Sogno di Cavallino, et le rêve devient réalité

Permettre à des personnes à mobilité réduite de vivre des sensations intenses comme celles de rouler en Ferrari, c’est ce que propose la jeune association Sogno di Cavallino.

Plus qu’une marque, Ferrari est un véritable mythe. Voiture de prestige et d’exception par excellence, les modèles du constructeur au cheval cabré sont volontairement produits en très petites séries. Difficile alors d’en voir dans la rue, et encore plus d’en prendre le volant. Avec des tarifs extravagants, seuls quelques privilégiés peuvent se les offrir.

Jean-Sébastien fait partie de ceux-là. Agé de 37 ans, ce parisien, passionné d’automobile, a craqué il y a quelques années pour une 550 Maranello. « C’est un rêve de môme. Le rêve à chaque fois que je la prend. Je ne vais pas m’en servir pendant trois semaines, je vais remonter dedans, je vais être très très heureux. Comme c’est une voiture exceptionnelle, que l’exception ce n’est pas tous les jours, et bien tous les jours c’est la RATP, c’est le bus qui m’emmène travailler. C’est peut-être une voiture que je n’aurais pas eu en province parce que j’aurais eu besoin d’une voiture pour tous les jours. Là j’ai le plaisir d’utiliser cette voiture pour des moments de plaisir. »

Un concept séduisant

Au volant de sa Ferrari, en direction d’Arras, c’est justement ce plaisir qu’il part faire partager aujourd’hui. Habitué des sorties entre propriétaires de voitures d’exception, c’est en cherchant des renseignements sur celles-ci qu’il tombe sur le site internet de l’association Sogno di Cavallino. Une association qui offre la possibilité aux personnes à mobilité réduite de réaliser des essais routiers en Ferrari. Un concept qui l’a immédiatement séduit.

« C’est partager un moment de plaisir avec des gens qui aiment la voiture, mais c’est vraiment partager quelque chose. C’est ce qui m’intéresse dans l’association. Et ça m’intéresse plus que de me retrouver dans un cercle de passionnés d’automobile. Même si j’aime beaucoup l’automobile et si je vais passer des journées sur les circuits. Là il y a un autre échange avec quelque chose qui me tient énormément à cœur. Et le handicap ça peut être moi demain, après-demain,… c’est quelque chose qui nous concerne tous. »

De l’importance du moral

A quelques minutes de son arrivée au siège de l’association, Jean-Sébastien ne sait absolument rien de la personne qu’il va emmener. Mais ce saut dans l’inconnu ne lui fait pas peur. Ses inquiétudes sont d’un tout autre ordre. « La seule appréhension que j’ai, c’est de savoir si la personne va pouvoir être bien installée, bien en profiter, que tout se passe bien. Et qu’elle soit heureuse de ce petit tour. J’espère qu’elle ne sera pas déçue parce que ma voiture n’est pas rouge… »

A son arrivée, Jean-Sébastien est accueilli par Patrice Darras, le président de l’association. Atteint d’une maladie génétique, il est contraint de se déplacer en fauteuil roulant électrique depuis l’âge de sept ans. C’est lui qui, en mars 2004, lance l’idée de Sogno di Cavallino. Il veut faire prendre conscience qu’être soigné physiquement n’est pas suffisant, le moral est tout aussi important. Et pour tous les passionnés d’automobile comme lui, le moral c’est entre autre ça, approcher et découvrir des voitures d’exception.

Etape la plus délicate, prendre place à bord

A ses côtés aujourd’hui, Stephen. A seize ans, c’est lui qui va avoir le privilège de rouler à bord de la Ferrari 550 Maranello. Mais pas question de prendre de risques inutiles, l’association ne laisse rien au hasard. Stephen doit d’abord passer quelques tests pour vérifier qu’il est apte à supporter les accélérations et les freinages du bolide.

Une fois les contraintes physiques cernées, il est temps de passer à l’étape la plus délicate, prendre place à bord. Porté par son père, Stephen est installé dans le siège baquet. Jean-Sébastien, toujours aussi inquiet du bon déroulement de l’essai, utilise tous les réglages disponibles pour que Stephen profite au maximum de la ballade. « Tu me dis, moi je règle comme tu veux, explique-t-il à Stephen. De toutes façons, si pendant le trajet tu me dis ‘je veux être plus haut, plus bas’, tu as vu, c’est super facile à modifier. »

Le plaisir, les accélérations et freinages

« Il y a six vitesses. Tu as vu, le moteur est devant. A l’arrière c’est le coffre. C’est 12 cylindres et la vitesse de pointe c’est 315 km/h. Ca fait beaucoup trop vite, on ne va pas y aller à cette vitesse là. Ne t’inquiète pas. Mais tu vas voir, le plaisir ce n’est pas de rouler très vite avec. C’est les accélérations, le freinage. Ca freine très très bien. Tu vas très bien ressentir la route avec le siège. Et j’espère que ça te laissera un bon souvenir. »

Malgré les efforts de Jean-Sébastien pour détendre l’atmosphère, le premier contact est plutôt réservé. Mais très vite, le plaisir prend le dessus et les premiers sourires viennent illuminer le visage de Stephen. Accélérations, freinages, sans exploiter au maximum son auto, Jean-Sébastien offre un aperçu des sensations qu’elle procure. « Et hop, le toboggan, s’exclame-t-il en passant une cuvette, t’as pas mal au cœur ? » Mais Stephen est bien accroché et reste stupéfait quand Jean-Sébastien lui annonce : « On est à 180 km/h, on s’en rend pas compte hein ? »

« J’aimerai bien recommencer ! »

Après plus d’une heure de ballade dans la région d’Arras, et la visite d’un garage spécialisé en voitures de sport, le pari semble gagné. A sa descente de voiture, Stephen explique sous les yeux interrogateurs et joyeux de Jean-Sébastien. « Ca c’est bien passé. On a fait un grand tour. C’était bien, ça allait assez vite. J’ai passé une bonne journée et je ne suis pas prêt de l’oublier. J’aimerai bien recommencer ! »

De son côté Jean-Sébastien résume. « Le handicap était présent sans être là. On a passé une journée ensemble et le handicap, on l’a vu différemment je crois, tous les deux. Et ça c’est très très important. » Tourné vers Stephen, il ajoute. « Merci d’être venu. Merci d’avoir eu cette démarche. Et j’ai envie de te dire à bientôt. » Fier de ces paroles, Stephen lâche un petit mais sincère, « ben moi aussi », sourire aux lèvres.

Destinés aux personnes à mobilité réduite, l’essai d’une heure sur route ne coûte que 40 euros, assurance comprise. Un tarif à l’image de l’opportunité, tout simplement rêvé. Et à l’occasion du Téléthon 2005, l’association offrira même 60 baptêmes pour des personnes valides, et 60 pour des personnes handicapées. Alors rendez-vous sans faute le 3 décembre 2005 à Tilloy-les-Mofflaines, près d’Arras.

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