Pas de chance pour Ferrari lors de ce premier Grand Prix à Melbourne en Australie. Essais sous la pluie, abandon de Schumi. Barrichello sauve l’honneur grâce à sa deuxième place, mais c’est Renault qui tire le gros lot avec la victoire de Fisichella et la troisième place d’Alonso. La meute est lâchée.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Ferrari et Michael Schumacher avaient commencé en trombe la saison passée, en signant dès le premier Grand Prix une victoire qui en annonçait bien d’autres, et qui surtout laissait sur le carreau dès les premiers coups de volant les potentiels protagonistes d’une saison qui fut finalement à sens unique.
Ces mêmes concurrents ont donc mis une bonne année à se ressaisir, après quelques changements d’écuries et de pilotes au passage. Et même si la Scuderia n’a pas « mal » commencé cette saison, puisque Barrichello s’octroie tout de même la deuxième place, il y a fort à parier que cette entame, si différente de l’an passée, pourrait bien annoncer pour les champions du monde 2004 une remise en cause de leur suprématie.
Sans enlever quoi que ce soit au mérite et au talent de pilote de l’Italien Fisichella, cette première victoire en Grand Prix reste tout de même marquée du sceau de la chance. Tout comme elle fut aussi placée sous le signe de la guigne pour Schumacher, que tout le monde attendait « au tournant ».
Une pôle inespérée pour l’Italien et Renault qui échappaient aux averses et bénéficiaient ainsi d’une piste sèche… et l’affaire était pour le moins bien entamée.
“C’est vrai que la pluie a joué un grand rôle dans ma victoire, j’ai été très chanceux samedi, reconnaissait Fisichella à l’arrivée. Même sans des essais chanceux, j’aurais été en mesure de me battre pour la victoire”, assurait-il, lui qui a signé à Melbourne sa 2e victoire pour sa 10e saison de F1. “C’est la première fois de ma vie que je conduis une voiture aussi compétitive. C’est génial !”, lançait-il, affirmant que Renault et ses pilotes étaient “en mesure de lutter” pour les titres pilotes et constructeurs, et de battre Ferrari. Car, on l’aura compris, c’est bien de cela qu’il s’agit : battre Ferrari. Le leitmotiv de la saison est donc lancé, et plutôt clairement.
La Scuderia a-t-elle les moyens de réagir ?
Côté pilote, il faut bien avouer que le sort s’est acharné sur Schumi. Après une série d’essais arrosée, c’est une faute de Nick Heidfeld qui le contraint à l’abandon, alors qu’il était remonté dans les points au moment de l’accrochage On connaît l’orgueil du septuple champion du monde pour ne pas douter une seule seconde de son envie de laver l’affront. Affront d’autant plus dur à avaler que de son côté, son partenaire et fidèle lieutenant Barrichello a placé ses billes discrètement mais efficacement. Partie onzième sur la grille de départ, il finit deuxième entre les Renault de Fisichella et d’Alonso. Le Brésilien, comme d’habitude, est présent et régulier et permet à Ferrari d’éviter le véritable camouflet. « Notre stratégie de course était très bonne. Je ne pense pas qu’il y avait quelque chose à changer à ce côté-là », confirme d’ailleurs le pilote rouge.
Avant même l’arrivée des F2005, l’écurie italienne se place donc aux avant-postes, et sans quelques coups de malchance, elle aurait pu (du ?) être encore plus redoutable sur ce premier Grand Prix que ne le furent Rubbens Barrichello et sa deuxième place.
Côté staff, les sentiments sont évidemment partagés. Ross Brawn, le directeur technique de la Scuderia, ne cache pas son impatience de voir arriver la nouvelle voiture. “Nous sommes heureux et tristes aujourd’hui ! Rubens a fait une belle course en dépit du fait que sa voiture avait un problème depuis le 15e tour. Il a donc fait du très bon boulot. Nous ne pouvions pas espérer mieux, étant donné nos positions sur la grille de départ. Il faut aussi se souvenir que nous utilisons encore la vieille voiture qui est une sorte de compromis. J’attends maintenant la nouvelle voiture avec impatience.”
Encore faut-il ne pas trop se reposer sur ces fameuses F2005. D’abord parce qu’il reste un certain nombre de Grand Prix à disputer d’ici leur mise en piste ; ce qui oblige les deux pilotes de la Scuderia à assurer l’essentiel sur les F2004. Ensuite parce qu’avec cette victoire, l’appétit des concurrents s’est sûrement aiguisé, et l’intérêt de la saison également.