XIème rallye de la mer, un rallye d’exception

par Vincent Royer

Des participants venus de France et d’étranger, des voitures que l’on ne voit jamais, une bonne ambiance, du public, un accueil chaleureux… Découverte du Rallye de la Mer.

Il fait encore nuit en ce 22 septembre lorsque les premiers concurrents du XIème rallye de la mer arrivent à Saint Jean de Luz. Très vite, le front de mer prend des airs de musée de l’automobile vivant. Une soixantaine de véhicules d’exception ont répondus à l’invitation du Club Basque des Véhicules Anciens, et ce, malgré la météo plutôt capricieuse. Très vite, les concurrents sont confrontés au 1er impératif du jour, la mise en place de la plaque du rallye.

Un rallye au plateau exceptionnel

Le jour se lève à peine lorsque les premiers concurrents s’élancent à l’assaut des cols pyrénéens. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas forcément les voitures les plus anciennes les plus capricieuses. Pour preuve cet équipage belge, en instance de perdre son pot d’échappement : « Nous avons fait 4000 km sans problème et là, au bout de 20 km, on perd notre pot d’échappement, explique en rigolant le pilote, un ancien mécanicien. Nous venons d’Anvers mais nous avons fait un petit périple en Italie avant de venir ici. »

Le rallye de la mer est en effet de renommée internationale. On vient bien sûr de France, mais aussi de Belgique, d’Angleterre ou d’Espagne. Bien que moins connu que d’autres événements, le rallye de la mer réuni un plateau assez exceptionnel de voitures produites avant 1970.

Parmi les plus anciennes, une magnifique Renault de 1908. Toujours partie dans les premières, elle sera toujours dans les dernières à l’arrivée. Mais elle passera tous les cols et effectuera tout le trajet sans encombre. Il s’agit sans aucun doute de l’une des voitures les plus remarquées et les plus applaudies du rallye, avec la non moins exceptionnelle Hispano Suiza de 1928.

Des italiennes bien présentes

Et les italiennes me demanderez-vous ? Et bien contrairement aux autres rallyes, ici pas une seule Ferrari. Les voitures italiennes sont malgré tout bien représentées avec toute une horde de petites Alfa Romeo. Parmi elles, la plus âgée est une Alfa 6C qui nous fait remonter aux années 30. Petit détail qui fait toute la différence, rendant la voiture encore plus vivante, la bouteille de rouge qui dépasse légèrement de la besace installée sur la roue de secours.

Quant à l’italienne la plus récente, il s’agit d’une Lamborghini Countach blanche qui n’aurait même pas dû participer car produite après 1970. Oui mais voilà, cette voiture est tellement rare sur nos routes qu’elle a exceptionnellement été acceptée.

« J’ai travaillé énormément dessus pour la remettre dans cet état, depuis 4 ans, explique Lucien Labourdette, son heureux propriétaire. Les phares, les clignotants, les veilleuses, le chauffage, la clim… le faisceau électrique italien n’est pas au top.

A conduire, l’embrayage est très très dur. C’est un petit camion, un petit fourgon. En freinage, ça manque un peu. Les vitesses c’est comme sur une voiture classique, il y a juste des guides sur le levier de vitesses. Elle fait 375 ch, 23 ch fiscaux, 315 km/h, mais ça je n’y suis jamais monté. Le maximum que j’ai atteint c’est 260 km/h sur l’autodrome de Nogaro. Niveau consommation, c’est pas mal, entre 20 et 50 litres. Ca dépend comment on l’amène. Aujourd’hui c’est 40-50 litres. Là j’ai utilisé la moitié du réservoir et j’ai fait exactement 200 km. J’ai consommé 80 litres.

J’ai fait 21 000 km depuis que je l’ai. Je n’ai jamais eu de pépin avec. C’est une voiture qui est très fiable, j’en suis très content. Il n’y a pas d’entretien de moteur, ou très peu. Il n’y a pas de distribution parce que là c’est à chaine. Il y a juste l’entretien classique de temps en temps pour la chaine contrairement aux Ferrari où il faut changer les courroies de distribution qui coûtent une fortune pour des fois s’en servir 5 ou même 3 km par an. Là au moins on peut s’en servir le nombre de kilomètres que l’on veut, il n’y a pas d’entretien à y faire. Sauf les vidanges classiques que je fais moi-même. »

Alfa Romeo en majorité

Autre italienne, autre époque avec une Giulietta Spider de 1959. Une auto plutôt, tolérante. « J’ai fait le tour de Bretagne sur trois cylindres, avec un piston qui était décalotté, se rappelle Patrick Lemoine. La voiture a quand même fait tout le rallye pendant trois jours sur trois cylindres. On a fait le moteur après. Donc c’est des voitures assez rustiques et même avec des petits soucis on arrive encore à finir un rallye.

Ce sont des voitures qui à l’époque étaient assez performantes puisque c’est une voiture qui a quand même une vitesse de pointe de 167 km/h. C’est un 4 cylindres avec un double arbre à came. C’est une voiture avec laquelle je prends beaucoup de plaisir et avec laquelle je fais quelques rallyes de véhicules historiques tous les ans. C’est très impressionnant comme petite voiture. Ce n’est pas très grand et par rapport à des voitures avec des cylindrées beaucoup plus importantes et des voitures plus imposantes, ça se faufile bien, ça tient bien la route, c’est assez nerveux. C’est très agréable à piloter quand on aime le pilotage. Quand on attaque un peu, c’est un peu tout en travers ! Donc c’est vraiment un régal de conduire ces voitures. »

Un plaisir partagé par Alain Salle, concessionnaire Nissan à Châteauroux, mais passionné de belles mécaniques italiennes.

« Le moteur double arbre, je l’aime beaucoup puisque je ne laisse le soin à personne d’autre que moi de toucher cette voiture, de la préparer, sourie-t-il. Et puis c’est vivant, il y a une sonorité qui est particulière aux Alfa Romeo. C’est un moteur qui est fiable, qui prend des tours. Que ce soit sur la route ou sur circuit, cette voiture là n’a jamais donnée de signe de faiblesse. »

Sous le capot de son Spider de 1963, le moteur 1600 simple carburateur, développant 92 ch. Un modèle qu’il n’a pas choisi par hasard.

« Ma première voiture de sport était une 1300 identique à celle-là. Elle était blanche et m’a procuré beaucoup de succès… à tous points de vue… et donc, ce n’est pas que je voulais renouveler la chose, mais cette voiture là me plaisait beaucoup et puis c’est peut-être le côté nostalgique aussi. »

N’allez surtout pas traiter François Arsène, journaliste à La Vie de l’Auto et La Vie de la Moto, de nostalgique. Lui ce qu’il aime, ce sont les belles mécaniques, à 4 comme à 2 roues. Et parmi ses favorites, bien sûr, les Alfa Romeo.

« Pour moi, ce sont des voitures d’amateurs, des voitures avec une mécanique d’abord, des voitures de passionnés. Un moteur qui respire bien. Ca c’est ce qu’elles ont de plus. Ce qu’elles avaient de moins à une certaine époque c’est qu’elles rouillaient énormément et c’est là où j’ai cessé d’en acheter. Dommage mais c’était comme ça, c’était insupportable. Maintenant les Alfa actuelles sont d’excellentes voitures que j’aime beaucoup. J’ai l’occasion de rouler avec des Alfa modernes également et j’en suis enchanté. Elles ont retrouvées leurs finitions, leur brio d’antan, elles ont retrouvées leur image de marque. Après un certain passage à vide que tous les amateurs ont regretté bien sûr. »

Au rallye de la mer c’est donc tout naturellement au volant de son Alfa Romeo Giulietta Sprint 1300 de 1961 qu’il est venu.

« C’est un modèle tout à fait classique, avec une architecture tout à fait classique. A savoir qu’elle a une suspension à roues indépendantes à l’avant et essieu rigide derrière. C’est ce qui se pratiquait beaucoup à l’époque. Mais c’est une suspension rigide arrière qui a quand même de grandes qualités puisqu’elle est bien guidée transversalement par une barre. Ce qui ne se faisait pas souvent finalement. Et ce qui explique son bon comportement routier pour l’époque. »

Enfin, terminons notre tour d’horizon avec la très belle, et très rare, Alfa Montreal. Rappelons qu’il s’agissait à la base d’un concept-car conçu pour l’exposition universelle de 1967, à Montréal.

« Elle est sortie en 1971 en version tourisme, explique Jean-Paul Paris. Il y a eu un temps d’étude, et entre-temps Alfa Romeo a eu un moteur V8 de course qui a couru Le Mans en 1968. Il y avait eu une épopée fabuleuse entre la Matra de Pescarolo et l’Alfa Romeo pour la deuxième place derrière la Ford GT40. Et ils ont adaptés ce moteur sur cette voiture de grand tourisme.

C’était le haut de gamme de l’époque. La voiture qui lui ressemblait, qui était un peu concurrentielle, et qui d’ailleurs a un concept un peu similaire, c’était la Citroën SM. Elles étaient un peu les reines de l’autoroute à l’époque. La Citroën SM avait d’ailleurs aussi un moteur italien, un moteur Maserati. »

Tourisme et convivialité

Rallye touristique, le rallye de la mer ne compte que 200 kms à parcourir en deux jours. Son objectif, faire découvrir le Pays-Basque aux participants, ses paysages, sa gastronomie, ses spécialités, à travers de nombreuses pauses tout au long du parcours. Des pauses bienvenues également pour faire découvrir l’histoire de l’automobile au public. Un public présent en masse.

« J’explique ça d’une part par les belles voitures, parce que les organisateurs savent réunir des voitures intéressantes, c’est un plateau varié, analyse François Arsène. Et puis ce sont des gens sérieux qui ne se prennent pas au sérieux. C’est le secret de la réussite partout. Des types qui font un boulot excellent, qui savent recevoir, qui savent faire participer la population. »

Et là où le public participe le plus, c’est le dimanche, lors du traditionnel concours d’élégance place Louis XIV à Saint Jean de Luz, au pied du kiosque, en pleine zone piétonne et touristique.

« Le but de ce concours d’élégance est de présenter des automobiles d’une façon simple et accessible pour que tout le monde en profite. Il ne s’agit pas de faire de l’élitisme, d’être guindé, il faut que les gens s’approchent des autos.

Et là ils ont tout le temps de les voir avant le concours d’élégance proprement dit parce que les voitures descendent vers la place Louis XIV par la rue piétonne. Et il faut un certain temps pour se frayer un passage parmi la foule. Alors on discute, les gens posent des questions, on leur montre un moteur, l’intérieur… Après les voitures sont garées le long du quai de l’Infante et la grande foule vient les voir. Et c’est ça qu’il faut faire, c’est précisément ça qu’il faut faire. »

Le Rallye de la Mer, exemple de ce qu’il faut faire pour développer la passion de l’automobile ancienne ? Avec 8 à 10 000 spectateurs présent au concours d’élégance chaque année, la réponse semble être oui.

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