Dimanche, Felipe Massa s’est imposé à Magny-cours devant son coéquipier Kimi Raïkkonen et l’italien Jarno Trulli. Un doublé Ferrari qui pourrait bien être le dernier en France.
Ce n’est pas nouveau, c’est même devenu récurrent au fil des ans, cette édition 2008 du Grand Prix de France est annoncée comme étant la dernière. Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1 perdant patience face aux manques d’accès et d’hébergement de la Nièvre. Pour lui, le grand prix de France doit se disputer à Paris s’il veut continuer d’exister.
Différents projets existent d’ailleurs en ce sens, le plus probable restant celui de Disneyland Paris. Les réseaux de transports et les capacités hôtelières sont à la hauteur. Restent les problèmes administratifs liés aux terrains nécessaires pour la mise en place du circuit. Du coup, le projet de Melun reste lui aussi en course. Et vendredi matin, la ville de Rouen se portait elle aussi candidate à l’organisation du grand prix de France, se targuant notamment de l’avoir déjà accueilli à plusieurs reprises en 1952, 1957, 1962, 1964 et 1968.
Ce qui est sûr, c’est que l’organisation du grand prix de France dans ces différents lieux ne pourra se faire au plus tôt qu’en 2010, dans le meilleur des cas. Que va-t-il se passer d’ici là ? La FFSA, organisatrice du grand prix, devra-t-elle abandonner ? Pas sûr, Bernie Ecclestone ayant déclaré hier sur TF1 : « Nous avons un contrat avec la Fédération française, donc s’ils peuvent soutenir financièrement le Grand Prix, nous on ne veut pas venir ici, mais on y sera contraint parce que nous avons un contrat. Regardez, partout ailleurs le paddock est noir de monde, ici il est vide. On nous avait pratiquement promis une autoroute à six voies qui serait partie de la Place de la Concorde pour arriver directement dans le paddock, dix hôtels cinq étoiles, 25 hôtels trois étoiles… Ils n’ont jamais vu le jour».
La revanche Ferrari
C’est dans ce contexte que les pilotes se sont élancés vendredi pour les séances d’essai libres. Après deux courses décevantes, et seulement 10 points engrangés, la Scuderia Ferrari voulait prendre sa revanche.
« L’équipe avait préparé la voiture, qui était capable d’être performante sur tous les circuits, mais cela n’a pas fonctionné correctement durant les dernières courses, expliquait Kimi Raïkkonen. Nous avons en particulier eu plusieurs problèmes lors des deux dernières courses. Je n’aime pas regarder derrière et penser à ce qu’il s’est passé à la dernière course. Je n’emporte pas les mauvaises choses avec moi, parce que ça peut juste me faire perdre du temps, car vous ne pouvez d’aucune manière changer les résultats. C’est mieux de se concentrer sur le grand prix qui arrive et d’essayer d’obtenir le meilleur résultat possible ».
Un meilleur résultat que les pilotes de la Scuderia ont tutoyé tout au long de la journée. Après plus de 500 km, Felipe Massa signait le meilleur temps du matin, le second de l’après-midi, alors que Kimi Raïkkonen prenait le quatrième du matin et le troisième de l’après-midi.
Samedi, les deux hommes concrétisaient lors de la séance qualificative en s’emparant des deux meilleurs temps. Raïkkonen signant la pole devant Massa. Un résultat qui permettait par la même occasion à Ferrari d’obtenir sa 200ème pole position !
« Il ne pouvait pas y avoir de meilleure façon de célébrer notre 200ème pole position qu’avec une première ligne entièrement rouge lors de ce grand prix de France, se félicitait Stefano Domenicali, le directeur de la gestion sportive de la Scuderia, avant d’ajouter : c’est très satisfaisant d’avoir décroché notre 200ème pole, mais il ne faut pas s’endormir sur nos lauriers. Ce sont les points du championnat qui comptent et ils ne seront obtenus qu’après la course. C’est vrai que ça nous donne le maximum de chance pour le départ, mais nous allons avoir à faire attention aux moindres détails si nous voulons rapporter le maximum de points à la maison. En plus, les prévisions météos pour demain sont très incertaines, avec une chance d’avoir de la pluie durant la course. »
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Doublé inversé pour Ferrari
La pluie était en effet attendue dimanche. Mais c’est en pneus secs que les pilotes s’élancent pour 70 tours de piste. Kimi et Felipe conservent respectivement leur première et seconde place. Derrière, Alonso se fait immédiatement passer par Trulli et Kubica. Mais l’espagnol repasse très rapidement le polonais.
Parti en milieu de peloton à cause d’une pénalité infligé suite à son accrochage du grand prix du Canda dans les stands avec Raïkkonen, Hamilton gagne quelques places au départ avant de se revoir infliger une pénalité pour avoir dépassé deux concurrents en court-circuitant une chicane.
Alonso est le premier des hommes de tête à ravitailler au tour 5. Il ressort en douzième position, juste devant Hamilton. Ce dernier le passe 4 tours plus tard avant de s’arrêter pour son premier ravitaillement. Les Ferrari s’arrêtent à leur tour, mais dominant la course de plusieurs longueurs, elles reprennent la piste sans modification de position.
Peu après la mi-course, Massa, qui était à quelques longueurs derrière son coéquipier, revient brusquement dans ses roues. Raïkkonen semble à la peine et Massa le passe à 32 tours de la fin. La sortie d’échappement droite du finlandais vient de rompre, faisant subir une perte de puissance à l’auto. Heureusement, grâce à l’avance accumulée depuis le départ, le finlandais conserve sa seconde place et ce, malgré un second ravitaillement !
Au passage de la ligne d’arrivée, Massa s’impose donc devant Raïkkonen et Trulli qui a bien résisté face aux assauts de la McLaren de Kovalainen ajoutés à la pluie dans les derniers tours. Alonso est 8ème, Hamilton dixième.
RaĂŻkkonen serein
« Nous étions partis avec l’espoir d’assurer le doublé, explique Stefano Domenicali, nous l’avons géré, malgré le problème de sortie d’échappement qui a mis la course de Kimi en danger vers le tour 35. Cela prouve que nous avons tout le potentiel pour bien faire, mais cela confirme aussi que nous ne pouvons pas ne pas être parfaits dans tous les détails, et plus particulièrement dans la fiabilité. Je suis vraiment désolé pour Kimi, qui a été vraiment bien aujourd’hui, et qui a fait un très bon travail pour amener la voiture à l’arrivée dans ces conditions. »
« La F2008 est définitivement une voiture très performante, rajoutait le malchanceux finlandais. Parce qu’habituellement, quand vous avez ce genre de problème, l’abandon est la plupart du temps inévitable. Il reste encore beaucoup de temps d’ici la fin du championnat et je suis dans une meilleure position que je ne l’étais l’an dernier à la même époque : attendons de voir ce que je pourrais faire dans la prochaine partie du championnat. »
La guerre pourrait donc éclater entre les deux pilotes Ferrari, Felipe Massa prenant pour la première fois de sa carrière la tête du championnat du monde de F1 devant Robert Kubica et Kimi Raïkkonen. Au classement constructeurs, Ferrari compte 17 points d’avance sur… BMW. McLaren n’est que troisième avec 33 points de retard !