Guillaume Defoulounoux, directeur de la marque Fiat en France, revient sur les nouveautés exposées par Fiat au Mondial de l’auto 2010 : le “révolutionnaire” moteur TwinAir, la 500 Black Jack et la 500C by Diesel, la toute nouvelle gamme GPL, le nouveau moteur 95 ch de la Punto Evo, le Qubo 2011 et son nouveau moteur, et fait le point sur l’avenir, ou le non-avenir du Multipla.
Guillaume Defoulounoux, la grande nouveauté du stand Fiat au Mondial de Paris est le nouveau moteur TwinAir. Dans le dossier de presse il est présenté comme un bijou technologique.
Tout à fait. Le TwinAir c’est pour nous la révolution technologique dans le sens où nous avons réussi, avec une motorisation essence, à abaisser le niveau de CO2 au niveau des 95 g. et même 92 g. avec une boite Dualogic. Ce qui est une première mondiale sur une motorisation essence hors hybride. Alors pour cela bien évidemment nous avons utilisé plusieurs technologies. Tout d’abord un downsizing poussé en utilisant un bicylindre qui fait seulement 875 cm3. Et puis bien évidemment la nouvelle technologie MultiAir qui est une gestion électro-hydraulique des soupapes qui nous permet d’avoir une meilleure combustion, et donc d’émettre moins de CO2. Au global, nous avons gagné en puissance puisque le moteur fait 85 ch, en couple puisqu’il fait 145 Nm, et en émissions de CO2 puisque le véhicule fait, comme je l’ai dit, entre 92 et 95 g de CO2. Donc pour nous c’est une véritable révolution, et nous sommes les seuls à pouvoir le présenter aujourd’hui.
Est-ce que c’est l’aboutissement ultime du downsizing ou est-ce que l’on peut encore améliorer ?
On peut surement encore améliorer, avec d’autres technologies. On pense notamment avec une hybridation, ou du gaz naturel, ou du GPL moteur essence. Notre objectif bien évidemment c’est de continuer dans cette voie, technologique, qui va nous permettre d’atteindre au moins les 60g/km de CO2.
Vous venez de le dire, avec ce moteur c’est la première fois que l’on entend Fiat parler d’hybride, d’électrique. Est-ce qu’il y a des choses déjà de prévues ?
Alors aujourd’hui, bien évidemment nous ne présentons rien, mais nous travaillons ardemment. Notamment avec la FIAT 500 pour un modèle hybride, à l’horizon 2012, d’abord pour le marché américain. Et l’hybridation peut se faire tout à fait avec ce moteur TwinAir qui, de par sa compacité, permet justement d’avoir un bloc électrique qui lui soit accouplé.
Est-ce que ça veut dire que chez Fiat il pourrait y avoir quelque chose qui arrive rapidement ?
Rapidement, non, parce que c’est une technologie complexe. Notre objectif à nous, c’est de pouvoir offrir des véhicules qui soient accessible à tous, et comme nous l’avons vu, nos concurrents qui sortent des véhicules soit hybrides, soit totalement électriques, ont des couts qui sont très élevés, donc utilisent des systèmes de location. Nous notre objectif c’est véritablement de pouvoir rester dans la marque de fabrique FIAT, donc pouvoir produire des voitures qui soient accessibles à tous. Et pour cela nous avons encore un peu de travail à faire pour pouvoir réduire les coûts.
Alors le bicylindre c’est un bruit caractéristique, c’est aussi beaucoup de vibrations. Est-ce que l’on retrouve ça sur ce moteur ?
Le bruit a été travaillé en effet pour qu’elle ai cette sonorité typique d’une motorisation un petit peu plus ancienne, mais qui donne un charme fou à la voiture puisque c’est le moteur néo-rétro, on va dire, lié à une voiture néo-rétro. Concernant les vibrations, nous avons utilisé un contre arbre d’équilibrage pour pouvoir faire en sorte, justement, qu’il y ai très peu de vibrations. Et c’est un moteur qui ne vibre pas plus qu’un 4 cylindres.
Cette voiture a une autre caractéristique, c’est qu’elle a un mode « éco ».
Tout à fait. Il y a deux modes sur ce produit TwinAir Il y a un mode normal, sur lequel nous avons un couple de 145 Nm, à 1900 tours/mn. Et nous avons un autre mode, qui est un mode « éco », qui permet, notamment en ville, d’amoindrir le couple, donc d’avoir une éco conduite simplifiée par le système. Et le couple à ce moment se retrouve à 100 Nm, entre 1750 et 2100 tours/mn. L’objectif pour nous, c’est véritablement d’aider le conducteur, via le système éco-drive qui peut équiper ce véhicule, et cette touche « éco », pour faire en sorte qu’il réduise ses émissions de CO2, tout en conservant un agrément de conduite.
La Fiat 500 est aujourd’hui notre produit leader
Dans les autres modèles exposés il y a beaucoup de Fiat 500. Est-ce que Fiat 500 continue à bien fonctionner aujourd’hui ?
Bien évidemment. La Fiat 500 aujourd’hui est notre leader en terme de produit sur le marché français. Cette année, on va en faire à peu près entre 20 000 et 21 000, ce qui correspond à peu près à notre volume de vente des trois dernières années. C’est un volume stable parce que nous avons aussi beaucoup de nouveautés. Nous avons sorti la 500 cabriolet, maintenant la 500 TwinAir On essaie tous les ans d’avoir une nouveauté sur la Fiat 500. Nous faisons vivre la Fiat 500 à travers des séries limitées. Sur le stand, il y a la Black Jack qui est un noir mat, nous avons le nouveau bleu qui vient de sortir avec le TwinAir, nous avons une 500 C by diesel avec un nouveau bleu indigo qui est extraordinaire… Donc la 500 continue de bien vivre. On continuera sur l’année 2011, à travailler sur la Fiat 500, mais c’est un produit qui est toujours en terme de volume, le leader de la marque Fiat.
Durant les deux premières années de la 500, on a souvent comparé les chiffres de vente de la 500 et de la Mini. Aujourd’hui comment est-ce positionné ?
Aujourd’hui la 500 fait beaucoup plus que la Mini. La Mini a su se renouveler en sortant la Country Man aujourd’hui, donc va attaquer une autre cible, puisqu’elle va avoir 5 portes. Donc c’est une cible un petit peu différente. Bien évidemment la 500 aujourd’hui ne peut se comparer qu’à la Mini, on va dire à la Mini de base. Et si on regarde ces chiffres là, aujourd’hui, la Fiat 500 fait pratiquement le double de Mini en terme de volumétrie.
L’autre grosse nouveauté est l’arrivée de la gamme GPL en France. Elle a déjà été annoncée plusieurs fois, et finalement annulée…
En effet, nous sortons une gamme GPL Euro 5, que nous présentons ici en avant première, au Mondial. Nous n’avons pas sorti de gamme GPL, antérieurement, tel que c’était prévu parce que c’était des gammes Euro 4 et que nous désirions véritablement sortir une gamme totalement Euro 5.
Pour nous c’était très important d’être dans ce nouveau marché du GPL, qui aujourd’hui va compter à peu près 80, 90 000 unités, quand il n’en faisait que 2500 il y a 2 ans. Nous sortons une gamme complète, quatre produits avec Panda, Punto, Bravo et Idea. Toutes Euro 5. Des moteurs 1200 ou 1400 cm3. L’avantage, bien évidemment, de sortir une gamme GPL Euro5, c’est d’avoir une garantie constructeur, d’avoir une fiabilité constructeur, de pouvoir faire réparer par le Réseau et puis bien évidement, aujourd’hui, on a une fiabilité globale liée à l’Euro 5 qui nous permet de pouvoir passer tous les tests d’homologation, même à long terme, grâce à cette technologie. Donc pour nous c’est une véritable révolution, aussi, même si c’est moins que TwinAir, mais c’est s’insérer dans tous les marchés. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, en terme de carburants, on est capable de proposer de l’essence, du diesel, du gaz naturel et du gaz de pétrole liquéfié.
Mais est-ce que ce n’est pas un peu dépassé comme technologie ?
La technologie GPL est une technologie qui est plus ancienne que la technologie GNV ou hybride, mais c’est une technologie que l’on peut mettre en place immédiatement, facilement et sans trop de surcout pour le consommateur, notamment grâce au bonus écologique de 2000 Euros pour les particuliers. Donc pour nous c’était beaucoup plus facile de pouvoir répondre à une demande immédiate, que de travailler comme nous en avons parlé, sur les hybrides, qui elles, arriveront un peu plus tard dans le cycle de vie.
Autre nouveauté, le moteur 85 ch de la Punto Evo. Il perd 10 ch.
Alors en fait nous avons voulu travailler sur une Punto qui fasse 95 g de CO2, notamment pour pouvoir être en ligne avec les émissions de CO2 et le bonus écologique en France. Pour cela, bien évidement, il y a certaines évolutions en terme techniques, notamment une évolution moteur, puisque c’est un moteur qui est basé en effet sur le 95 ch. Il perd 10 ch. Et puis après, il y a tout un travail aérodynamique qui a été fait sur la voiture, aussi bien externe qu’interne, encapsulage moteur, etc, pour pouvoir atteindre les 95 g de CO², contre 109 g pour la version originelle. Alors c’est un véhicule qui a du couple, puisque c’est le même couple que le 95 ch, il fait plus de 200 Nm, et c’est un véhicule qui est très très agréable à conduire même s’il a quelques rapports de boite rallongés. Comparativement à ce que j’ai pu essayer chez les concurrents, on ne sent pas sur notre voiture la perte justement de performance due à cette boite rallongée, notamment sur le 5° rapport. Donc pour nous c’est très important de pouvoir garder ces 1000 euros, en tout cas jusqu’à la fin de l’année, puisque comme vous le savez au 1° janvier, il faudra atteindre les 90 g. Et aujourd’hui notre voiture est à 95, mais nous travaillons pour pouvoir la faire évoluer en ce sens.
Au niveau performances, on perd aussi par rapport à la 95 ch ?
Les performances sont identiques sur les 4 premiers rapports. Il n’y a que les reprises en 5° où l’on perd un petit peu, 1 à 2 secondes sur un 80-120 km/h, ce qui est très peu en fait et qui n’est pas sensible pour le conducteur. Par contre en terme de consommation, on perd rapidement 1 litre, notamment sur autoroute, ou à 130 on va se retrouver entre 2000 et 2300 tours/mn au compte tour.
Avec Qubo 95 ch, on va pouvoir attaquer tous les créneaux de ce segment
Un mot sur Qubo qui reçoit aussi quelques petites modifications ?
Qubo évolue puisqu’en fait on a une nouvelle gamme Qubo qui est mise en place avec l’Euro5.
Tout d’abord, les diesel reçoivent le start and stop et le filtreL à particules de série. Nous avons une nouvelle motorisation qui rentre sur Qubo, qui est le 95 ch. Avant nous n’avions que le 75 qui, s’il était apprécié, pouvait être un petit peu juste pour les familles, qui n’avaient que ce véhicule en véhicule principal et donc s’en servaient pour pouvoir se déplacer tout au long de l’année et même en vacances. Le 95 ch permet de rétablir, on va dire, cet équilibre et d’avoir un véhicule qui soit plus extra urbain que ne l’était l’ancien. Et donc, nous présentons ici un Qubo Trekking de 95 ch avec le start and stop et le filtre à particules, qui est un produit, on va dire, tout chemin, pas tout terrain, mais qui peut s’adapter à toutes les conditions de roulage, même sous la neige, parce que le système traction plus qui est intégré à ce produit est un système véritablement étonnant et donne une motricité incroyable au train avant.
Le nouveau moteur, c’est en réponse à des demandes d’utilisateurs ?
En effet, on a eu des demandes d’utilisateurs qui nous disaient, est ce que l’on pourrait avoir une motorisation un peu plus puissante… Mais en même temps dans le plan produit, nous avions déjà prévu à terme de pouvoir le sortir, parce que nous savions qu’avec une seule motorisation 75 ch, on était un petit peu justes. Là, véritablement, on va pouvoir attaquer tous les créneaux de ce segment, en terme de motorisation.
Dernière question, qui est en fait une remontée de lecteurs, est-ce qu’il va y avoir un remplaçant au Multipla finalement ? Ou est-ce que le remplaçant perdra définitivement le concept 3+3 ?
Alors aujourd’hui, en tout cas, sur l’année 2011, et là, ça a déjà été annoncé, nous n’aurons pas de remplaçant de Multipla. Nous allons sortir un véhicule que l’on appelle un MPV, un Multi Purpose Vehicule, qui va être un produit qui est un petit peu plus large en terme d’offre, c’est à dire que ça va être un produit familial, qui peut être 4-2 ou 4-4, mais qui n’aura plus le concept des 3 places avant, qui va être dérivé de la plateforme américaine, du Dodge Journey, et qui va être modifié à la sauce Fiat, aussi bien en terme de qualité, qu’en terme de motorisation. Donc voila un petit peu ce qui va arriver sur 2011, aujourd’hui, en tout cas le remplaçant du Multipla n’est plus d’actualité. On va travailler sur des segments, un peu différents
Ce sera une vraie personnalisation, un vrai travail dessus, ou c’est juste une adaptation ?
Non, c’est une vraie personnalisation puisque l’on va changer tout l’intérieur, toute la planche de bord…, il va y avoir une vraie personnalisation au niveau du look extérieur, même si la plateforme reste la même. Et tout ce qui est motorisation, transmission, va être pris aussi au groupe Fiat pour remplacer en fait ce qui existait aujourd’hui, qui était un moteur Volkswagen et qui aujourd’hui n’est plus d’actualité en terme de bruit et en terme d’agrément de conduite. Et de même, la boite automatique qui existait aujourd’hui n’était pas aussi bonne que ce que nous nous pouvons offrir, donc on va vraiment remettre au gout du jour cette plateforme en la siglant Fiat. Ca va devenir un vrai produit Fiat.
3 commentaires
Guillaume Defoulounoux, « TwinAir est une révolution technologique ! »
Tout à fait d’accord avec Gilmar : il faut trouver un moyen de distinguer commercialement les 3 marques (ou alors, il faut mettre aussi Ferrari dans la vitrine !)…
Mais on parle peu du modele Twin air sans compresseur , je suis intéressé, car avec ma FIAT 500C 1,2 L tout va bien en ville et sur autoroute (bien sûr il faut parfois repasser la 4ème dans les longues montées) : silence, sobriété, confort des sièges.
Alors, pourquoi pas un Twin air encore plus fiable, plus sobre et aussi “coupleux” ?
Guillaume Defoulounoux, « TwinAir est une révolution technologique ! »
Le groupe fiat france commet plusieurs erreurs commerciales fondamentales:
1) Vendre dans les mêmes locaux les marques Fiat, Alfa romeo et Lancia;
d’une part, ces véhicules ne s’adressent pas du tout au même public et d’autre part les vendeurs fiat ne sont pas capables d’utiliser cette unité de lieu pour présenter et vendre tous les véhicules du groupe.
En clair, Fiat perd sur les deux tableaux.
2)Les vendeurs Fiat( en général) ne connaissent pas bien la gamme du groupe et ne proposent que rarement aux acheteurs de 500 de découvrir des véhicules comme la Lancia delta, l’Alfa romeo 159 ou la Fiat Bravo diesel 165 chevaux.Or beaucoup de ces clients sont des acheteurs potentiels de véhicules “premium”.
Le résultat: les ventes de lancia delta et ou d’alfa 159 sont très faibles. Je ne parle pas de la pauvre Fiat Bravo….que même IES, avec une remise de 38%, n’arrive pas à vendre.
3)La presse française et notamment Autoplus, a pris pour habitude de parler très mal et très peu des voitures du groupe Fiat.
Ainsi, pour Autoplus, les fiat Croma et Bravo ainsi que la Lancia Delta n’existent pratiquement pas. Les essais sont rares et on les oublie dans la plupart des comparatifs.
Il y a certainement quelque chose à faire…
Un client satisfait de ma Fiat Bravo 1.6 multijet 105 ch.
Guillaume Defoulounoux, « TwinAir est une révolution technologique ! »
Souhaitons au groupe FIAT de se hisser au niveau des espérances de ses nombreux clients et amoureux de la voiture italienne