Une course menée de main de maître par un espagnol au-dessus du lot. Fernando Alonso semble s’envoler de plus en plus vers le titre. Ferrari résiste.
Quinze jours après le Grand Prix de Monaco, c’est en Angleterre, à Silverstone, que le petit monde de la Formule 1 s’est retrouvé. Silverstone, l’un des plus anciens tracés et aussi le circuit « maison » pour pas mal d’écuries. Sauf pour Ferrari. La Scuderia n’y a d’ailleurs pas roulé depuis le grand prix de l’an dernier. « Ce n’est pas un problème pour moi, expliquait Felipe Massa. Nous savons que nos voitures se comportent bien sur ce type de circuit et dans le passé j’ai beaucoup piloté ici. Je connais bien le circuit, donc je ne suis pas inquiet. »
En marge de la compétition, l’association des pilotes de grand prix, qui réunie comme son nom l’indique l’ensemble des pilotes, avait une réunion vendredi. L’occasion de revenir sur l’incident des qualifications de Monaco. Michael Schumacher avait immobilisé sa Ferrari dans le dernier virage, ralentissant les autres concurrents dans les dernières minutes de la qualification. Mais alors que certains, comme Villeneuve, voulaient sa démission de la présidence de l’association, l’allemand n’a pas souhaité revenir sur l’incident. « J’ai déjà dit à tout le monde dimanche à Monaco, que je m’excusais pour l’incident causé et que je m’excusais si j’avais privé quelqu’un d’un bon tour, lâchera-t-il simplement. Parler de ça ne changera rien et je préfère me concentrer sur le week-end qui arrive. » Finalement, les autres pilotes ne lui en veulent pas tant que ça puisqu’il conserve la présidence de l’association.
Une seconde ligne toute en rouge
Samedi, lors de la séance de qualification, les deux hommes en rouges ne purent obtenir que la troisième place pour Schumacher, et la quatrième pour Massa. Schumacher détenant la pôle jusque dans les dernières minutes, avant que Fernando Alonso ne s’en empare. Quant à la seconde place, c’est Kimi Raïkkonen qui parvient à y hisser sa McLaren Mercedes. « Bien sûr, on espère toujours être en pôle, reconnaîtra Schumacher. Et c’est normal d’être déçu, même si sur ce circuit, il vaut mieux partir de la troisième que de la seconde place. »
Du côté de la direction de la Scuderia, on relativise un peu plus. « A la fin d’une séance de qualification très disputée et très serrée, nous avons nos deux voitures sur la seconde ligne, résume Jean Todt. Cela montre que notre package voiture/moteur/pneus est compétitif même comparé à nos rivaux. Nous espérons que ce sera également le cas demain en course. »
Alonso de main de maître
Dimanche justement, c’est évidemment Alonso qui s’élance en tête. Raïkkonen conserve sa seconde place et Schumacher passe donc le premier virage à la troisième. Dans le premier tour, Ralf Schumacher, en travers après avoir été poussé par Scott Speed, est violemment percuté par Mark Webber. La voiture de sécurité entre en piste pour quelques tours. Lorsqu’elle s’efface, Alonso manage à la perfection le départ pour s’assurer une petite avance. Derrière, Schumacher vient chercher Raïkkonen. Les deux hommes se retrouvent roues dans roues, à quelques millimètres seulement. Mais l’allemand ne parviendra pas à passer.
C’est lui qui ouvre la première vague de ravitaillements au 18ème tour, imité au tour suivant par Raïkkonen et Massa. Alonso s’arrêtera quatre tours plus tard. Mais les positions restent inchangées. Le second relais est plus calme et il faut attendre la seconde vague de ravitaillements pour que les choses évoluent.
Schumacher s’arrête une nouvelle fois un tour avant Raïkkonen. Mais avec un arrêt plus court de 1,2 secondes, et surtout une attaque impressionnante dans son premier tour, Schumacher parvient à battre deux records dans les deux derniers secteurs du circuit, et à reprendre l’avantage sur le finlandais. L’allemand ne pourra malheureusement pas revenir sur Alonso et termine second à 12 secondes de l’espagnol. Derrière, Raïkkonen conservera de justesse la troisième place. Dans les dix derniers tours, Giancarlo Fisichella réussit en effet une magnifique remontée pour terminer la course dans ses roues. Felipe Massa, sur la seconde Ferrari, termine lui à la cinquième place.
« C’était une course très disputée, comme nous l’attendions, analyse Jean Todt. La stratégie a joué un rôle décisif : de façon positive pour Michael, qui a gagné une place par rapport à sa position sur la grille, et de façon négative pour Felipe, qui en a perdu une. Nous sommes très proches de nos opposants, mais quand on vise la victoire, terminer second est une raison d’être déçu. » « La seconde place est la meilleure que je pouvais faire étant donné ma position sur la grille, complètera Schumacher. Nous n’avons pas eu de problème avec la voiture ce week-end, nous n’étions simplement pas assez rapides pour gagner. Nous devons travailler dur maintenant pour revenir correctement lors de la prochaine course. Mais avant tout, nous devons nous satisfaire de ces huit points. Il y a encore dix courses à disputer avec cent points à gagner. Même avec vingt-trois points de retard sur Alonso, je ne pense pas que la bataille pour le championnat soit terminée. »
Rendez-vous pour le savoir dans quinze jours, au Canada.
