Fiat obtient le divorce… et son jackpot

par Vincent Royer

Quand l’avenir ne se passe pas comme on l’avait prévu, une alliance peut vite tourner au cauchemar. Mais pour Fiat et General Motors, après des mois de négociations, la conclusion n’est pas si mauvaise.

Tout commence en mars 2000. Alors que les alliances entre constructeurs vont bon train, comme Daimler-Benz et Chrysler ou bien encore Renault et Nissan, Fiat et General Motors annoncent le leur. GM obtient 20% du capital de Fiat Autos contre 5,1 % de son propre capital. Mais l’accord prévoit surtout la possibilité de vente par Fiat de la totalité de sa branche auto à GM, entre le 24 janvier 2004 et le 24 juillet 2009.

Commence alors une longue chute pour Fiat, qui annonce des pertes historiques. Le groupe procède en 2002 à une augmentation de capital de 1,02 milliards d’euros. Les années se suivent et se ressemblent. Les pertes continuent d’augmenter. Des plans de relance impliquent la suppression de 12 000 postes et un investissement de 20 milliards d’euros.

Une bataille juridique

En juillet 2003, après que Fiat ait vendu sa branche assurance (Fidis), et après une recapitalisation à laquelle GM n’a pas souscrit, le groupe américain juge l’option de vente nulle. Quelques mois plus tard, en décembre 2003, les deux groupes s’accordent pour geler l’option de vente durant un an.

A l’approche de l’expiration de cet accord, en décembre dernier, les deux groupes se donnent un mois pour trouver un accord sur cette option. Rencontres, conseils d’administration et rumeurs les plus folles ont alors lieu. Fiat, qui juge l’option de vente toujours valide, et qui sait que GM ne veut et ne peut l’honorer, souhaite l’annuler moyennant monnaie sonnante et trébuchante. Un moyen de reprendre son autonomie et surtout de réduire un endettement estimé à 8 milliards d’euros.

Mais le géant américain se crispe et les négociations sont stoppées. Quelques jours plus tard, au terme de leurs conseils d’administration respectifs, les deux groupes estiment avoir trouvé un terrain d’entente. Le 13 février 2005, ils annoncent que moyennant le versement à Fiat par GM de 1,55 milliard d’euros, l’alliance est terminée. Le master agreement prend fin, l’option de vente est annulée, les joint-ventures sont dissoutes, les 10% de Fiat Auto Holdings sont rendus au groupe italien.

Un accord de bon augure pour l’avenir

Mais si les deux principales joint-ventures n’existent plus, Fiat-GM Powertrain -moteurs et transmissions- et Purchasing -achats communs-, les deux groupes continueront à collaborer dans ces domaines. Ils détiendront chacun la moitié d’une usine commune en Pologne qui produira le petit moteur 1,3 diesel. Ils continueront également à partager des pièces de transmissions et à coopérer pour certains programmes. La nouvelle Croma dispose ainsi de la plate-forme GM utilisée sur les Opel Vectra et Saab 9.3. Quant à la Punto 3, qui sera présentée prochainement, elle devrait avoir 30 % de pièces communes avec la future Opel Corsa.

Le président de Fiat, Luca Cordero di Montezemolo, juge que cet accord « est de bon augure pour l’avenir ». Le communiqué de presse de Fiat explique même : « Nous avons retrouvé aujourd’hui la liberté pour mettre en œuvre une stratégie de croissance alternative pour l’avenir pour Fiat Auto tout en maintenant un rapport encore plus constructif ».

Un nouveau départ pour Fiat en quelque sorte. Mais un nouveau départ qui passera par de nouvelles alliances, avec PSA comme par le passé par exemple, pour rester compétitif.

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