Nouvelle entité, le Lancia Héritage expose cette année à Rétromobile trois magnifiques autos. Première d’entre elles, la Lancia Belna, version « française » de l’Augusta.
Toute nouvelle entité, le Lancia Héritage est plus une fédération de clubs qu’un club de marque à proprement parler. Sa volonté, jouer un rôle de relais entre la multitude de clubs Lancia cohabitant en France sans réellement se connaître. « A plusieurs on est plus forts » pourrait être sa devise. Comptant déjà une dizaine de clubs « membres », le Lancia Héritage permettra d’harmoniser les calendriers et surtout de mettre leurs moyens en commun pour participer à différents événements de façon plus confortable. Parmi les clubs déjà membres, citons la Scuderia Lancia, le Delta Integrale Passion, la Scuderia HF Nord-Est, le Registro Classique et la Scuderia Lancia Integrale. D’autres sont en liste d’attente ou en instance d’inscription, comme l’Autobianchi Club de France.
Lancia Belna, Lancia française
Première voiture exposée sur le stand Rétromobile 2006 du Lancia Héritage, une magnifique Belna de 1934. C’est Gérard Langlois, président du Lancia Héritage, qui nous la présente.
« Elle a une particularité, elle s’appelle Belna en France et elle s’appelle Augusta en Italie, explique-t-il. Elle a été construite par Lancia France au milieu des années trente dans une usine qui se trouve à côté de Paris, à Bonneuil-sur-Marne. Lancia avait décidé, pour des raisons fiscales manifestes, qu’il avait intérêt à construire des voitures en France. Il envoyait des pièces depuis l’Italie. Le reste était fabriqué sur place. Elle s’est appelée Belna, pour la différencier de son nom d’origine italienne. Il en a fabriqué quelques milliers, sous forme de berline. Elles avaient la caractéristique d’être équipées d’un moteur V4, ce qui était très rare. Un petit moteur très resserré. La seconde caractéristique était d’avoir une carrosserie autoporteuse. C’était l’une des toutes premières, avant même Citroën.
Traditionnellement, jusqu’aux années trente, une automobile était constituée d’un châssis, sur lequel était posé un moteur, recouvert d’une carrosserie en tôle qui tenait par une armature en bois. En bois de frêne, car le frêne n’absorbe pas l’eau, contrairement à d’autres. Mais ça manquait terriblement de rigidité, notamment sur les mauvaises routes de l’époque. Et bien sûr, ça affectait la tenue de route. La caisse autoporteuse, c’est un ensemble exclusivement métallique de parties qui sont soudées entre elles. Elles donnent une énorme rigidité à la caisse, et donc une meilleure tenue de route et aussi une meilleure résistance aux chocs si malheureusement il devait y en avoir.
Un palmarès sportif
Il y a aussi eu une toute petite série de châssis de cette Belna qui était envoyée chez des carrossiers à la demande du client. La voiture dans laquelle nous nous trouvons a été dessinée et fabriquée par Marcel Pourtout, qui était un des grands noms de la carrosserie française de l’époque. Au même titre que Figoni et Falaschi, que Chapron et d’autres. Pourtout a été l’initiateur de la ligne Eclipse avec le toit en acier qui rentrait dans le coffre arrière et qui était plus largement diffusé par Peugeot. Mais il en a aussi construit quelques unes sur des châssis Lancia.
La Belna a eu, malgré sa petite cylindrée, c’est une 1200 cm3, deux palmarès. Tout d’abord les 1000 Miglia, dans les années 35-36, où elle a gagné deux fois, devant trois de ses sœurs dans une version Coupé. Et puis, en Grande Bretagne, l’importateur de l’époque était l’ancêtre de Lord March, l’initiateur du fameux Goodwood Revival annuel. Son ancêtre était donc concessionnaire Lancia à Londres et il avait équipé certains cabriolets Augusta de compresseurs, ce qui lui a permis de se tailler quelques beaux succès dans les courses locales.
Son heureux propriétaire actuel, Georges Moulis, a bien voulu nous la prêter pour la durée du salon. C’est un jeune homme de 80 ans, qui roule régulièrement avec cette voiture. Il fait 5 à 7 000 kilomètres par an. Il n’hésite pas à passer les cols des Alpes, non sans brio d’ailleurs. Il l’a acheté il y a une trentaine d’années. Il en a assuré la complète restauration de A à Z. La voiture ayant été totalement démontée et reconstruite selon les spécificités d’origine de Lancia, y compris les couleurs de la carrosserie.
Il y a eu deux ou trois mille exemplaires de la berline et environ 150 à 200 châssis qui ont été livrés chez des carrossiers de l’époque. Certains ont aussi été livrés en Italie chez Pininfarina et autres grands noms comme ça.
Lancia Belna | Caractéristiques |
Type | 88F |
Construction | 4 cylindres en V à 18°15′ monobloc |
Distribution | Un arbre à cames en tête entraîné par chaîne |
Alésage et course | 69,85 x 78 mm |
Cylindrée | 1196 cc |
Taux de compression | 5,45 à 1 |
Puissance maximum | 35 ch à 4000 tr/mn |
Carburateur | Zenith 30VEH |
Alimentation | Par gravité |
Suspension avant | A roues indépendantes avec ressort hélicoïdal vertical et amortisseur hydraulique incorporé |
Suspension arrière | Essieu rigide, ressorts à lames semi-éliptiques |
Vitesse de pointe | 105 km/h |
Modèle | Années de production | Nombre d’exemplaires | N° de châssis |
Châssis F34 | 1934 – 1935 | 500 environ | 34-1001-.. |