Le 8 mars est depuis 1977 la journée internationale des droits des femmes. A cette occasion Alfa Romeo et Maserati rendent aujourd’hui hommage aux femmes pilotes qui ont marquées leur histoire sportive respective.
Nous sommes en 1921, à Brescia, en Italie. Sur la troisième marche du podium, la baronne Maria Antonietta d’Avanzo. Pionnière du sport automobile italien, aviatrice et journaliste, elle vient au volant de son Alfa Romeo G1 de livrer bataille à des adversaires féroces, dont un certain Enzo Ferrari. Elle courut jusque dans les années 1940.
Comme elles, elles sont nombreuses les femmes pilotes à avoir marqué l’histoire de l’automobile. A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, plusieurs constructeurs automobiles ont choisis de leur rendre hommage en les mettant à l’honneur, c’est le cas notamment d’Alfa Romeo et Maserati.
Si Maserati n’en retient qu’une, Maria Teresa de Filippis, nous terminerons cet article avec elle, Alfa Romeo évoque pour sa part pas moins de 10 femmes pilotes.
Anna Maria Peduzzi, Hellé Nice et Odette Siko
Dans les années 30, trois femmes vont notamment s’illustrer. Parmi elles, Anna Maria Peduzzi. Née à Côme et épouse du pilote Franco Comotti, surnommé le « Marocain », elle fait ses débuts au volant de sa propre Alfa Romeo 6C 1500 Super Sport, achetée à Enzo Ferrari lui-même. S’il lui est arrivé de courir avec son mari, c’est majoritairement seule qu’elle a pris le départ de nombreuses courses. En 1934, elle remporte même la classe 1500 lors des Mille Miglia. Après guerre, elle continuera de courir au volant d’Alfa Romeo 1900 Sprint Giulietta.
Toujours dans les années 30, c’est une mannequin, acrobate et danseuse française, Mariette Hélène Delangle, qui participe à de nombreuses courses en Europe et en Amérique. Plus connue sous le nom de Hellé Nice, très extravertie, elle fréquentait les Rothschild et la famille Bugatti. Elle fut parmi les premiers pilotes à afficher les logos de ses sponsors sur sa voiture de course. En 1933 elle participe au Grand Prix d’Italie à Monza, au volant de sa propre Alfa Romeo 8C 2300 Monza. En 1936, elle remporte la Ladies Cup à Monaco avant de participer au Grand Prix de São Paulo au Brésil. Elle y est victime d’un accident et passera trois jours dans le coma, en sortant miraculée.
C’est une de ses amies, la jeune parisienne Odette Siko, qui vient clore cet hommage aux femmes pilotes d’Alfa Romeo dans les années 1930. En 1932, elle remporte la catégorie 2,0 litres des 24 Heures du Mans au volant de son Alfa Romeo 6C 1750 SS. Cette année là les 24 Heures du Mans étaient remportés par une autre Alfa Romeo, la 8C 2300 de Raymond Sommer.
Ada Pace «Sayonara» et Susanna «Susy» Raganelli, la Championne du Monde
Dans les années 50, c’est une pilote originaire de Turin, et qui court souvent sous le pseudonyme de Sayonara, qui s’illustre au volant d’Alfa Romeo. De son vrai nom Ada Pace, elle courre pendant dix ans et remporte 11 courses de vitesse nationales, 6 en Turismo et 5 en catégorie Sport. Ses plus gros succès, comme la victoire de la course Trieste-Opicina 1958, elle les signe au volant d’Alfa Romeo Giulietta SZ, mais aussi de Giulietta Sprint Veloce.
Attention, notre prochaine pilote, Susanna «Susy» Raganelli, originaire de Rome, est aussi la seule femme à avoir remporté un championnat du monde sur quatre roues ! En 1966, elle remporte en effet le championnat du monde de karting 100 cm3, battant Leif Engstrom et Ronnie Peterson. C’est au volant d’une Alfa Romeo GTA qu’elle terminera sa carrière sportive. Mais son lien avec Alfa Romeo va plus loin puisqu’elle est la première à acquérir la légendaire Alfa Romeo 33 Stradale de 1967. Un modèle mythique qui n’a été produit qu’à 12 exemplaires seulement !
Christine Beckers et Liane Engeman
Préparée à seulement dix unités pour le groupe 5, l’Alfa Romeo GTA-SA (suralimentée) était… bestiale. Son pilote d’essai historique d’Autodelta, Teodoro Zeccoli, disait d’ailleurs que la GTA-SA se caractérisait par «une arrivée soudaine et sans progressivité de la puissance, faisant de la SA un véhicule imprévisible, difficile à maîtriser dans les courbes ou lors des manœuvres de dépassement.” Pas de quoi inquiéter la pilote belge Christine Beckers. Après avoir gagné à Houyet en 1968 et obtenu d’excellents résultats l’année suivante, elle a su maîtriser à la perfection la GTA-SA lors des courses à Condroz, au «Tre Ponti», à Herbeumont et à Zandvoort.
A cette époque là, une autre pilote se distinguait également, l’hollandaise Liane Engeman, au volant de l’Alfa Romeo 1300 Junior. Elle sera même plus tard choisie comme modèle par Alfa Romeo.
Maria Grazia Lombardi et Anna Cambiaghi
Dans les années 1980, Maria Grazia Lombardi sera la deuxième italienne à participer à des courses de Formule 1, avec pas moins de 13 Grand Prix à son actif. Plus connue sous le nom de «Lella», elle participe ensuite de 1982 à 1984 au Championnat d’Europe du tourisme avec l’Alfa Romeo GTV6 2.5, aux côtés d’une autre italienne, Anna Cambiaghi, ainsi que de Giancarlo Naddeo, Giorgio Francia et Rinaldo Drovandi. Elle permettra à la marque de remporter plusieurs titres.
Tamara Vidali
La décennie suivante, dans les années 90, toujours en championnat de tourisme, on voit apparaitre une autre italienne avec une voiture entièrement jaune vif ! Tamara Vidali remporte en 1992 le championnat italien de tourisme (Groupe N) au volant d’une Alfa Romeo 33 1.7 Quadrifoglio Verde. Mais c’est en 1994 qu’elle couvre de jaune son Alfa Romeo 155 du Championnat d’Italie de Superturismo (CIS).
Tatiana Calderon
Plus récemment, c’est de nouveau en F1 qu’une autre pilote a porté les couleurs d’Alfa Romeo. Pilote de développement pour Sauber Formula One en 2017, Tatiana Calderon devient l’année suivante pilote d’essai F1 pour Alfa Romeo Racing. Et si elle n’a jamais piloté de F1 en course, elle a remporté un championnat national colombien dans la série pré-junior Easy Kart et est devenue en 2008 la première femme à remporter la classe JICA de la division Est du championnat Stars of Karting aux États-Unis.
Maria Teresa de Filippis
Du côté de Maserati, c’est également en F1 qu’il faut aller chercher une femme pilote. Née à Naples en 1926, Maria Teresa de Filippis est la première femme à se qualifier pour un Grand Prix de Formule 1, au volant d’une Maserati 250F. Elle participe en 1948 à sa première vraie course et remporte à seulement 22 ans les 10 kilomètres Salerno-Cava de Tirreni dans la classe 500cc de la catégorie des voitures de tourisme. Cette victoire déclenche en elle sa passion pour la course.
Après plusieurs victoires dans la catégorie 750cc, elle remporte plusieurs courses entre 1953 et 1954 avec une Osca 1100 cc, dont les 12 heures de Pescara, le Trullo d’Oro, le Catania-Etna, et les circuits de Caserte et de Syracuse.
En 1955 elle débarque à bord d’une Maserati 2000 A6GCS, “… une voiture puissante avec laquelle je sentais que je pouvais tout faire… et c’est ce que j’ai fait“, a-t-elle expliqué par la suite avant d’ajouter : “Pauvre voiture ! Tant d’accidents spectaculaires, mais aussi tant de victoires !” On citera parmi elles la victoire de la Catania-Etna en un temps record et invaincu pendant les trois années suivantes. Elle finira seconde du championnat de la classe 2000 cc de 1955.
Elle fait ses débuts en F1 en 1958, au volant d’une Maserati 250F privée, lors du Grand Prix de Syracuse avant de participer à son premier Grand Prix du championnat du monde de Formule 1 en Belgique. Elle restera à jamais la première femme à participer à une course de Formule 1.
Décédée en 2016 à 89 ans, Maria Teresa de Filippis avait repris le volant d’une Maserati quelques mois avant, sur la piste de Monza, pour réaliser une vidéo témoignage avec la marque au Trident. Maserati avait diffusé cette vidéo deux mois avant sa disparition. Une vidéo rediffusée aujourd’hui.