Difficile week-end en Hongrie pour les deux leaders du championnat du monde de F1. Alonso comme Schumacher ont été pénalisés pour les qualifications. L’un comme l’autre ne rallieront pas l’arrivée.
Le week-end s’annonçait sous les meilleurs auspices pour la Scuderia Ferrari. Fort de trois victoires consécutives en course, Michael Schumacher était pour le moins confiant. « Si l’on m’avait dit au début de la saison que je serai heureux d’avoir onze points de retard au championnat, je ne l’aurais pas cru, expliquait le pilote allemand en arrivant jeudi en Hongrie. Mais étant donné tout ce qu’il s’est passé récemment et le fait que nous ayons réduit l’écart de 17 à 11 points, c’est vraiment bien. Pour les courses qui arrivent, nous pensons avoir un package qui nous permettra d’être très bons. »
Chance et malchance
La chance semblait même être du côté de la Scuderia. Estimant avoir été gêné par le troisième pilote Red Bull, Robert Doornbos, lors des séances d’essais libres du vendredi, Fernando Alonso se fait justice lui-même. Après l’avoir dépassé dans la ligne droite des stands, il pile tout simplement devant lui dans le virage en bout de ligne droite. Le pauvre pilote Red Bull a beaucoup de mal pour éviter l’accrochage ou la sortie. Dans la nuit de vendredi à samedi, les commissaires de courses prennent leur décision : une pénalité de 2 secondes sur tous les tours que l’espagnol réalisera en séance qualificative.
La voie est alors libre pour que Michael Schumacher signe la pôle. Oui, mais en sport automobile tout peut arriver. Et samedi matin, dans la dernière séance d’essais libres, l’allemand double trois voitures sous drapeau rouge. Le verdict est immédiat. Il reçoit la même pénalité que son rival au championnat. Les deux hommes reviennent donc à égalité de chance pour ce week-end.
Au terme de la séance de qualification, c’est donc Kimi Raïkkonen qui s’empare de la pôle, aux côtés de la Ferrari de Felipe Massa. Michael Schumacher se retrouve en 11ème place, et Alonso à la 15ème. « Je préfère ne pas rentrer dans une longue explication sur ce qu’il s’est passé ce week-end. Chacun pourra se faire son opinion en regardant les images, lâchait l’allemand après la séance de qualification. Je souhaite juste me concentrer sur la préparation de la course de demain aussi bien que possible malgré les circonstances. La onzième place était ce que je pouvais espérer de mieux en prenant en compte la pénalité infligée par les commissaires de course. Au moins je partirais du côté propre de la piste. J’espère faire un bon départ et gagner quelques places. J’essaierais de faire de mon mieux demain. »
Concours de dépassements
Et son départ, il le réussira. Tout comme Alonso. Parti onzième, Schumacher se retrouve quatrième à la fin du premier tour. La pluie le favorisant, à l’inverse de Massa, qui rate complètement son départ et se retrouve derrière son coéquipier. Juste devant Alonso pourtant parti de la quinzième place. Commence alors un festival de dépassements. L’espagnol, visiblement plus à l’aise que ses adversaires, passe consécutivement Massa, puis Fisichella. Au troisième tour, il est cinquième derrière Schumacher. Après quelques tentatives très viriles, l’espagnol passe l’allemand dans le quatrième tour. Jenson Button, au volant de sa Honda, l’imite deux tours plus tard. Fisichella revient alors dans les roues de la Ferrari. Derrière, Massa est à la peine en septième place et enchaîne les têtes à queues et les tout droit.
Il marque son premier arrêt aux stands au 12ème tour. Raïkkonen est alors en tête devant De La Rosa, Alonso, Button, Schumacher et Fisichella. L’italien viendra à bout de l’allemand au tour 16. Mais en bout de ligne droite l’allemand tente de reprendre sa place. Le duel est serré et les deux monoplaces se frôlent. L’aileron de la Ferrari est cassé. Schumacher marque son premier arrêt aux stands.
Du côté des rouges, c’est l’humiliation. Massa se fait prendre un tour par Alonso, en tête de la course, dès le 19ème tour. Cinq tours plus tard, c’est Michael Schumacher qui doit laisser passer Alonso. Nous ne sommes pas encore à la mi-course ! Sur la piste, les abandons s’enchaînent : Fisichella, Raïkkonen. La voiture de sécurité rentre en piste au tour 26 pour évacuer la McLaren, pulvérisée en doublant un retardataire. Les pilotes en profitent pour ravitailler. Les écarts sont réduits à néant.
A quitte ou double
Au bout de 5 tours, la voiture de sécurité s’efface. Schumacher, en septième place, fait un tête à queue sans gravité. Huit tours plus tard, les choses vont mieux. Il passe Coulthard et s’empare de la sixième place. Il signe ensuite les meilleurs temps en course. A 27 tours de la fin, il passe Heidfeld et prend la cinquième place. Trois tours plus tard il rentre aux stands, modifie ses réglages d’ailerons mais ne change pas de pneus. Une erreur ? Les autres commencent à quitter les pneus intermédiaires pour les pneus secs. Il faut dire que la piste s’assèche irrémédiablement depuis quelques tours.
Au tour 51, Alonso, toujours en tête de la course, chausse à son tour des pneus secs. Malheureusement il tire tout droit en sortant des stands. Quelques virages plus loin, les deux écrous de ses roues côté droit se défont. Il est contraint à l’abandon. Schumacher est alors virtuellement sur le podium, à la troisième place. Il monte même sur la seconde marche lorsque Heidfeld s’arrête aux stands pour son ultime ravitaillement. Oui, mais c’est sans compter sur les pneus. Et la piste est maintenant sèche. Il est trop tard pour s’arrêter, il ne reste que quelques tours de course. La Scuderia tente le tout pour le tout. Michael reste en piste. Mais moins rapide de plusieurs secondes au tour à cause de ses pneus, il est rapidement rattrapé. Malgré une grosse résistance, il se fait passer par Pedro de la Rosa puis Heidfeld à quatre tours de la fin. L’allemand tente de reprendre sa place en bout de ligne droite mais sa voiture lui échappe et il vient frôler de sa roue avant la BMW. La direction de la Ferrari est cassée. Schumacher abandonne à trois tours du drapeau à damiers.
Ultime rebondissement
C’est donc Jenson Button qui remporte son premier grand prix devant Pedro de la Rosa et Nick Heidfeld. Massa fini huitième, empochant un point pour l’honneur. « Bien sûr, je suis très déçu, regrettait Michael Schumacher. Nous avons eu une grosse opportunité et nous ne l’avons pas saisie. Tout le week-end, et spécialement la course, a été en dents de scie. A la fin, nous nous retrouvons aussi loin qu’avant mais avec une course en moins à disputer. Mais j’ai toujours voulu me battre pour la première place et c’est pourquoi j’ai si souvent gagné. Il reste cinq courses. Rien n’est perdu et je donnerai le meilleur pour remporter le titre. »
Mouvementé, ce grand prix de Hongrie l’aura été jusqu’au bout. Même après l’arrivée il aura ses rebondissements. La BMW de Robert Kubica a en effet été jugée trop légère par les commissaires techniques de la FIA. Septième à l’arrivée, le polonais a été déclassé. Schumacher en profite et rentre donc dans les points. Il reprend ainsi un tout petit point à Alonso.