Une Panda chahutée par les vagues, perdue au milieu du trafic maritime de la Manche et qui débarque sur une plage de Calais ? Ce n’est pas du cinéma, ni de la publicité, juste le rêve un peu fou d’un ingénieur italien.
Maurizio Zanisi se souviendra probablement longtemps de ce 21 juillet 2006. Cet ingénieur de l’ancien constructeur Iso Rivolta a transformé sa banale Panda 4×4 en véhicule amphibie. Equipée d’une ceinture gonflable et d’une nacelle à l’arrière, la Panda Terramare, pour Terre et Mer, est propulsée par un moteur Hydrojet.
Si Maurizio est en Angleterre aujourd’hui, c’est qu’il a tout simplement décidé de réaliser un rêve : traverser la manche au volant de sa voiture.
« Un rêve devient réalité »
Petite séance de gonflage dans le port de Folkestone, dans le Kent, et dernières vérifications de l’auto avant de prendre la mer. On constate au passage que les portes ont été condamnées à cause des bouées. On monte à bord de la Panda par le coffre. Pas gênant puisque le toit et le hayon ont carrément disparus.
« C’est un rêve qui devient réalité, se félicite l’ingénieur. Cela fait 10 ans que je construis des prototypes. Cette Panda est le quatrième prototype. Je pense que traverser la Manche est l’un des plus grands rêves de tout propriétaire de véhicule amphibie. C’est un véritable mythe. J’espère simplement qu’on fêtera sa réalisation ce soir parce que pour le moment nous avons quelques petits problèmes. Mais on va trouver la solution. »
C’est à 10h15, par une météo clémente, et sous les regards sceptiques des britanniques, que la Panda prend la mer.
Jusqu’à 50 km/h sur l’eau
La Panda Terramare n’en est pas à sa première expérience nautique puisque son concepteur milanais l’a déjà emmenée sur le lac de Côme et le lac Majeur. Il a également rallié Naples à Capri, soit 25 miles nautiques sur la Méditerranée. Mais la traversée de la Manche sera la plus longue et la plus agitée.
Pour y arriver, Maurizio Zanisi n’a quasiment gardé que le châssis de la Panda 4×4 d’origine. L’étanchéité de la voiture est évidemment totale. Le capot et la calandre sont protégés des vagues par une épaisse plaque de plastique.
La Panda Terramare est capable de se déplacer sur l’eau à 10 km/h dans sa configuration normale, comme ici. Mais l’astucieux ingénieur italien a poussé la réflexion encore plus loin. Une seconde configuration est prévue. La voiture se déplace alors sur coussin d’air et peut atteindre les 50 km/h.
Au milieu du trafic maritime, Maurizio restera en configuration normale. Au bout de six heures de traversée, les côtes françaises sont à portée de roues. L’ingénieur exulte et entonne l’hymne italien.
Une future commercialisation ?
L’aventure touche déjà à sa fin. La plage du Cap Gris Nez, à Calais, offre son sable à la Panda. L’équipage ne fera que quelques mètres au milieu des vacanciers, tout étonnés de voir arriver une voiture, qui plus est par la mer. Peu importe, Maurizio savoure son exploit. Il espère bien commercialiser sa Panda amphibie. Il cible les agences comme la Protection Civile ou les pompiers. Il a déjà une idée du prix de la Panda Terramare, 80 000 euros.
« C’était bien et émouvant, sourit Maurizio. Mais le plus dur a été le moment qui semblait le plus facile, l’arrivée. Il y avait beaucoup de courant qui nous ramenait en mer, il y avait des rochers, peu de fonds, et des baigneurs. Mais la Fiat Panda est unique ! »
A part l’arrivée, quel a été le moment le plus dur ?
« Nous avons eu des soucis techniques avec les ventilateurs. La température était vraiment élevée et nous avons essayés de ne pas provoquer de surchauffe du moteur toute la journée. La tension était forte : nous avons surveillé l’eau et la température en permanence. Mais malgré tout, nous l’avons fait ! »
Le temps de se dégourdir un peu les jambes, et le phénomène Maurizio est reparti pour l’Italie, toujours au volant de sa Panda.
