Une fois n’est pas coutume, c’est une voiture de course que nous vous proposons d’essayer aujourd’hui. Invités par Fiat en janvier dernier à essayer la Stilo utilisée cet hiver dans le Trophée Andros, nous n’avons pas hésité une seconde.
Nous voici donc à Val Thorens, pour une séance d’essai un peu particulière, sous la direction de Philippe de Korsak, l’un des deux pilotes de la Stilo officielle, et surtout, l’initiateur du projet.
« Le projet vient d’une envie de travailler avec un constructeur, explique-t-il. Je trouvais effectivement que le mariage avec Fiat était plutôt riche d’intérêts. Fiat n’avait plus fait de compétition depuis de nombreuses années. L’image sportive a souvent des retours intéressants. Fiat le constate aujourd’hui. »
Fiat s’est lancé dans l’aventure seulement six mois avant la première course
Avec plusieurs victoires cette saison et surtout deux voitures dans les quatre premiers du championnat, les retombées sont en effet inespérées pour Fiat qui s’est lancé dans l’aventure seulement six mois avant la première course. C’est Richard Tur, ingénieur de Tork Engineering, qui a conçu l’auto, réussissant ainsi un véritable exploit.
« Grâce à notre expérience de la glace, on a pu se fixer rapidement un cahier des charges bien précis concernant les objectifs que l’on voulait atteindre au niveau du dessin du véhicule, confie Richard Tur. A savoir, recentrer les masses pour l’application glace qui demande une voiture très agile, très facile à inscrire mais qui ait aussi une dérive limitée pour avoir une efficacité maximale sur la glace. Et donc tout en connaissant bien le sujet de la glace, on a pu définir les épures de suspension, l’architecture véhicule, les systèmes de direction aussi, pour ce nouveau prototype. »
Le résultat, une voiture de 4 m sur 1,90 m pesant 950 kg et développant 350 ch à 7 400 tr/mn. Le châssis tubulaire en acier reçoit une carrosserie en fibre de verre et résine, mais surtout le V6 à 60° de 24 soupapes provenant de la Phedra et préparé par Sodemo. Installé en position centrale arrière longitudinale, il affiche une cylindrée de 2 946 cm3 pour 35 mkg de couple à 4 800 tr/mn. Les quatre roues sont motrices et directrices et reçoivent chacune des freins à disques percés avec étriers à deux pistons. La gestion électronique est assurée par une centrale Magnetti Marelli MB4. La boîte de vitesses de type séquentielle à six rapports a été développée par Sadev. Enfin, les pneus Ice Racing Continental sont équipés de 216 clous.
Précision et anticipation
Mais arrêtons avec les chiffres et passons aux choses sérieuses. La Stilo nous attend. Dernier briefing avec Philippe de Korsak, et c’est partie. La glace est parfaite grâce aux températures très faibles depuis quelques jours : entre -15 et -20°C pendant la nuit. Il faut dire que Val Thorens est la station la plus haute d’Europe… un régal !
Mais quelles sont les techniques pour aller vite sur la glace ? « Une voiture de glace, explique Philippe de Korsak, spécifiquement du Trophée Andros, c’est-à -dire équipée des quatre roues directrices, se pilote différemment d’une voiture traditionnelle. Il n’y a pas d’inertie polaire. C’est-à -dire que la voiture tourne extrêmement rapidement autour de son axe. Ce qui permet de placer la voiture très tôt, et de pouvoir surtout réaccélerer très tôt. Donc c’est une voiture qui se pilote très anticipée et avec évidemment beaucoup de vitesse roues, le plus tôt possible. Ca nécessite de la précision et de l’anticipation, si je devais résumer tout ce qu’il faut mettre en œuvre pour bien piloter cette auto. »
La plus jolie du plateau 2005
Dans sa livrée bleue, la Stilo officielle est l’une des plus jolies autos du plateau 2005 du Trophée Andros. A l’intérieur, Richard Tur a travaillé en pensant à l’efficacité mais aussi à l’ergonomie du pilote. Visite guidée avec Franck Lagorce, le second pilote de l’écurie Fiat officielle.
« Boîte séquentielle, boîte six rapports. Comme sur une moto, la première en avant et toutes les autres derrière, compare Franck Lagorce. Et puis après on a tout ce qui est pompes. On a deux ventilateurs. Quand on est en course et que ça chauffe beaucoup, on peut mettre les deux. On a un pare-brise chauffant, et puis on a un chauffage avec deux positions. Feux avant, feux arrière, il n’y a pas de feux anti-brouillard. Et puis les essuie-glaces et tout ce qui est acquisition de données, avec un boîtier électronique.
Il n’y a pas grand-chose dans la voiture comme vous pouvez le voir. C’est une voiture qui, dans le cadre du règlement Andros, est très maniable, est très agréable à conduire. On a quatre freins à disque ventilés, donc ça freine fort, et en même temps ça pousse, ça pousse fort. »
Championne 2006 ?
La Stilo Silhouette Glace est donc bien née. Jean-Philippe Dayraut obtient même la seconde place du championnat sur une Stilo privée, juste derrière le roi de la glace, Yvan Muller, neuf fois vainqueur du Trophée. Peut-être pas dix puisque les Stilo pourraient faire mieux l’an prochain, lorsque leurs petits défauts de jeunesse auront été définitivement réglés.
« Je pense qu’il faut améliorer les pilotes, précise Philippe de Korsak. Ils auront besoin de s’entraîner plus, pour mieux connaître la voiture et les réglages. Donc ça c’est juste du temps, du travail. On n’a pas eu le temps de faire ce travail cette année. Et puis continuer à fiabiliser l’auto dans son ensemble. Mais je pense que cette auto peut gagner le Trophée Andros. »
Le mot est lâché, gagner le Trophée Andros. 2005 aura donc été l’année du retour de Fiat France en sport auto, 2006 sera peut-être celle de la victoire.