L’Autobianchi Club de France rentre dans la cour des grands

par Vincent Royer

Après une année 2005 marquée par la disparition d’André Chardonnet, importateur Autobianchi en France, et au début de 2006, année qui fête les 35 ans de l’A112 Abarth, l’Autobianchi Club de France a choisi de leur rendre hommage en participant pour la première fois de son existence au salon Rétromobile.

En 2006, l’Autobianchi Club de France fêtera ses cinq années d’existence. Année particulière donc, qui voit aussi la première participation du Club au salon Rétromobile, porte de Versailles. Rencontre avec Vincent de Fresquet, son toujours souriant président, véritable passionné qui a poussé le souci du détail jusqu’à mettre en scène son stand à l’image de ceux réalisés à l’époque par André Chardonnet lui-même.

Vincent de Fresquet, pourquoi participer à Rétromobile cette année ?
Tout simplement parce que l’on a une charmante adhérente qui s’appelle Ofélia Léveillé au club et qui nous a foutu un grand coup de pied dans le derrière.

Ofélia Léveillé a été pendant 35 ans la plus proche collaboratrice d’André Chardonnet, après avoir passé 6 ans chez Ferrari. C’est donc un parcours assez atypique. Elle était notamment également la responsable communication du groupe, du réseau Chardonnet. C’est elle qui gérait tous les contacts presse, publicitaires. C’est elle qui mettait en place toutes les campagnes de promotion de tous les véhicules du réseau puisqu’il n’y avait pas que Lancia et Autobianchi.

Au départ c’est vraiment ça l’explication de la présence du club sur Rétromobile. Ofélia voulait absolument qu’il y ait un hommage qui soit fait à Chardonnet. Elle voulait absolument que l’on parle des Autobianchi. Donc elle a dit qu’il n’y avait pas d’autres solutions que de faire Rétromobile. On a suivi ses conseils. Elle nous a du reste énormément aidés tant par sa présence que d’un point de vue matériel, sinon on n’aurait jamais pu le faire. Ca a vraiment motivé la présence du club sur Rétromobile.

Quelle voiture avez-vous choisi d’exposer ?
Sur le stand, la voiture exposée était une A112 Abarth 58 HP de 1973 appartenant à Didier Fortin. C’est en fait une voiture préparée, puisqu’au lieu de faire les 58 cv d’origine, elle en fait 85. Ca peut paraître incongru mais Didier Fortin est propriétaire de la société DFA qui est un spécialiste des pièces de Fiat 500 et A112, et est partenaire financier du club. C’était donc une forme de remerciement du club que d’exposer sa voiture. Par ailleurs c’est une des seules A112 58 hp première série connue. Il y en a peut-être d’autres mais c’est la seule connue.

En dehors de la préparation mécanique, elle est strictement d’origine en carrosserie. C’était donc un bon moyen pour le public de découvrir une A112 Abarth première série.

Techniquement, quelles sont ses caractéristiques ?
La base de la voiture, c’est la 58 hp de première série avec le 983 cm3 qui avait la préparation d’origine Abarth. Derrière il y a eu une préparation de culasse, boîte et transmission, qui fait qu’il est arrivé à la puissance de la voiture actuellement.

En quelques mots, quelle est l’histoire de l’A112 ?
Lancement du projet X1-2 chez Autobianchi en 1966. Première présentation au salon de Turin en 1969, en version de base. De 1969 à 1971, il n’y aura que l’A112 normale, avec le 903 cm3. Dès 1969, il y a un projet de collaboration entre Autobianchi et Abarth puisqu’au même salon de Turin, sur le stand Abarth, était présenté un prototype A112 avec un moteur délivrant 105 cv. Ce qui est assez amusant de voir, c’est la différence entre le premier prototype et la première version de série : on passe de 105 à 58 cv !

Par contre c’est la première petite voiture de série qui existait avec un moteur préparé d’origine. C’est ça la grande caractéristique de l’A112 Abarth. En fait, c’était une voiture de course de série. Il y avait notamment un embrayage particulier, un traitement des bielles particulier, le radiateur d’huile… choses qui ne s’étaient encore jamais vues sur une petite voiture de série.

Elle a été produite de 1969 à 1986 pour l’ensemble de la gamme A112. Sachant que l’Abarth a été produite de 1971 à 1985 pour la toute dernière, juillet 1985. La version Junior, version de base, a continué encore pendant un an. Entre temps, l’Y10 était sortie en 1983.

Il faut savoir qu’en juillet 1986, quand Fiat a décidé d’arrêter la production d’A112, le père Chardonnet a été pleurer à Turin en disant, « livrez-moi 5 000 A112. Faites-moi fabriquer 5 000 A112, je les vendrais en un ou deux ans, ce n’est pas grave ». Et Fiat a refusé de lui faire ça. En fait, sur les deux marchés où elle était encore très en vogue, l’Italie et la France, la production de l’A112 coûtait 40% plus cher que celle de l’Y10. Donc évidemment, pour des raisons de rentabilité financière, ils ont arrêté l’A112.

L’A112 exposée a-t-elle un palmarès ?
Non. Elle est de 1973 donc c’est une des toutes dernières de la première série. Il y a encore pare-choc chrome et calandre toute métallique. Par contre l’auto n’a pas de palmarès. Elle a été préparée par Didier dans un objectif de plaisir et de montrer le développement que l’on peut apporter à la voiture. Au départ c’était une voiture de série qui n’a pas courue. Elle a été restaurée il y a une dizaine d’années avec une volonté d’esprit compétition parce que Didier voulait en faire un peu mais ce n’est pas une auto historique de compétition. C’est une voiture qu’il a acheté en première main. Il en est donc le second propriétaire.

Votre stand a été honoré d’une présence très particulière les premiers jours…
On va même dire deux personnes très particulières. Ofélia Léveillé était là et sur les trois premiers jours, on a eu la chance d’avoir Anneliese Abarth sur notre stand. Elle a même participé à la vie du stand durant ces trois premiers jours. Il y a eu beaucoup de gens qui sont venus et qui l’ont rencontrée. C’est vrai qu’elle a été extrêmement ouverte aux uns et aux autres. Elle nous a raconté pas mal d’anecdotes sur sa vie avec Monsieur Abarth.

Le constat que l’on a fait, c’est de se dire que c’était quand même une époque où il y avait encore des visionnaires qui pouvaient investir, réussir dans le monde de l’automobile. Ce qui aujourd’hui semble totalement impossible.

Leurs parcours respectifs, à André Chardonnet et Carlo Abarth, chacun dans leur domaine, l’un dans la vente de voitures, l’autre dans la préparation presque industrielle des automobiles, ne seraient même plus envisageables aujourd’hui.

Qu’attendiez-vous de cette présence à Rétromobile ?
Sincèrement, je me doutais bien que se serait un moyen de faire connaître le club, de lui apporter une certaine reconnaissance. J’en attendais pas quelque chose de particulier. Le but aussi, c’était de permettre aux gens de revoir une A112 sur un salon de voitures anciennes. Mais ce qui nous a vraiment sidérés, c’est la côte d’amour de cette voiture. Et surtout, on s’est presque demandé qui n’avait pas eu une A112, qu’elle soit Abarth ou non, dans sa vie. C’est ça qui nous a le plus frappé. On a presque eu l’impression que tout le monde a eu au moins une fois dans sa vie une A112 entre les mains. Pour les gens d’une certaine génération, évidemment. Mais c’est ça le plus frappant.

On a des gens qui sont venus simplement pour dire « ah, ça c’était vraiment une super voiture ! ». Ils n’avaient pas d’autre envie particulière mais simplement le plaisir de dire, « je me suis fais plaisir avec cette auto, c’était une voiture géniale, sympa, agréable à conduire, qui tenait la route, confortable, qui avait la pêche… » C’est quelque chose qui nous a vraiment particulièrement frappé, de voir à quel point c’est une voiture qui a marqué une génération.

Plus curieusement, et je pense que c’est là la qualité de Rétromobile, on a eu des passionnés de Primula ! Alors que c’est une voiture méconnue, on a eu des gens qui connaissaient bien l’auto et qui même en recherchaient. Encore plus surprenant, on a eu une personne qui est venue en disant, « je recherche une A111 ». Là franchement, on tombe dans le rare ! Ce qui est d’autant plus amusant, c’est que, je ne connais pas son nom, mais c’est l’ancien président du club des amateurs des anciennes Renault. Ca nous a fait quand même assez rire que se soit a priori un passionné de Renault mais qui apparemment à l’époque a eu une A111 qui l’a marqué. Et aujourd’hui il se met à la quête d’une A111. Comme quoi c’est quelqu’un de bien et de pas sectaire !

Quel bilan tirez-vous de ces 10 jours ?
Il est plus que positif. D’abord on est content d’intégrer le Lancia Héritage au niveau du club. On a été agréablement surpris de voir que cette fédération de clubs reconnaissait Chardonnet. Il y a vraiment des contacts importants qui ont été noués et des rendez-vous de prévus pour mettre en place dans le cadre du centenaire Lancia au moins un hommage à Chardonnet. C’est évident, il y aura quelque chose. Pour nous c’est vrai que c’est quelque chose qui a été important.

C’est aussi une reconnaissance de la marque. Parce que s’il y a de petites Lancia aujourd’hui, c’est parce qu’il y a eu les petites Autobianchi. Et puis c’est aussi une reconnaissance pour le club. Reconnaissance que l’on a réellement appréciée.

Deuxième chose positive, on est en train de rejoindre la FFVE (Fédération Française des Véhicules d’Epoque). C’est là aussi une sorte de reconnaissance. On est un peu tombé sur les fesses lorsqu’un propriétaire de Bristol est venu nous voir, envoyé par la FFVE, pour savoir si son véhicule avait été importé en France. En plus on n’a aucune certitude de pouvoir l’aider parce si le véhicule a pu être importé par Chardonnet, malheureusement ses archives, Ofélia Léveillé ne les a pas toutes. On n’est donc pas sûrs de pouvoir aider cette personne.

Indépendamment de tout ça, je pense que l’on va enregistrer 20 ou 25 adhésions, plus les demandes de recherche de voitures, principalement d’A112 Abarth. Ca par contre ça sera beaucoup plus difficile parce qu’aujourd’hui la voiture se fait quand même de plus en plus rare, en tous cas en bon état. Donc malheureusement, on le sait, on ne pourra pas satisfaire tout le monde. C’est dommage.

2007, un second Rétromobile ?
A priori, il y a plus que toutes les chances qu’on y soit. Doublement, parce que Ofélia, je pense, y tient et continuera à nous soutenir d’un point de vue matériel. Et en plus, le Lancia Héritage nous a proposé d’intégrer leur stand mais de façon à ce qu’il y ait bien une distinction entre Lancia et Autobianchi. Il y a donc tous les éléments qui devraient permettre que le club soit là l’année prochaine.

Concernant le futur proche, quels sont les événements du club dans les semaines, les mois à venir ?
Rétromobile a pas mal chamboulé les choses mais au mois de mai on sera à Locomotion en fête à la Ferté-Alais, ça c’est sûr. Fin juin-début juillet, on organise une sortie circuit sur le circuit de Marcoussis. Normalement, après, entre septembre et octobre, on fera notre assemblée générale, certainement du côté de Senlis et une sortie dans le Berry. Mais on n’a pas encore de dates prédéfinies.

Vous retrouverez ces dates sur le site du Club ou dans notre agenda.

Caractéristiques Techniques A112 ABARTH 58HP
Moteur 4 cylindres en ligne à refroidissement par eau
Cylindrée 983 cm3 – 58 cv à 6600 trs/min
Couple 7,5 mkg à 3800 trs/min
Alimentation Carburateur Weber à double corps 32 DMTR
Transmission Traction avant, embrayage mono-disque à sec, boite 4 vitesse synchronisées
Carrosserie Coque autoporteuse
Suspensions AV à roues indépendantes, bras oscillants inférieurs, barre stabilisatrice
Suspensions AR à roues indépendantes, bras oscillants inférieurs.
Direction à crémaillère
Freins à disques à l’avant avec étrier flottant ; à tambour à l’arrière
Poids à vide 660 kg
Vitesse maxi 150 km/h
DSC_9361-2.jpgDSC_9363-2.jpgDSC_9365-2.jpgDSC_9372-2.jpg

1 commentaire

ATAC 19 février 2010 - 17:59

L’Autobianchi Club de France rentre dans la cour des grands
MOI AUSSI J AI UN A112 ABARTH 58 HP DE 1973 SERIE 1

Répondre

Laisser un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et le traitement de vos données par ce site.

A lire également

Optimized by Optimole
Toute l'actualité

Abonnez-vous gratuitement !

Chaque vendredi, toute l’actualité de l’automobile italienne par mail !