Double enjeu ce week-end à Monza. La course, durant laquelle Ferrari peut reprendre la tête du championnat, et l’annonce de Michael Schumacher sur son avenir.
Ce week-end, à Monza, la formule 1 promettait bien plus qu’un traditionnel week-end de course. Tout d’abord, Ferrari pouvait reprendre, chez elle, devant des tifosi tout acquis à sa cause, la tête du championnat constructeur, et Michael Schumacher se rapprocher à seulement deux points du leader du championnat, Fernando Alonso. Mais ce qui intéressait, et intriguait encore plus le petit monde de la F1 et ses passionnés, c’était l’annonce du choix de Michael Schumacher sur son avenir en F1.
Cela faisait des mois que l’on attendait ce moment. Schumacher continuera-t-il, oui ou non, sa carrière en F1 l’an prochain ? Toutes les hypothèses avaient été émises. Mais le septuple champion du monde le répétait depuis le début de la saison, c’est ici, à Monza qu’il donnerait sa réponse. Oui, mais à la fin du week-end, après la course seulement. Les nombreux journalistes présents ont bien essayé par tous les moyens de connaître sa décision plus tôt, mais rien à faire, l’allemand et son entourage ont tenu jusqu’au bout. Revenons donc au déroulement du week-end.
Des essais libres peu fréquentés
Jeudi, dès la première conférence de presse de la Scuderia, le motorhome est envahi par les journalistes. Mais rien ne sortira sur l’avenir de Michael Schumacher. « Nous avons tout organisé, alors nous pouvons juste nous concentrer sur la course, expliquera l’allemand. L’objectif principal est de faire la course et de piloter sans se laisser déranger, déconcentrer, par autre chose. Et je pense que cette situation va plus vous déranger vous que moi ! »
Les essais libres du vendredi seront peu fréquentés. Les écuries avaient en effet roulées à Monza pendant trois jours la semaine dernière. Les données avaient donc déjà été enregistrées et la plupart des écuries préfèreront économiser pneus et moteurs pour un grand prix où ce dernier est pendant 70% du temps à pleine charge ! Le matin, seuls douze pilotes signeront un temps. Chez Ferrari, seul Massa sortira pour un tour non chronométré.
« Ici à Monza, nous sommes pour la seconde fois de l’année à domicile, après Imola, expliquait Jean Todt. Il reste quatre courses d’ici la fin de la saison et notre but est très clair, même si nous savons qu’il sera très dur à atteindre. (…) Nous sommes contents de courir devant nos fans, spécialement les membres du Scuderia Ferrari Club, venus de toute l’Italie. Une tribune leur a été réservée aujourd’hui dans la Parabolique. Demain et dimanche, dans la même tribune, nous aurons nos employés. »
« Je ne considère plus la F1 comme un sport ! »
Et le lendemain, ils assisteront à une séance de qualification très serrée. Les six premières voitures sur la grille se tenant en moins d’un quart de seconde. C’est Kimi Raikkonen qui réalise le meilleur temps sur sa McLaren Mercedes, moins de deux dixièmes de seconde plus rapide que Michael Schumacher. Massa est quatrième.
« La quatrième place n’est pas si mal, mais c’est une honte, j’ai été incapable d’exploiter tout le potentiel de la voiture, regrettait le brésilien. En fait, dans le secteur 3 de mon dernier tour de qualification, je suis arrivé derrière Alonso qui était dans son tour de décélération. J’ai perdu au moins trois dixième ! C’est une honte, parce que je me sentais capable d’amener la voiture sur la première ligne. » La Scuderia déposera une réclamation auprès des commissaires de course. Alonso sera alors rétrogradé de la 5ème à la dixième place.
Une décision difficile à accepter pour Renault et Alonso car en regardant les images, la gêne dénoncée par Massa n’est vraiment pas flagrante. Au contraire. Dimanche matin, Alonso, toujours écoeuré malgré la nuit passée, déclarera : « Je ne considère plus la F1 comme un sport ! ».
La remontée d’Alonso
A l’extinction des feux, Raikkonen réussi un départ sans faute. Derrière, Michael Schumacher se fait passer mais reprend sa seconde place dès la première chicane. Alonso est sixième. Au tour suivant, l’espagnol dépasse Heidfeld dans la chicane, mais, un peu trop rapide, tire tout droit. Il récupère cependant sa place devant Heidfeld. Il est alors cinquième derrière Button, Massa, et Kubica qui réussit un très beau début de course pour son troisième grand prix.
Au bout d’une quinzaine de tours, Raikkonen ravitaille. Suivi au tour 17 par Michael Schumacher. Ce dernier réussi à reprendre la piste devant Raikkonen. C’est ensuite au tour d’Alonso et de Massa de ravitailler au tour 19. En revenant en piste, Massa évite de justesse l’accrochage avec Trulli. Au tour suivant, Alonso gagne une place en passant Button.
Au tour 22, Kubica rentre aux stands pour son premier arrêt. On retrouve alors Schumacher en tête devant Raikkonen, Fisichella, Kubica, Barrichello et Massa. Alonso est seulement neuvième. Une dizaine de tours plus tard, Schumacher, à l’aspiration derrière un retardataire, arrive trop vite dans la chicane. Il se loupe au freinage mais revient immédiatement en piste.
Alonso contraint à l’abandon
A 15 tours de la fin, Raikkonen réalise son second arrêt aux stands en 5,9 s. Schumacher fait de même au tour suivant en 6,8 s. Il ressort cependant devant Raikkonen. Massa ravitaille au même tour alors qu’Alonso et Kubica marquent leur second arrêt deux tours plus tard. Les deux hommes se retrouvent côte à côte dans la voie des stands et reprennent la piste ainsi. Mais Alonso prend l’ascendant sur le jeune polonais.
L’espagnol est alors troisième. Mais à dix tours de la fin, ultime rebondissement. Alonso est contraint à l’abandon, moteur cassé. Surpris par la fumée et l’huile laissées sur la piste par la Renault, Massa effectue un gros blocage de roue qui l’oblige à s’arrêter une nouvelle fois pour changer de pneus. Il finira la course neuvième, hors des points.
Devant, c’est son coéquipier qui l’emporte, devant Raikkonen et Kubica. L’émotion se lit sur son visage et celui des responsables de la Scuderia. Michael fait le tour de ses mécaniciens avant de monter sur le podium. Il leur annonce, à l’oreille, sa décision. Il ne courra plus en f1 la saison prochaine. « C’est une victoire merveilleuse devant nos fans, se félicitera-t-il à sa descente de voiture. Etre sur le podium avec Jean Todt était un sentiment indescriptible. De là haut, nous pouvions voir une marrée de tifosi et nous pouvions sentir l’amour qu’ils ont pour Ferrari. Super ! (…) La course a été relativement franche. Nous espérions que Kimi ravitaille avant nous, et c’est ce qu’il a fait. Tout s’est déroulé selon nos prévisions sans véritable inquiétude. Le moment le plus émouvant a été le dernier tour. Après le drapeau à damier, j’ai parlé à la radio et annoncé à tous mes amis de l’équipe ma décision. Ca a été très difficile de garder le contrôle de mes émotions. Cette victoire est très importante pour les deux titres. »
« Je ne sais pas si je dois commencer par parler de mes sentiments après cette fantastique victoire, ou de ceux liés à l’annonce du départ de Michael, s’interroge Jean Todt. Bien sûr, je connaissais sa décision depuis un moment. Mais son annonce en même temps qu’une telle victoire rend ce jour particulier. »
A trois grands prix de son départ à la retraite, Michael Schumacher est revenu à seulement deux points du leader au championnat, Fernando Alonso. Quant à Ferrari, la Scuderia a repris la tête du championnat constructeur pour trois points. Tout reste donc faisable et la fin de saison promet d’être passionnante. L’an prochain, la Scuderia se composera de Massa et de Kimi Raikkonen.
