C’est aujourd’hui que Lancia souffle ses cent bougies. Les clubs français de la marque ont fêtés l’évènement ce week-end. L’occasion de faire un tour d’horizon de quelques voitures qui ont marqué l’histoire de Lancia.
Ce samedi 25 novembre 2006, les routes de Normandie avaient un petit accent italien. Il y a cent ans presque jour pour jour, le 29 novembre 1906, Vincenzo Lancia, alors pilote d’essai pour Fiat, crée sa propre marque. Cent ans plus tard, une trentaine de passionnés et propriétaires français de Lancia anciennes s’étaient donné rendez-vous en Normandie pour fêter l’événement. A l’initiative de Lancia Héritage et Lancia France, ce rallye touristique intitulé Lancia en Seine, a permis de retracer 82 ans d’histoire de l’automobile. En découvrant les modèles présents, la plupart des participants arrivaient à la même conclusion :« La maison Lancia, c’est un fabriquant de plaisir, sourie un homme, admiratif devant l’une des voitures présente. Ce n’est même pas un fabriquant d’automobiles, c’est un fabriquant de bonheur. » La voiture qui suscite tant d’émotion introduisit à l’époque pas moins de cinq innovations technologiques.
Lancia, des innovations et des brevets à la pelle
« C’est une Lancia type Lambda de 1924, explique son propriétaire, Jean-Louis Hochart. C’est une troisième série, il y en a eu neuf. La caractéristique de la Lambda, c’est ‘voiture sans châssis’, les premières voitures sans châssis. Ce qui fait que les gens de chez Lancia ont dû inventer le tunnel, c’est-à-dire le passage pour passer l’arbre de transmission. La ligne de caisse est en effet beaucoup plus basse que les autres autos de l’époque. N’ayant pas de châssis, ils ont du inventer les amortisseurs, qui étaient des tubes dans lesquels il y avait un ressort. La roue travaillait là-dessus. Et la grande technologie de Lancia, c’est le moteur V4. Il n’y a que Lancia qui a fabriqué ce type de moteur, à angle très fermé, ce qui fait que le moteur est cubique, alors que les moteurs américains sont à plat. »
Suivent en 1931 les Lancia Artena et Astura, en 1933, l’Augusta, ou Belna en France. En 1950, la première Lancia d’après-guerre, l’Aurelia, est équipée du premier V6 de l’histoire, d’une boîte-pont et de freins arrière accolés au différentiel, ainsi que des premiers pneus à carcasse radiale.
Lancia et la compétition, 11 titres mondiaux en rallye
En 1963, Lancia présente au salon de Genève la Fulvia. 150 000 coupés Fulvia seront vendus et la voiture permettra à Lancia de remporter deux titres de Champion du monde des rallyes.
« C’est une voiture à traction avant, avec un moteur 1600 cc qui fait 115 ch à l’origine, explique Arnaud de Beaucaron au volant de son coupé Fulvia HF. Elle a une tenue de route exceptionnelle dont des modèles sportifs ont été dérivés et qui ont gagné entre autre le rallye de Monte Carlo aux mains de Sandro Minari.
Depuis que nous l’avons, nous avons pu la faire rouler au Tour Auto, à la fois sur des parcours de liaison et sur circuit. Après nous l’avons engagée au Monte Carlo historique, que nous avons fait cette année, sur des routes de montagne à la fois sèches et enneigées. Et là, on s’est vraiment fait très très plaisir. »
Lancia continuera sur sa lancée en Rallye, avec la Stratos en 1970, qui remportera 3 titres de champions du monde en rallye, et plus de 80 épreuves internationales. La Rallye 037 prendra la relève en 1982.
Lancia 037, « un véritable kart »
Michel Peccenini possède l’une de ces bêtes de course. Il était présent avec lors de ce week-end historique. « C’est une 037 qui appartenait à l’écurie Chardonnet, explique-t-il. Elle a été pilotée par Jean-Claude Andruet. Cette voiture était le mulet qui lui permettait de faire toutes les reconnaissances avant de prendre la Groupe B poussée au maximum. Cette voiture est une Stradale avec quelques petites améliorations. Elle servait aussi en termes de publicité pour pouvoir montrer les sponsors.
Elle accroche très bien, c’est un kart ! Elle ne bouge pas. Elle vire vraiment à plat comme un kart. Je suis vraiment surpris par ça. On la place comme l’on veut. Vraiment, c’est une voiture qui tient très très bien la route. Et surtout, elle est très efficace. Je le vois tout de suite, entre deux virages, elle ré accélère, elle part très fort. »
Delta HF, 6 titres consécutifs en rallye
En 1983, Lancia commercialise une version Turbo HF de sa Delta, lancée en 1979. Quelques années plus tard commence une longue série de succès dont six championnats du monde des Rallyes consécutifs, qui rendront la voiture presque mythique.
« Les premières ont été les 4WD, se souvient Christophe Rio, vice-président de Lancia Héritage et spécialiste des Integrales. C’est de là que le mythe est parti. En 1987, lorsqu’elles ont remporté le premier titre de champion du monde des rallyes. Ca a continué jusqu’en 1992 avec toutes les Evolution. L’Integrale 8 soupapes, l’Integrale 16 soupapes puis la Delta Evolution. »
Une marque fidèle à son passé ?
Depuis, la marque a bien failli totalement disparaître et ne jamais fêter son centenaire. Un centenaire qui aujourd’hui joue un rôle fédérateur, notamment chez les passionnés.
« Il n’y a pas beaucoup de marques aujourd’hui qui peuvent fêter de tels événements, se félicite Arnaud de Beaucaron. Il est donc normal d’y contribuer et d’y participer. Et surtout d’encourager à ce que la marque continue et nous sorte des modèles sympathiques et agréables. Que l’on puisse retrouver la marque Lancia au niveau qu’elle mérite. »
Et pour atteindre ce niveau, chez Lancia, que retient-on de ce prestigieux passé ?
« C’est une marque qui a toujours été synonyme d’élégance, c’est incontestable, résume Arnaud Belloni, le directeur de Lancia France. Et c’est une marque qui a toujours été synonyme de tempérament. Le tempérament soit par l’identité du véhicule et par sa personnalité, mais le tempérament aussi par le sport. N’oublions pas, onze titres de champion du monde, six titres de champions du monde consécutifs en rallye… ce n’est pas égalé aujourd’hui.
Pour le moment on travaille plutôt sur l’élégance et le tempérament stylistique mais il est très possible que demain, nul ne le sait, on travaille le tempérament sportif. Pour l’instant on n’a pas les véhicules. Mais quand la Delta sortira, je pense que l’on aura la possibilité, pas forcément au début mais par la suite, d’avoir des évolutions technologiques. Par exemple un système quatre roues motrices ou des moteurs, tout simplement, qui nous permettent de revenir à cette tradition. Le gros avantage, c’est que l’on a été tellement fort dans ce domaine que le jour où on le refera, on sera totalement légitime ! Il n’y aura pas une personne qui nous dira, ‘mais dites-moi, pourquoi avez-vous fait ça ?’. Les gens nous diront, ‘vous avez eu raison de le faire, c’est logique, on attendait ça juste depuis vingt ans !’ ».
Un peu de lucidité, de l’humour, espérons simplement qu’il ne faudra pas attendre encore 100 ans pour voir Lancia renouer avec l’ensemble de ses gênes : l’innovation, l’élégance et la sportivité.