Fiat 508 Balilla faux cabriolet, berline et cabriolet

par Vincent Royer

Sur le stand Fiat du salon Rétromobile, le Club Fiat de France nous propose cette année trois déclinaisons de la Fiat 508 Balilla, une Fiat française.

Pour parler de trois modèles spécifiquement français, nous avons fait appel à une véritable passionnée, membre du Club Fiat de France et propriétaire elle-même de différentes versions de la 508 Balilla, Clotilde Laval.

« La création de la Simca en France, c’est tout simplement parce que Fiat avait sorti cette petite voiture qui était la Balilla. Elle était censée être une voiture accessible à tous. Hors à l’époque, comme plus tard d’ailleurs, il y avait des droits de douane qui étaient extrêmement élevés lorsque l’on voulait importer en France une voiture fabriquée à l’étranger, donc typiquement en Italie. Et en fait, Henry Théodore Pigozzi, qui était alors importateur en France, a eu l’idée de commencer à fabriquer la voiture en France pour, entre autre, contourner les droits de douane. Et puis aussi, je suppose, pour pouvoir en vendre plus avec une image de voiture française.

Des Fiat de fabrication française
Il a donc récupéré la licence. Et il a commencé la fabrication. C’était sous le nom de la SAFAF. Il n’existait pas d’usine puisqu’il était seulement importateur à l’époque. La fabrication des voitures était répartie dans un certain nombre d’ateliers. La mécanique d’un côté, les carrosseries de l’autre. Ce qui fait d’ailleurs que dès le début les carrosseries se sont différenciées des modèles italiens. C’étaient des carrosseries typiquement françaises.

Comme la voiture s’est bien vendue, au fur et à mesure l’ampleur de la SAFAF a augmenté, jusqu’à ce qu’ils se trouvent contraint, à mon avis ils devaient être contents, d’être obligés d’acheter une usine. Ils ont rachetés les usines Donnet pour enfin disposer d’une surface de production du modèle. Ils ont aménagés au fur et à mesure ces usines. En parallèle ils ont sortis également la Simca 5, toujours suivant la même chose, récupération de toute la conception Fiat mais fabrication en France. Jusqu’en 37 où ces modèles ont été abandonnés au profit de la Simca 5 qui avait pris sa place et de la Simca 8.

Des carrosseries uniquement françaises

Les carrosseries sont relativement différentes des italiennes. Par exemple, nous avons ici derrière nous un cabriolet qui n’existait pas en Italie, au catalogue. Il existait ce qu’ils appelaient un Torpedo, qui était une voiture découvrable quatre places, mais il n’existait pas de cabriolet. Il en a existé mais fabriqués par des carrossiers indépendants sur base du châssis. Typiquement, le cabriolet est donc un modèle uniquement pour la France. Et le coupé que vous avez de l’autre côté, c’est le même principe. En Italie il n’y avait pas de coupé.

En fait il y a eu beaucoup moins de carrosseries, c’est d’ailleurs assez curieux, en Italie qu’en France. En Italie il n’y a eu seulement, je crois, 5 carrosseries constructeur pour 8 carrosseries constructeur en France. Ils ont donc vraiment cherché à offrir une très large gamme. Ca c’est pour les différences les plus importantes. Sinon après, au fur et à mesure, ils ont différenciés l’esthétique du modèle. Par exemple, ce que l’on appelle ici la queue de comète, c’est un dessin qui est uniquement réservé à la France. L’Italie n’a pas fait évoluer le modèle de cette façon.

Balilla Cabriolet de 1937

Les cabriolets en fait ont été créés a priori pour une clientèle qui cherchait une voiture assez peu chère mais un petit peu plus loisir. Par contre, ce qui est quand même très curieux, c’est qu’à l’époque il y avait le cabriolet et le roadster. Il faut savoir qu’à l’époque le roadster était au catalogue moins cher que la berline 4 places. Parce que, moins de travail. Entre autre ce qui était le plus difficile à l’époque, c’était de faire de grandes toleries. Parce que ce n’était pas encore maîtrisé, les énormes presses n’étaient pas encore maîtrisées. Un roadster en fait, faisait partie des voitures économiques. Le cabriolet un tout petit peu moins parce qu’il y avait plus de finitions. Typiquement, le cabriolet a des vitres latérales que n’avait pas de roadster. Le roadster était vraiment une voiture entrée de gamme mais qui convenait bien. Il faut voir aussi que c’est l’époque des congés payés, c’est l’époque des premiers départs en vacances. Je pense que c’était vu vraiment comme une voiture ludique et en même temps économique.

Malheureusement les documents sont assez imprécis sur le nombre d’exemplaires produits. La seule chose que l’on sait exactement c’est que sur l’ensemble des carrosseries, il y a eu 26 000 exemplaires produits de 1932 à 1937 en France. Malheureusement, nous n’avons pas les documents précis sur le nombre de cabriolets, le nombre de berlines… Ce n’est pas connu. Par contre, ce que nous remarquons dans le milieu de la collection, c’est qu’en fait les cabriolets ont été plus conservés. Parce qu’en fait nous arrivons à un nombre de cabriolets et de roadster qui est quasiement équivalent au nombre de berlines. Ces dernières, à la fin de la guerre, ont été usées et puis abandonnées. Alors que les cabriolets, qui avaient un petit côté sympatique, ont plus été conservés. Donc proportionnellement, maintenant on trouve plus de carrosseries découvrables.

Base mécanique similaire

La Balilla, toute la base mécanique est la même, quelque soit la carrosserie. Par contre il y a quand même une différence, mais qui était sur l’ensemble de la gamme. Lorsque le modèle a été créé en 1932, c’était une trois vitesses. Ensuite, pour des problèmes de performance, ils sont passés en boîte quatre vitesses. Ce qui est quand même pas mal parce qu’en 1935 c’était déjà une boîte quatre. Elle avait aussi d’autres innovations technologiques. Elle avait un freinage hydraulique, ce qui était bien pour l’époque. Elle était déjà en batterie 12 volts. Quand on voit que certaines voitures, jusque dans les années 50, étaient encore en 6 volts, là c’était déjà une 12 volts en avant-guerre. De ce côté-là, c’étaient des voitures qui étaient et qui sont encore relativement faciles à conduire. Avec la boîte de vitesses qui avait déjà les vitesses synchronisées sur 3 et 4… C’est vraiment une voiture qui est agréable.

Balilla Faux Cabriolet de 1935

Pourquoi est-ce qu’ils ont fait ça ? C’est toujours sur le problème de nombre de modèles produits. En fait, en 1932 est sorti un modèle qu’ils ont appelés le coupé, mais qui avait un dessin très différent de celui-ci, qui était beaucoup plus en arrière. Celui-ci a une ligne, une traîne qui descend beaucoup plus rapidement. L’autre coupé avait vraiment un arrière beaucoup plus carré. Au moment où ils ont dessinés ce modèle là, l’autre coupé était toujours en vente. Donc il a fallu trouver un deuxième nom commercial. Ils ont choisi « faux cabriolet ». Bon, effectivement, vu que l’arrière est très arrondi, bon, on peut dire que… en fait c’est vraiment seulement un problème de catalogue et de dénomination commerciale.

Des logos qui évoluent

Le faux cabriolet a encore un macaron Fiat sur la calandre parce qu’au moment où la SAFAF a fabriqué ces voitures, c’était des voitures qu’il a homologué en tant que voitures Fiat. A la création de la Simca, le service des mines lui a imposé de repasser les homologations de tous les modèles et de changer la dénomination commerciale. Les voitures sont donc devenues ce qui s’est appelé les Simca Fiat. Et au 1er juillet 1935, ce macaron disparaît totalement pour devenir le macaron suivant, que l’on retrouve ici sur la berline, et qui est un macaron avec un petit liseret marquant Simca à l’intérieur. Et c’est l’apparition de Simca. Ensuite, au fur et à mesure, Simca va abandonner l’association avec Fiat, au moins dans sa dénomination. Jamais dans les faits, mais dans la dénomination.

Ce deuxième logo est vraiment un logo intermédiaire. Il a duré 6 à 8 mois. Ils sont ensuite passés à un logo où l’on voyait beaucoup plus le mot Simca, qui commençait à être bien mis en avant par rapport au mot Fiat. C’est le cas ici du logo du cabriolet. »

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3 commentaires

miber 12 août 2010 - 15:08

Fiat 508 Balilla faux cabriolet, berline et cabriolet
Bonjour,

Je possède une FIAT Balilla coupé deux portes avec capote,de 1932 ou33?(je ne sais pas faire la différence),en parfait état,puisque refaite entièrement.La calandre est droite,et non pas comme on en voit en France avec une calandre légèrement arrondie et pointue vers le bas.
Où puis-je trouver une documentation autre que technique,pour pouvoir situer la période de fabrication(Française ou Italienne)
Merci de votre aide
M.M.

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Anonyme 21 octobre 2007 - 20:22

Fiat 508 Balilla faux cabriolet, berline et cabriolet
Aïe, l’autre jour, allant faire mes courses au supermarché, mes yeux sont tombés sur une gondole affichant les produits “Barilla”, et … ce n’était pas du tout des voitures.

Poussée par je ne sais quel démon publicitaire, le mot “Barilla” s’est ancré dans mon esprit, et tout naturellement, j’ai lu “Barilla” pour “Balilla”, dans votre article sur les Fiat anciennes, mot évidemment mieux connu d’une mère de famille, lambda, plus habituée à parcourir les rayons des grands magasins, que les salons de l’Automobile.

Que ceux qui n’ont jamais fait d’erreur, me pardonnent, et en particulier la maison- mère Fiat et également Clotilde Laval, la passionaria des Fiat 508 Balilla.

Mais, au fait, ne pourrait-on lui poser cette question” Pourquoi ce nom “Balilla”, accolé a celui des Fiat 508, faux-cabriolet, berline et cabriolet. Est-ce pour être plus facilement mémorisé, trois consonnes douces, trois voyelles sonores, ou plus simplement, ce mot a-t-il une signification précise qui qualifierai ce genre de “voiture-bijou”, ludique et économique.

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Anonyme 15 septembre 2007 - 19:25

Fiat 508 Balilla faux cabriolet, berline et cabriolet
Je suis un peu étonnée de retrouver Clotilde Laval, en passionnée de “Fiat Barilla”, mais ce n’est pas si extraordinaire, car il y a maintenant vingt ans qu’elle farfouillait gaiement dans les entrailles d’une petite Fiat 500, et ceci aidée de son complice, un peu inquiet tout de même, afin de substituer un ventilateur très neuf à un vieil autre malmené et poussif. Il est possible que cette vocation qui la porte à sauvegarder de vénérables Fiats en péril, tire son origine de cette première expérience, car l’opération fut parfaitement réussie et pour la Fiat, et pour les néophytes.

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