Daniel Pottier, président du Lancia Club France, présente la très étonnante Lancia Flavia 1.8 Sport carrossée par Zagato. Une voiture exposée sur le stand du club à l’occasion de l’édition 2011 du salon Rétromobile.
« Le Lancia Club France, après la D25 en 2010, présente cette année au salon Rétromobile 2011, une voiture certes moins rare mais tout aussi exceptionnelle. Il s’agit d’une Flavia Sport 1.8 carrossée par Zagato, sur un dessin de Ercole Spada, qui s’illustrera ensuite avec notamment la Fulvia Sport, aussi appelée Fulvia Zagato.
Ce véhicule a été produit en 537 exemplaires au cours des années, en trois versions différentes. Une version Sport, une version 1.8 Sport et une version 1.8 Sport Iniezione.
Lancia avait pour habitude, depuis apparemment la Flaminia en tous cas, de proposer plusieurs carrosseries. Une carrosserie bourgeoise, la berline, une carrosserie Coupé d’usine et éventuellement un Coupé fabriqué par Pininfarina, ce qui fut le cas pour la Flavia, et enfin, comme pour la Flaminia, une voiture carrossée par Zagato. Ce n’était pas très compliqué pour Lancia de livrer des plateformes, qui ensuite étaient habillées. La voiture étant vendue sous la marque Lancia, il convenait néanmoins que le dessin soit approuvé par les instances dirigeantes. Ce qui apparemment n’a pas trop posé de problème. On a reconnu immédiatement le talent d’Ercole Spada.
Plateforme de Flavia, première traction avant italienne produite en série
Cette voiture est construite sur la base, la plateforme d’une Flavia, qui est une traction avant, la première traction italienne produite en sĂ©rie. ElaborĂ©e sur les idĂ©es du professeur Fessia. Elle se distingue dans ses soubassements par un groupe motopropulseur-boite de vitesses accouplĂ© Ă un faux chĂ¢ssis, indĂ©pendant de la structure. Ce qui fait que l’on peut dĂ©poser le bloc motopropulseur boite de vitesse-moteur indĂ©pendamment de la carrosserie.
Le moteur est un 4 cylindres à plat, placé à l’avant de l’axe, ce qui permet une très bonne tenue de route bien que la voiture soit relativement lourde puisque l’exemplaire présenté fait 1060 kg.
Un dessin audacieux
En ce qui concerne la Flavia Sport proprement dite, on remarquera un dessin assez audacieux. D’une part un pare-brise qui s’inspire en quelques sortes de l’Alfa Romeo GTZ. On remarquera aussi les vitres de custodes qui remontent sur le toit. Et enfin, la vitre arrière inversée qui s’ouvre pour une aération, ça c’est un gadget de Zagato.
La carrosserie est faite en Peraluman, c’est un alliage d’aluminium comprenant une part de magnésium relativement importante, de l’ordre de 5%.
C’est une voiture qui a marqué d’abord parce qu’elle est discutable, ensuite parce qu’elle présente des caractères modernes qui seront repris par ailleurs.
Esthétiquement choquante
EsthĂ©tiquement elle est choquante. Elle a une calandre qui revient sur le capot, ce qui ne se fait pas souvent. Elle est particulièrement basse. Elle a des optiques, une tombĂ©e d’aile avant que l’on retrouvera ensuite je pense sur la Jaguar XJS. Elle a ce pare-brise, qui n’était peut-Ăªtre pas très nouveau Ă l’époque, et ces chromes qui font vraiment une distinction entre l’habitacle et le reste.
L’idĂ©e d’Ercole Spada dans pas mal de ses voitures, c’était de montrer oĂ¹ Ă©tait le pouvoir et oĂ¹ Ă©tait la conduite. Il sĂ©parait ça dans son design. C’est peut-Ăªtre plus flagrant sur d’autres autos comme la Fulvia Sport.
Ici on a une voiture qui est un peu extrĂªme, construite par des carrossiers un peu extrĂªmes aussi. Il fallait quand mĂªme oser Ă l’époque aller prĂ©senter une voiture comme ça, et que Lancia ose la produire, la proposer.
La compétition
Du fait de sa construction mĂªme et de son dessin, on pouvait faire une voiture lĂ©gère. C’est assez dĂ©pouillĂ©. Et en compĂ©tition cette voiture a courue particulièrement avec RenĂ© Trautmann, qui a remportĂ© la Coupe des Alpes aux cĂ´tĂ©s de Claudine Bouchet en 1966.
Un champion de France des rallyes, Hugues Hazard, l’a conduite également, mais je ne crois pas qu’il ait été titré avec. Par ailleurs elle n’a pas un palmarès…, énorme si j’ose dire.
Il y a eu une version tout à fait étonnante, avec des protubérances sur le capot pour pouvoir loger un moteur particulièrement gonflé.
Il reste peu de ces voitures qui sont particulièrement sensibles aux outrages du temps, mais aujourd’hui elles valent dâ€™Ăªtre conservĂ©es. Elles ne cotent pas des prix extraordinaires pour la bonne et simple raison que les pièces Ă©tant totalement introuvables, il faut les refaire. Je parle bien des pièces de carrosserie et de vitrerie, car pour la mĂ©canique c’est sans problème. »
Les caractéristiques techniques
Caractéristiques | Flavia 1.8 Sport |
Moteur | Type 815500 4 cylindres horizontaux opposés 1800 cm3 (88 x 74) 100 ch à 5200 tr/mn 1 arbre à cames par culasse commandé par chaine 2 carburateurs Solex C35PII |
Suspension Avant | A roues indépendantes à parallélogramme déformable Ressort à lames transversal et barre stabilisatrice Amortisseurs oléopneumatiques double effet Toute la suspension avant est solidaire du faux chassis avant séparé |
Suspension Arrière | Essieu rigide tubulaire sur 2 ressorts à lames longitudinaux Amortisseurs oléopneumatiques double effet Barre de réaction et barre stabilisatrice |
Boite de vitesses | Ă 4 rapports |
Freins | A disque aux 4 roues, à commande hydraulique avec servo-frein à dépression Circuit indépendant AV et AR |
Direction | Boitier Ă vis globique |
Structure | Plateforme en tĂ´les d’acier avec faux chĂ¢ssis AV sĂ©parĂ© pour le groupe motopropulseur Carrosserie et ouvrants en Peraluman |
Poids | 1060 kg |
Vitesse maxi | 180 km/h |
Production | Flavia Sport (1962-64) : 101 exemplaires Flavia 1.8 Sport (1963-1967) : 537 exemplaires Flavia 1.8 Sport Iniezione (1966-1967) : 32 exemplaires |