoire en finale, la journée reste à oublier. “Pour moi c’est toujours un peu difficile de rouler dans des finales comme ça parce que j’ai un peu de mal à avoir la gnac vu que l’on a eu une dure journée aujourd’hui. C’est vrai que je voyais Aurélia revenir mais sans trop de danger donc j’ai un peu géré en fait.”
Panis, trop optimiste
La deuxième journée verra la victoire en qualification, et seulement en qualification, de Jean-Philippe Dayraut. Car si Yvan Muller, enfin débarrassé de son lest, remporte haut la main sa finale devant son coéquipier Didier André, la seconde finale Elite Sup, celle de Dayraut, sera pour le moins mouvementée.
Partant de la troisième place, Olivier Panis anticipe généreusement le départ et passe la Fiat de Lagorce, deuxième sur la grille aux côtés de Dayraut. Derrière, c’est l’accrochage et le drapeau rouge est brandi. Le second départ est donné sans Joël Stère et Jean-Luc Pailler, dont les voitures ont trop soufferts.
Cette fois-ci, Olivier Panis attend le vert pour démarrer et Dayraut prend logiquement la tête devant Lagorce. Grâce à des pneus en meilleur état et à une attaque permanente, Lagorce finit par réussir un magnifique dépassement sur Dayraut, prenant la tête de la course. Deux tours plus tard, Panis tente la même manœuvre, au même endroit, mais avec un peu trop d’optimisme. Il touche la roue avant de la BMW qui tire tout droit, direction cassée. Jean-Philippe Dayraut est contraint à l’abandon.
Second derrière Lagorce, Panis semble plus rapide. Il est surtout véritablement survolté. La voiture de Dayraut n’est pas encore dégagée lorsque les deux hommes arrivent à l’épingle. Ils réussissent de justesse à l’éviter. Quelques mètres plus loin, Panis part à la faute. Le drapeau rouge est de nouveau brandi.
C’est à ce moment que les choses commencent à se compliquer sérieusement. Dayraut veut profiter de ce troisième départ pour reprendre la course. Son équipe ramène alors la voiture sur la grille, et commence à la réparer. Mais les autres pilotes ne l’entendent pas de cette oreille et veulent faire appliquer le règlement. Ils refusent de remonter en voiture et de prendre un nouveau départ. Les esprits commencent à s’échauffer.
Le réglement appliqué
Finalement, le départ sera redonné, sans Dayraut. Malgré les assauts répétés de Panis, Lagorce remportera la finale près d’une heure après le premier départ. Après l’arrivée, retour sur cette finale particulière avec Philippe de Korsak qui, rappelons le, avait courru la première finale Elite Sup. C’est donc en spectateur avisé qu’il a suivi la seconde. “Chaque team manager, avec plus ou moins d’honnêteté, essaie de jouer son jeu personnel, analyse-t-il, prudemment. L’équipe de Jean-Philippe Dayraut, évidemment, a essayé de jouer son jeu personnel pour essayer de le faire repartir dans la finale, alors qu’il n’avait aucune raison d’y être. C’est une vraie course automobile. Donc à partir du moment où il y a un incident comme ça, c’est un fait de course. Forcément, le départ était sans lui.
Jean-Philippe Dayraut a joué l’intox, pour essayer de repartir. Ils ont réparé sur la piste, ce qui est interdit, bien évidemment. Au final, la course est repartie et Franck a pu concrétiser son dépassement sur Jean-Philippe et gagner la finale. Ce qui est une chose exceptionnelle”.
“J’ai fait un dépassement tout à fait correct sur Jean-Philippe Dayraut, rajoute Franck Lagorce. Après c’est vrai qu’il y a eu un accrochage, apparamment avec Olivier. On met le drapeau rouge. Je trouve que c’était normal parce qu’il était au milieu de la piste. Et puis je repars pour cinq tours, voilà. Pour moi c’est une belle victoire. On l’a construite aujourd’hui. Hier on a eu des problèmes, donc je suis content. Vraiment content.”
Quant à Yvan Muller, le leader du Trophée, c’est en spectateur, comme Philippe de Korsak, qu’il a vécu cette finale particulière. “Effectivement, une finale un peu particulière.Je suis bien content de ne pas avoir été dedans, avoue-t-il. Il y a eu un drapeau rouge. Il y a eu un petit chao et les pilotes souhaitaient que le réglement soit appliqué à la lettre. C’est ce qui a été fait à la fin, donc c’est tant mieux.”
Rien ne change au classement général pour les quatre premières places. On y retrouve toujours la Fiat Stilo de Lagorce. Philippe de Korsak perd par contre deux places et Justine Monnier se retrouve quinzième. Devant, Yvan Muller semble confortablement installé en tête.
Une impression qu’il corrige immédiatement. “En début de saison, pour essayer d’enlever ces 40 kg que l’on m’avait infligé, j’ai souvent été obligé de finir en dehors du podium pour délester chaque fois une tranche de 10 kg. Donc ça a fait des points mais pas assez gros. Ce qui fait que je ne suis pas si confortablement positionné au Trophée.”
En Promotion, Marguerite Laffite n’aura pas réussi à reprendre la tête du classement. Elle augmente même son retard sur Jérôme Grosset-Janin. C’est maintenant 15 points qu’il lui faudra récupérer dès la semaine prochaine, à Serre-Chevalier.