C’est un véritable feuilleton qui vient de s’achever aujourd’hui. Après le feu vert donné par la Cour Suprême des Etats-Unis hier, Fiat et Chrysler viennent d’annoncer un accord.
Après l’échec Opel, Fiat n’ayant pu reprendre le constructeur face à l’équipementier canadien Magna et ses financiers russes, l’italien a aussi failli perdre l’américain Chrysler. Des fonds de pension de retraités de l’État de l’Indiana avaient en effet portés plainte, s’estimant lésés par rapport à d’autres créanciers. Une plainte que la Cour suprême des États-Unis a rejeté hier. Fiat a donc remporté la « bataille Chrysler », au terme d’une longue lutte. Rappelons que cette alliance est importante pour Fiat, Sergio Marchionne, son président, estimant que seuls cinq ou six constructeurs automobiles produisant 6 millions de voitures par an pourront être présents à l’avenir.
Avec l’alliance avec Chrysler, la production de Fiat atteindra 4 millions de véhicules. Un début. Et si Fiat ne détiendra pour commencer que 20% de Chrysler, ou plutôt de la nouvelle entité dénommée Chrysler Group LLC, cette alliance ne lui coutera pas un euro. Fiat se contentera en effet d’apporter sa technologie, ses plates-formes et ses motorisations pour permettre à Chrysler de proposer de petits véhicules économiques et respectueux de l’environnement. Une nouveauté pour le constructeur américain spécialiste des 4×4 et autres pick-up. Chrylser, Jeep et Dodge devraient donc se diversifier.
Une alliance peu couteuse pour Fiat
Evidemment, 20% c’est moins que les 35% prévus initialement. Mais ces 35% pourront être rapidement atteints au fur et à mesure de la réalisation de certaines conditions. A ce moment là , l’UAW, l’association gérant les dépenses de santé des retraités aura 55%, le département du Trésor des Etats-Unis 8% et le gouvernement canadien 2%.Une fois les emprunts fédéraux consentis à Chrysler remboursés, Fiat pourra même obtenir la majorité des parts.
Grâce à cet accord, Fiat devrait également pouvoir enfin amorcer son retour aux Etats-Unis, notamment avec la petite 500, mais aussi avec la marque Alfa Romeo.
Sergio Marchionne nommé Président Directeur Général
A la tête de cette nouvelle entité, on retrouvera Sergio Marchionne, le président de Fiat, et un comité de direction de neuf directeurs, dont trois nommés par Fiat, quatre par le gouvernement américain, un par le gouvernement canadien et un par le fond de pension de l’UAW. Robert Kidder devrait être nommé Président du Conseil d’administration par le comité de direction.
Les objectifs de cette nouvelle entité sont clairs, comme les a énoncés Sergio Marchionne dans un communiqué : « Ce jour est très particulier, non seulement pour Chrysler et ses collaborateurs, qui se sont investis sans relâche pendant un an dans l’incertitude de cette grande alliance, mais aussi pour l’industrie automobile elle-même. Depuis le début, nous avons été inflexible sur le fait que cette alliance devait être un pas en avant constructif dans la résolution des difficultés impactant notre industrie. Nous sommes impatients de pouvoir établir un exemple de nouveau fonctionnement qui permette aux constructeurs automobiles de rentabiliser leur activité.
Nous avons l’intention, sur la base de la culture de l’innovation de Chrysler et de la technologie et de l’expertise complémentaires de Fiat, d’étendre les gammes de produits de Chrysler à la fois en Amérique du Nord et sur les marchés internationaux. Les activités de Chrysler qui ont été ralenties pendant cette procédure vont pouvoir bientôt redémarrer et fonctionner normalement, et le travail a déjà commencé sur le développement de véhicules respectueux de l’environnement, sobres et d’excellente qualité, caractéristiques de ce que nous avons l’intention de faire des produits Chrysler.
Ces mêmes valeurs qui nous ont intéressées pour bâtir cette alliance – un constructeur automobile global doté d’une technologie hors pair, des ressources humaines dévouées, une efficacité améliorée, un réseau de distribution puissant et étendu, une passion indéfectible pour créer des véhicules exceptionnels que les clients souhaitent – sont encore plus vraies aujourd’hui. Même si cela ne règle pas tous les problèmes auxquels doit faire face l’industrie automobile aujourd’hui, cette alliance, établie avec le soutien de l’Administration du président Obama, est un pas en avant significatif qui positionne Fiat et Chrysler parmi les leaders d’une nouvelle lignée de constructeurs mondiaux. Cela a été, je le sais, un processus très difficile pour toutes les parties impliquées, mais nous sommes prêts à prouver aux clients américains que Chrysler pourra à nouveau être une entreprise solide et compétitive produisant une gamme complète de produits fiables et qui peuvent séduire leur imagination et assurer leur fidélité. »
Et pour être une entreprise solide, Chrysler a commencé par résilier 25% de son réseau, soit 789 concessionnaires. Une résiliation approuvée par le tribunal des faillites américain. Après avoir sauvé Fiat, Sergio Marchionne se fixe donc un nouvel objectif ambitieux. Un objectif qui sera difficile à atteindre malgré l’effacement des dettes et passifs accordé à Chrysler.