Pour sa seizième édition, le Tour Auto s’était mis aux couleurs italiennes. IL faut dire qu’il y a 50 ans, en 1957, les voitures italiennes remportaient tout cette année là.
Pour suivre le départ du Tour Auto Lissac 2007, il fallait se rendre cette année au Grand Palais, la mairie de Paris n’ayant pas autorisée les organisateurs à s’installer comme de coutume au Trocadéro.
Du coup, le bâtiment construit pour l’exposition universelle de 1900 a retrouvé ses activités d’antan. C’est en effet sous sa nef que se sont déroulés les salons de l’auto jusqu’en 1961. Un cadre prestigieux où autos comme participants se sont immédiatement sentis chez eux. Parmi eux, des concurrents venus pour gagner et d’autres, la grande majorité, pour s’amuser.
« On fait partie d’une équipe, explique Gérald Carillo. Nous sommes quatre voitures. Il y a deux Porsche, une Lotus Cortina et notre Alfa Romeo, une 1750 GTV. On se connaît bien, on fait du circuit habituellement ensemble. C’est bien de se retrouver et de prendre ce genre de plaisir. » Evidemment, lorsque l’on participe à plusieurs, ça rajoute inévitablement une compétition dans la compétition. « C’est pas impossible ! », lâche-t-il en rigolant.
Des voitures d’exception
Après une sortie de Paris difficile, pour cause de bouchons, voitures et concurrents retrouvent enfin des terrains plus propices pour s’exprimer : petites routes champêtres et circuits. Quatre seront empruntés cette année : Le Mans, le Vigeant, Albi et Charade. Complétés par sept épreuves routières, le Tour Auto aura parcouru 2 100 km en cinq jours. Parmi les 230 concurrents, de très belles autos, comme les deux Ferrari 250 GTO engagés par des équipages britanniques. Des voitures de légende construite à seulement 39 exemplaires entre 1962 et 1964. Des voitures qui ont tout remporté et qui sont de véritables légendes roulantes. C’est aujourd’hui la Ferrari la plus convoitée, et la plus chère. Son prix de vente moyen s’élève à plus de… 10 millions d’euros !
Dans un autre registre, nous avons aussi aimé la magnifique Lancia d’Henri Teisserenc.
« C’est une Flaminia carrossée par Zagato, annonce-t-il. Une des toutes premières. Elle est de 1959, châssis numéro 3. Je ne connais malheureusement pas son historique. Elle est dans les Landes depuis 1965 au plus haut que j’ai pu remonter. Je ne sais pas d’où elle venait. Elle était à l’abandon pendant vingt ans sous un arbre. Donc dans un état de décrépitude fortement avancé. Elle a subie une restauration étalée sur 13 ans en Italie.
J’adore les Zagato. J’en ai d’ailleurs quelques-unes. Mais avec celle-ci j’apprécie beaucoup son côté racing. C’est une voiture qui n’a pas de trace de fixation de pare-choc, donc qui a du être livrée d’origine comme ça. Elle a des galbes sur le toit extrêmement prononcés. Et puis c’est une auto performante avec une boite-pont, quatre freins à disque assistés, un très bon V6 pas très puissant mais homogène. C’est une voiture avec laquelle on peut aller vite et s’amuser. »
Des autos capricieuses
A la fin de la journée, certaines mécaniques, très sollicitées, demandent un peu d’attention. Et dans le parc fermé, allongé sur le capot de sa Flaminia, on retrouve Henri Teisserenc.
« C’est un V6 donc il y a trois cylindres de chaque côté et le collecteur a le joint qui s’est complètement dégradé. Ce qui fait que ça faisait un bruit épouvantable. Ce n’est pas méchant, on aurait pu continuer mais le mieux étant l’ennemi du bien, il vaut mieux bien réparer. »
Pour d’autres, les problèmes sont plus sérieux, comme pour Franco Meiners et son Alfa Romeo TZ. « On a des petits soucis d’amortisseurs arrières. On en a cassé un. La voiture est trop basse, le ressort tape un peu fort. Donc on est allé doucement dans la spéciale pour ne pas casser. On va voir pour la régler demain matin, ou ce soir. »
Enfin, il y a les chanceux, pour qui tout va bien… « Tous les Tour que j’ai fait jusqu’à maintenant, j’ai commencé au départ de la maison et je suis rentré avec l’auto, explique Philip Kantor au volant de son Alfa Romeo. Cette fois-ci j’ai une assistance mais pour l’instant il a nettoyé le pare-brise, c’est tout. Alors j’ai beaucoup de chance. »
Et quand tout va bien, le Tour Auto devient une véritable partie de plaisir. Gérald Carrillo, s’en félicite au bout de quelques jours. « Un beau parcours, une belle région, c’est vraiment beaucoup de plaisir. Cette Alfa Romeo 1750 GTV, c’est une voiture que je découvre. Elle est très joueuse, elle glisse beaucoup. On a fait une spéciale qui était très très sinueuse. La voiture glisse énormément. Ce sont des pneus façon origine, qui ont peu de grip et c’est très agréable. On a bien rigolé ! »
Ferrari 250 GT TdF, la dominatrice
Cette année, le Tour Auto rimait avec Italie. Trois modèles, tous italiens, étaient en effet à l’honneur. Le premier, la Ferrari 250 GT, surnommée Tour de France. Il faut dire qu’en 1957, il y a 50 ans, puis en 58 et 59, elles occuperont les trois plus hautes marches du podium.
« Cette voiture est une berlinette châssis long de 1957 et qui a participé au Tour de France cette année là, explique Philippe Lancksweert. C’est la sœur jumelle de celle d’Olivier Gendebien qui a gagné. Celle-ci était conduite par Phil Hill. Elle portait le numéro 172 et la gagnante le numéro 170. Malheureusement celle-ci a été accidentée donc elle n’a pas terminé.
Ce n’est pas ma première Tour de France mais c’était ma favorite. Elle appartenait à un ami qui l’avait depuis très longtemps et qui ne voulait pas la vendre. Un jour il a craqué pour mon grand bonheur. Je l’ai restauré et je l’ai remise aux teintes qu’elle avait lors du Tour de France 1957.
C’est une voiture en aluminium, qui ne pèse pas grand-chose. C’est des voitures de compétition. Celle-ci était d’ailleurs une voiture d’usine. Donc c’est très léger et heureusement parce que les freins sont des freins à tambour, donc ce n’est quand même pas très facile de l’arrêter. Mais c’est une voiture qui pour un mauvais pilote comme moi pardonne tout. Vous pouvez tout faire, il n’y jamais de problème. »
Il explique ensuite une petite particularité de sa 250 GT TdF, des petites ouvertures devant les portes. « Je vais l’ouvrir. Voilà. Ca c’est notre aération. C’est ce que l’on appelle notre air conditionné. Ca donne de l’air sur les pieds, c’est très agréable. Et c’est le seul modèle qui ai ça. »
L’Alfa Romeo Giulietta Ti, vivacité
En 1957 toujours, une autre italienne débute un règne sur le Tour de France, cette fois en catégorie Tourisme, l’Alfa Romeo Giulietta.
« C’est très amusant, c’est extrêmement vif, s’amuse Pierre Guerrier de Dumast. C’est beaucoup plus accrocheur qu’on ne pourrait le croire. C’est une voiture qui se couche beaucoup mais qui accroche très bien. C’est vraiment très agréable à conduire.
Ca fait deux ans et demi que je l’ai. Elle vient de Monaco. Elle n’est pas tout à fait ordinaire. Elle a un moteur qui a été préparé comme l’étaient les moteurs des Veloce à l’époque. C’est-à-dire qu’elle a deux double Weber, et elle a un très bel échappement 4 en 1. L’autre modification, c’est sa boîte 5, une modification conforme à l’époque dans la mesure où les Sprint spéciales et les SVZ étaient équipées en boite 5. La conversion moteur, ça doit lui donner un petit 90ch alors que si je me souviens bien la Ti normale devait faire 65 ch.
Je touche du bois en disant ça mais la voiture marche de mieux en mieux. En fait le moteur avait été refait pas très longtemps avant que je ne l’achète et donc on sent le moteur se débrider petit à petit.
Je pense que c’est une voiture avec laquelle il faut être très prudent quand elle est froide, comme pratiquement toutes les italiennes et les voitures en général d’ailleurs. Mais je n’ai pas l’impression qu’il y ai de défauts particuliers. »
Ferrari Dino 246 GT, une première
Enfin, la dernière star de cette édition est une autre Ferrari, la Dino 246 GT, autorisée à participer pour la première fois. Pascal Papazyan était déjà sur le Tour Auto l’an dernier mais avec la voiture de son copilote. Cette année, il voit les choses autrement. « Ca change, oui. Ca change parce que l’on ne va pas au bout de la voiture. Mais on se fait quand même bien plaisir. »
Sa voiture, c’est une Dino 246 GT… S. « GTS parce que toit découvrable, précise-t-il. C’est un 2.4 l, 6 cylindres en V, moteur central arrière, 195 ch, 1300 kg maximum. La voiture est fantastique. Ca va super bien en spéciale. En circuit aussi, bien équilibrée, légère, ça freine bien. Il y a toujours des freins, même en spéciale. Le moteur prend très bien des tours, dès que l’on a besoin on appuie, et hop ! »
A l’arrivée, à Evian, c’est vers le classement par indice de performance qu’il faut se tourner pour trouver la première de nos voitures vedettes, une Alfa Romeo Giulietta. Seconde, elle est devancée à ce même classement par une autre Alfa, la 1900 CS de Jean Sage et Caroline Knuckey.