Après le désastre de 2005, le grand prix des Etats-Unis 2006 a repris des couleurs. Le rouge, bien sûr.
« A mon avis, je pense que nous serons compétitifs -à Indianapolis ndlr- même si je ne peux pas être sûr que nous serons mieux que nos adversaires, déclarait Michael Schumacher après le grand prix du Canada. Cette course va se dérouler sur un circuit sur lequel aucune écurie n’a réalisée de tests, ce qui veut dire que les choses peuvent se passer autrement que nous l’attendons. Ce n’est pas très facile, mais nous avons toujours bien réussi ici. »
Des pneus primordiaux
Il est vrai que Michael Schumacher s’est imposé quatre fois à Indianapolis et est monté deux fois sur la seconde marche du podium. Et pour Ferrari, les bons résultats sont ici encore plus important qu’ailleurs, les Etats-Unis représentant le premier marché du constructeur. La Scuderia essaiera donc de faire oublier sa victoire de l’an dernier. Victoire certes, mais une victoire au goût amer. Rappelez-vous, par mesure de sécurité, Michelin avait conseillé aux écuries équipées de ses pneus de ne pas prendre le départ. Les deux Ferrari de Michael Schumacher et Rubens Barrichello s’étaient donc imposées, mais devant seulement quatre autres monoplaces et en absence de leurs concurrents directs, tous chaussés de Michelin. Pour faire oublier la « mascarade », comme tout le monde l’avait surnommée, le manufacturier a remboursé l’ensemble des spectateurs 2005 et offert 20 000 billets supplémentaires. Une opération coûteuse portant sur 120 000 billets au total. Heureusement, Michelin avait emmené de bons pneus cette année.
De bons pneus, oui, mais encore inférieurs aux Bridgestone de Ferrari. Il faut dire qu’Indianapolis est un des circuits d’essais du manufacturier. Si les pneus sont si importants ici, c’est qu’ils subissent une pression inexistante sur l’ensemble des autres circuits de la saison. La pression du virage relevé de l’anneau d’Indianapolis. Pour optimiser ses chances, la Scuderia a même préférée ne pas rouler le vendredi matin lors de la première séance d’essais libres. Seul Schumacher a effectué trois petits tours sur une piste sâle, alors que Massa est gentiment resté aux stands.
Première ligne toute rouge
L’après-midi s’est par contre déroulé sans soucis, ou presque, pour Ferrari et Schumacher. « Je suis heureux de ce que l’on a vu sur la piste aujourd’hui, se félicitait l’allemand. La situation semble très bonne, ce qui signifie que nous pouvons aborder le reste du week-end avec confiance. Laissez-moi vous dire que j’ai eu plus de mal à essayer de voir les quarts de finale de la Coupe du Monde de Foot à la télévision que j’en ai eu dans le cockpit de ma Ferrari. Quand je suis sorti de piste ce matin, peut-être que je pensais un peu trop à la pelouse du match de foot. Je suis très heureux que l’Allemagne est battue l’Argentine. C’est un très bon résultat. Maintenant j’espère que l’Italie va aussi gagner, et nous pourrons être concentrés sur notre objectif qui est de gagner la course dimanche. »
Le lendemain, le pilote allemand obtient sa troisième pole position de la saison, devant son coéquipier Felipe Massa et loin devant ses poursuivants. « C’était une qualification de rêve, jubilait Jean Todt. Pour la seconde fois de la saison, nous avons une première ligne toute rouge et nous sommes particulièrement heureux de l’avoir obtenu ici pour différentes raisons : pour le grand nombre de fans américains qui nous ont réservés un accueil chaleureux, pour l’équipe qui a bien travaillée, pour nos partenaires techniques et commerciaux, et particulièrement Bridgestone, et pour moi personnellement. Aujourd’hui je fête la fin de ma treizième année à la tête de la Scuderia. »
Massa devant Schumacher
Dimanche, une surprise attendait les spectateurs présents. C’est bien une Ferrari qui prenait le meilleur départ, mais pas celle du champion du monde. Celle de Felipe Massa, son jeune coéquipier ! Derrière, Schumacher est immédiatement inquiété par la Renault d’Alonso qui vient se mettre à sa hauteur dans le premier virage. Mais l’allemand résiste. En fond de peloton, les choses se passent moins bien. Deux accrochages impliquent neuf voitures. Sept resteront sur place. Parmi eux, les deux McLaren de Montoya et Raïkkonen, mais aussi l’américain Speed, Webber, Klien, Montagny et Heidfeld qui fera plusieurs tonneaux sans gravité.
Le safety car est alors en piste pendant cinq tours. Lorsqu’il s’efface, Massa repart en tête devant Schumacher, Alonso et Fisichella. Mais très vite les Ferrari creusent l’écart sur les deux Renault. Alonso semble à la peine et son coéquipier vient le menacer. Fisichella fini par passer au tour 14. Il commence alors une bataille à distance avec les deux Ferrari, chaque pilote battant le record du tour à tour de rôle.
Derrière, Barrichello et Villeneuve reviennent sur Alonso, en proie à des problèmes d’adhérence et de sous-virage. Au tour 45, Michael Schumacher rentre aux stands, imité par Fisichella qui ravitaillera une seconde plus vite que l’allemand (7.2s). Mais Schumacher reste devant. Il parvient même à passer Massa lorsqu’au tour suivant celui-ci marque son arrêt, pourtant plus rapide (7.5s).
Un second relais calme
Alonso se retrouve alors en tête durant un tour, avant qu’il ne marque son propre arrêt ravitaillement. On retrouve aux cinq premières places Schumacher, Massa, Trulli, Fisichella et Alonso.
Le second relais sera relativement calme et c’est Massa qui rentre le premier aux stands pour son second arrêt au tour 52. Il ressort au bout de 6,6s, derrière Fisichella et juste devant Alonso. Fisichella et M. Schumacher s’arrêtent au tour suivant, respectivement en 5.9s et 6.5s. Alonso les imite deux tours plus tard. On retrouve alors en tête de la course M. Schumacher, suivi de Massa, Fisichella, Trulli, Ralf Schumacher, Alonso, Barrichello et Coultard. Malheureusement pour Ralf, il doit abandonner à 10 tours de la fin. Alonso récupère alors la cinquième place.
Explosion de joie
Au passage du drapeau à damier, c’est l’explosion de joie au sein de la Scuderia. Michael Schumacher monte debout sur le nez de sa monoplace. Massa tombe dans les bras de Jean Todt. L’équipe est en liesse. La Scuderia comble un peu de son retard sur Renault au championnat, se rapprochant à 26 points. « Nous avons rêvés d’un résultat comme celui-là depuis longtemps, et finalement il se réalise, commentait Jean Todt. C’est la meilleure façon possible de débuter la seconde moitié de la saison et ce doublé est un encouragement pour aborder les huit courses restantes de la meilleure façon possible. »
« Je suis très heureux, confirme Michael Schumacher. J’ai repris six points qui sont importants pour le championnat pilotes et nous voulons continuer à remonter, en nous battant, en faisant le maximum, et nous allons essayer de gagner à chaque fois ! » Et la prochaine, ce sera le week-end du 14 juillet, en France.
Une course un peu particulière puisque le grand prix de France fêtera son centenaire. Et pour fêter l’événement, Ross Brawn a indiqué que les Ferrari recevraient une nouvelle évolution à Magny-Cours. A suivre.