Alors qu’Alfa Romeo fête son centenaire en 2010, l’Alfa 75, créée pour fêter les 75 ans de la marque, fête son premier quart de siècle. Nous avons essayé cette voiture mythique, la dernière propulsion d’Alfa Romeo, et la dernière Alfa 100% Alfa Romeo, dans une version très rare, la 75 1.8 Turbo Evoluzione, fabriquée à seulement 500 exemplaires dans le monde !
17 mai 1985, Alfa Romeo présente la 75, modèle célébrant les 75 ans du constructeur de Milan. Un constructeur qui traverse alors une mauvaise passe. Faute de budget, la 75 n’est en fait qu’une Giulietta 2 de 1977 recarossée.
Fabriquée à Arese de 1985 à 1993, la 75 se décline à son lancement en quatre versions essence de 1.6, 1.8, 2.0 et 2.5, ainsi qu’une version Turbo diesel 2.0.
Un an plus tard, alors qu’elle rencontre un succès inattendu, la 75 reçoit une nouvelle motorisation 1.8 turbo. En 1987, Alfa Romeo souhaite utiliser cette 75 turbo pour remplacer le GTV 6 de compétition en Groupe A. Pour être homologuée, la voiture doit être produite à 500 exemplaires. Le constructeur commercialise alors une série limitée dénommée 75 turbo Evoluzione. 137 exemplaires seront destinés à la France. C’est cette version, très rare, que nous avons essayée.
Alfa Romeo 75 1.8 Turbo Evoluzione, dérivée directement de la compétition
Evidemment, par rapport à une 75 turbo classique, la version Evoluzione présente des caractéristiques spécifiques pour des sensations, elles aussi bien distinctes.
« Les sensations sur cette voiture, c’est comme un karting !, s’exclame François Murschel, son propriétaire. C’est-à -dire que la suspension est beaucoup plus dure que sur une turbo normale, parce que la caisse est beaucoup plus rigidifiée. Et puis les amortisseurs sont différents. Le moteur d’ailleurs est différent aussi puisque c’est un 1762 cm3 au lieu d’un 1779. »
Pour être homologuée en Groupe A, la voiture devait en effet avoir une cylindrée atmosphérique de 3 litres maximum, ou un moteur turbo de coefficient 1,7. Or avec un tel coefficient, le moteur 4 cylindres à double arbre à cames en tête dépassait la cylindrée autorisée avec 3024 cm3. Cette réduction de 1779 à 1762 cm3 se révélera pourtant contre-productive.
« Au moment d’entrer en piste, la règlementation a changée et on a eu le droit d’avoir des deux litres, se souvient Frédéric Jorand, également propriétaire d’une Alfa 75 Turbo Evoluzione. C’est ce qu’a fait Ford avec sa Sierra Cosworth. Ce qui explique qu’en championnat du monde Groupe A la 75 n’a pas eu les résultats qu’elle aurait dû avoir. Ils se sont un peu fait avoir par la fédération de l’époque. »
La 75 connaitra malgré tout un certain nombre de succès sportifs.
« Quand ils sont passés en carrosserie IMSA, beaucoup plus large, avec un moteur qui développait jusqu’à 400 ch, effectivement ils ont gagnés le tour d’Italie, reprend Frédéric Jorand. Il y avait aussi un championnat spécifique en Italie où ils ont eu pas mal de succès. Et puis il y avait aussi une coupe monomarque 75 Evoluzione en Italie. »
Une mécanique et une esthétique optimisées
Mais revenons à notre modèle d’essai, et aux particularités de la série limitée 75 turbo Evoluzione.
« La caisse a été rigidifiée surtout au niveau de la plage arrière, précise François Murschel. Il n’y a pas de trous comme sur beaucoup de voitures pour pouvoir mettre les haut-parleurs, pour la radio. Là c’est plein, c’est une tôle pleine. Au niveau du triangle inférieur c’est différent aussi. Les freins sont des freins Brembo à l’avant. Ce qui autorise un freinage assez conséquent, et très endurant d’ailleurs. »
Pour compléter le tableau, ajoutons que la pression du turbo Garett a été modifiée, que de nouveaux pistons font leur apparition, que la barre antiroulis arrière est plus grosse, tout comme les roulements de roues avants, que le bloc cylindre a été renforcé, qu’un nouveau collecteur d’échappement a été installé, et que l’autobloquant de série passe de 25 à 45%. Pour couronner le tout, la 75 Evoluzione reçoit un kit de carrosserie qui rend la voiture encore plus agressive.
Car si l’on reconnait bien le look inimitable issu du Centro Stile Alfa Romeo, très carré, avec sa bande horizontale qui relie le capot avant au spoiler arrière, ou bien encore sa bande réfléchissante entre les deux groupes optiques arrières, l’Evoluzione reçoit par exemple des stickers latéraux, des passages de roues élargis, ou bien encore des boucliers avant et arrière spécifiques, allégés, en matériau composite (GFK).
On notera aussi l’absence d’antibrouillard avant, retirés pour offrir un meilleur refroidissement du moteur, ou bien les massives jupes latérales.
La calandre était peinte en rouge, même si sur notre modèle la calandre d’origine a été remplacée comme certains autres éléments distinctifs.
« Il y avait une option Zender pour les phares avant, les quatre phares ronds. Ce qui est plus spécifique Alfa Romeo à l’époque. J’ai aussi changé les sièges parce que j’étais un peu mal assis. Maintenant ça va mieux, mais ce n’est toujours pas le top. Ce ne sont pas de vrais Recaro. J’ai changé aussi les jantes parce que d’origine il y a des jantes GTV 6 de série peintes en rouge. Et ça ne m’a pas vraiment plu. Donc j’ai changé les roues. »
En piste !
Terminons le tour du propriétaire avec l’habitacle, lui aussi très caractéristique avec son énorme poignée de frein à main, ou encore les commandes des lève-vitres électriques au plafond. Nous ne dirons rien sur la finition, qui n’est pas vraiment le point fort de cette Alfa. Le coffre lui par contre est une agréable surprise avec un volume conséquent de 500 l.
Mais assez parlé, il est grand temps de prendre le volant de la bête. Et pas n’importe où, sur le très beau circuit du Mas du Clos ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la conduite est … virile. Pas de direction assistée, une puissance qui arrive d’un coup, un train arrière très joueur qui a tendance à vouloir passer devant, attention le décrochage n’est jamais très loin. Le simple fait de lâcher l’accélérateur en courbe et la 75 Evoluzione fait toucher du doigt ce que survirage veut dire.
Rappelons au passage que la 75 est une propulsion, la dernière propulsion de la gamme Alfa Romeo.
Une fois ces points acquis, la 75 Evoluzione est un réel plaisir à piloter, avec une répartition des masses idéale et un train de avant ultra précis.
Les mêmes performances que la 1.8 Turbo classique
Malgré les modifications effectuées à la mécanique et à l’aérodynamique, l’Evoluzione offre les mêmes performances que la 1.8 Turbo normale. A savoir 155 ch, une vitesse maxi d’environ 210 km/h et un 0 à 100 km/h atteint en 8 secondes.
Des caractéristiques qui lui permettent d’être aussi à l’aise sur circuit qu’en ville.
« Mon épouse l’a utilisée pendant près de deux ans, confirme François Murschel, pour aller au travail. Et puis après, ça commençait à être un peu dommage de ne faire que de la ville avec. Mais sinon on peut très bien rouler en ville. Le turbo s’enclenche aux environs de 2800-3000 tours, donc en ville ça ne pose aucun problème puisque le turbo ne s’enclenche que très rarement. »
Un entretien sans surprise
Quant à l’entretien, il ne semble pas engendrer de surprise. Surtout que la 75 possède une distribution à chaine.
« L’entretien se résume à l’entretien d’une 75 normale. Comme toutes les Alfa c’est très fiable. On n’a pratiquement pas de problème. L’entretien courant, les vidanges, tout ce qu’il faut faire normalement, mais sans chercher de gros problèmes. Il n’y en a pas. On n’en a d’ailleurs jamais eu. Cette voiture a aujourd’hui 138 000 km, et on n’a pratiquement rien fait dessus. Ce qu’il faut. »
Cette version Evoluzione possède pourtant un défaut technique… majeur.
« La pression du turbo qui fait beaucoup chauffer le moteur. Et si on a un petit inconvénient au niveau du ventilateur qui ne se met pas en route, le moteur chauffe très vite. On fait vite un joint de culasse. »
Merci au Club Alfa Romeo de France et plus particulièrement à Alexis Walter. Un énorme merci surtout à François Murschel !
Les caractéristiques techniques
Caractéristiques | Alfa Romeo 75 1.8 Turbo Evoluzione |
Moteur | 4 cylindres en ligne – 2 soupapes par cylindre |
Position | Avant longitudinale |
Distribution | par chaine |
Cylindrée (cm3) | 1762 |
Puissance (ch) | 155 |
Alimentation | |
Alésage x course | |
Rapport volumétrique | |
Régime maxi (tr/min) | |
Puissance maxi (ch à tr/min) | 155 à ? |
Couple maxi (mkg à tr/min) | |
Transmission | Propulsion |
Rapports | 5 |
Autobloquants ZF | 45% |
Châssis | |
Cx | 0,37 |
Suspensions avants | triangles superposés, barres de torsion longitudinales |
Suspensions arrières | essieu de Dion, parallèlogramme de Watt |
Freins avants | disques ventilés Brembo |
Freins arrières | disques |
Direction | Crémaillère |
Diamètre de braquage (m) | |
Dimensions | |
Longueur | 4 330 |
Largeur | 1 650 |
Hauteur | 1 350 |
Empattement | |
Voies avants | |
Voies arrières | |
Pneumatiques | |
Capacité réservoir (l) | 49 |
Capacité coffre (l) | 500 |
Poids | |
Poids (kg) | |
Rapport poids/puissance (kg/ch) | |
Performances | |
Vitesse maxi (km/h) | |
De 0 Ã 100 km/h (s) |
4 commentaires
Alfa Romeo 75 Turbo Evoluzione
Quelques erreurs en effet, mais rien de grave.
Il faut en avoir eu une et ROULE avec pour critiquer…
BRAVO pour l’article !
Alfa Romeo 75 Turbo Evoluzione
pas mal de conneries, la voiture correspond pas a l originale…..
bof bof
Laurent
Alfa Romeo 75 Turbo Evoluzione
Grossartig!
Dank für diesen Bericht!
Auf diese Weise wird Automobilgeschichte lebendig gehalten und solche aussergewöhnlichen Fahrzeuge verstauben nicht einfach in einem Museum!
Weiter so!
Klaus
Alfa Romeo 75 Turbo Evoluzione
Merci pour ce reportage, excellent souvenir de notre rencontre.
J’espère que notre ami a peut faire réparer son bijoux !
Amicalement
JPP LARONZE
Alfasud Sprint rouge !