Malgré de mauvaises qualifications et une météo défavorable, Michael Schumacher a réalisé l’impossible dimanche, gagner le grand prix de Chine et revenir à égalité de points avec Fernando Alonso au Championnat du Monde.
Alors que les Ferrari s’étaient montrées les plus rapides lors des essais libres sur le circuit de Shanghaï en Chine, la pluie est venue bouleverser les qualifications. Sur le mouillé, les pilotes de la Scuderia sont en situation de faiblesse. Michael Schumacher ne peut mieux faire que le sixième temps, et Felipe Massa le 13ème. Mais ayant dû changer son moteur durant le week-end, il est pénalisé de dix places et partira donc de l’avant dernière ligne le dimanche.
« C’était une séance de qualification très difficile, concède Jean Todt, parce que les conditions météo ne convenaient pas à notre package. Michael a exceptionnellement bien piloté et sa sixième place était la meilleure qu’il puisse obtenir. Nous avons limité la casse, mais bien sûr c’est décevant de ne pas pouvoir exploiter le potentiel dont nous disposons, surtout après avoir vu ce que nous valions dans la séance d’essais libres du matin. Felipe a aussi fait de son mieux, mais à cause de son changement de moteur, il partira du fond de la grille. Malgré tout, personne ne doit oublier que le résultat d’un grand prix n’est joué qu’après la course du dimanche. »
« Cette séance de qualification n’a pas compromise mes chances de gagner le championnat du monde, assénait Schumacher après la qualification. Après la course de demain, il y a encore deux grands prix et tout reste possible. » Mais malgré les apparences, pas question pour l’allemand de se résigner à de la simple figuration dans ce grand prix de Chine. Un grand prix qui vivait ce week-end sa troisième édition et que le septuple champion du monde n’a pourtant jamais remporté… De quoi aiguiser son appétit de victoire, encore un petit peu plus.
Une piste détrempée
Au départ dimanche, la pluie cesse enfin. Mais la piste reste détrempée. C’est donc sans surprise les deux Renault qui s’élancent en tête, Alonso devançant Fisichella. Derrière, Button réalise un très bon départ devant Raïkkonen, Barrichello et Michael Schumacher. Très vite, Raïkkonen prend l’ascendant sur Button. Après un tour, en fin de peloton, Massa, parti vingtième, a déjà repris quatre places.
Au bout de dix tours, alors qu’Alonso peine à prendre beaucoup d’avance, Schumacher parvient à passer Barrichello. Mais c’est Rosberg et Coulthard qui font le spectacle en milieu de peloton. Massa, juste derrière, est en position d’attaque. Il passe d’ailleurs rapidement Rosberg.
Au bout de douze tours, Raïkkonen passe Fisichella. Au tour suivant, c’est Schumacher qui passe Button. Alors que Massa dépose Luizzi. Au quinzième tour, Button marque son premier arrêt aux stands. Sur la piste, Alonso part trop large mais se rattrape. Au tour suivant, Raïkkonen rentre aux stands et garde ses pneus pluie. Barrichello fait de même un tour plus tard.
Alonso en difficulté
La course de Raïkkonen s’arrête au dix-huitième tour, pour problèmes mécaniques. Trois tours plus tard, Schumacher puis Alonso s’arrêtent. Massa est alors huitième. Dès son retour en piste, Schumacher améliore ses temps. Il signe le meilleur tour en course au tour 23.
Au tour suivant, Kubica tente le tout pour le tout et met les pneus sec. Il effectue alors un tour d’anthologie avant de revenir au stand rechausser des pneus intermédiaires, plus conformes à l’état de la piste.
Schumacher est alors revenu sur Fisichella et n’est plus qu’à sept secondes du leader, Alonso. A mi-course, Fisichella passe Alonso. Mais il se loupe et l’espagnol repasse immédiatement. Au vingt-neuvième tour, alors que Massa est aux stands, Fisichella repasse Alonso sur la ligne de départ. Schumacher l’imite un tour plus tard. En difficulté, Alonso semble ne pas avoir d’adhérence sur son train avant. Fisichella signe alors les meilleurs tours en course et reprend près de 2,6 s par tour à ses poursuivants immédiats, Schumacher en tête.
La malchance d’Alonso
Au tour 34, Button tente de chausser des pneus secs, imité par Massa. Au tour suivant, c’est Alonso qui rentre pour réaliser la même opération. Malheureusement pour le prétendant au titre, les mécaniciens Renault connaissent un problème avec la roue arrière droite. L’arrêt s’éternise. L’espagnol ne repart que près de 20 s plus tard. La course semble finie pour lui.
Au tour 39, Schumacher passe à son tour les pneus secs. Son arrêt ne dure par contre que 6,9 s. Au tour suivant, alors que Massa part en tête à queue, Fisichella s’arrête à son tour pour changer de gommes. Si son arrêt se passe mieux que celui de son coéquipier, il est surpris par le manque de température de ses pneus au premier virage et glisse légèrement. C’est suffisant pour Schumacher qui, tel un prédateur, s’était rapproché au maximum de sa proie. L’allemand s’empare de la tête de la course.
A onze tours de la fin, alors qu’il avait signé plusieurs meilleurs tours en course, Felipe Massa est contraint à l’abandon, touché par Coulthard. A neuf tours du drapeau à damier, Alonso, remonté après son arrêt raté, est revenu dans les roues de son coéquipier. Il passe Fisichella et commence un retour agressif sur Schumacher. Mais malgré la pluie qui revient à cinq tours de la fin, celui-ci passera la ligne en vainqueur, avec seulement trois secondes d’avance sur la Renault d’Alonso.
Un Schumacher heureux et confiant
A la sortie de sa monoplace, Schumacher ne cache pas sa joie et court embrasser son équipe, ses mécaniciens, sautant de l’un à l’autre. « Je suis tellement content, explique-t-il. Je veux remercier toute l’équipe pour ce résultat, car ils ont fait un travail fantastique. Après le départ, j’ai été surpris de voir que je pouvais garder le contact avec les voitures qui étaient devant moi. C’était mieux que ce que j’attendais. Après un moment, j’ai été capable de me rapprocher de Fisichella. J’ai pensé que si je pouvais le passer, même si je ne pouvais pas gagner, je pouvais limiter la perte de points à seulement deux par rapport à Alonso. Ca aurait été un bon résultat. Il était très important de réduire l’écart sur les Renault quand la piste a commencée à sécher. Le moment crucial a été lors du passage aux pneus secs. Je savais que même si Fisichella réussissait à rester devant moi après son arrêt, je pourrais avoir une chance de le passer dans le premier virage car il serait en difficulté avec la température de ses pneus. Et c’est ce qu’il s’est passé. Dans les derniers tours, j’ai piloté en faisant très attention. J’avais un bon écart mais les conditions de piste devenaient très difficiles. En même temps, je n’ai jamais été inquiet de me faire doubler. Maintenant, nous allons à Suzuka, un circuit que j’aime. Mais il est difficile de faire des prédictions et comme d’habitude, les performances des pneus seront cruciales. »
Ce qui est sûr, c’est que Schumacher et Alonso sont à égalité, avec un avantage à l’allemand en nombre de victoires cette saison. Au championnat constructeur, Renault reprend la tête avec un petit point d’avance. Tout reste donc à jouer dans les deux prochains grands prix. Passionnant !