Alors qu’il domine largement le grand prix, la course de Michael Schumacher s’arrête aussi brutalement qu’une casse moteur l’impose. A une course de la fin de la saison, ses chances de remporter un huitième titre mondial sont désormais infimes.
C’est le déluge vendredi sur le circuit de Suzuka, au Japon. Dix-septième et avant dernière épreuve de la saison, cette manche est décisive. Les deux leaders du championnat, Michael Schumacher et Fernando Alonso, peuvent définitivement perdre, ou gagner, le championnat du monde de Formule 1 2006. Tout comme Renault et Ferrari le titre constructeur. La tension est donc énorme.
D’après les prévisions météo, les pluies torrentielles qui inondent le circuit devraient cesser dans l’après-midi pour laisser la place au soleil jusqu’à la fin du week-end. Chez Ferrari on décide alors de ne pas prendre de risque inutile sous la pluie, et de concentrer tous les efforts lorsque la piste sera sèche. Les monoplaces de la Scuderia ne prendront pas part aux essais du matin, et ne sortiront qu’en fin de séance l’après-midi, lorsqu’une trajectoire sèche sera apparue.
« Avant tout, c’est une journée positive, déclare Felipe Massa, le plus rapide des deux hommes en rouge. Nous n’avons pas roulés beaucoup à cause de la pluie, mais vers la fin de la séance, quand les conditions de piste l’ont permis, nous avons fait une série de tours avec les pneus secs. Les informations que nous en avons tirées sont prometteuses. Je suis raisonnablement content de l’équilibre de la voiture et du comportement des pneus Bridgestone dans ces conditions. Tout ceci me laisse à penser que nous pourrons être compétitif à la fois en qualification et en course. »
Une grille de départ regroupée par écurie
Effectivement, le lendemain, les Ferrari se révèlent les plus rapides en piste. Et c’est Felipe Massa qui obtient la pole, moins de deux centièmes devant son coéquipier, Michael Schumacher. Derrière, les pilotes Renault ne sont que sur la troisième ligne. Fernando Alonso devançant Giancarlo Fisichella. La seconde ligne est occupée par les deux pilotes Toyota.
« C’est une belle première ligne toute rouge, se félicite Jean Todt, qui arrive à un moment crucial de la saison. Felipe a obtenu une très bonne pole position sur un circuit qui met en avant les talents des pilotes. Bridgestone a apporté de très bonnes gommes ici et ce n’est pas un hasard si les quatre premières voitures sur la grille sont chaussées par le manufacturier japonais. »
« J’attends avec intérêt la course, complète Felipe Massa, et j’espère que nous pourrons continuer à marquer le plus de points possibles pour les deux championnats. Quant à moi, je veux essayer et réussir mon objectif personnel qui est de terminer troisième au classement pilotes. Les pneus et la voiture se sont très bien comportés et nous pouvons nous attendre à ce que se soit également le cas demain après-midi. »
La trahison mécanique
Les espoirs de la Scuderia semblent se confirmer dimanche. A l’extinction des feux, Massa s’élance devant Michael et Ralf Schumacher. Ils sont suivis de Trulli, Alonso et Button. Dès le premier virage, Alonso porte une attaque autoritaire sur Trulli et réussit à le passer.
Au bout de quelques tours, Massa laisse passer Schumacher afin de lui laisser l’opportunité de prendre de l’avance sur Alonso. Ce ne sera jamais réellement le cas. Plus motivé que jamais, l’espagnol reste dans la même cadence que l’allemand, passant ses adversaires au fur et à mesure. C’est Ralf Schumacher qui en fait les frais au douzième tour. Au tour suivant, Massa est contraint de faire son premier arrêt aux stands légèrement plus tôt que prévu à cause d’une crevaison lente. Pendant ce temps, Alonso améliore ses temps et signe régulièrement le meilleur tour en course. Au quatorzième tour, Fisichella effectue son premier ravitaillement, imité au tour suivant par Alonso. Celui-ci ressort devant Massa, bloqué par Heidfeld, plus lent.
Michael Schumacher est toujours en tête au dix-septième tour lorsqu’il effectue son premier arrêt aux stands. Il reprend la piste en tête, devant Alonso, Massa et Raïkkonen.
A vingt tours du drapeau à damier, Fisichella ouvre la seconde salve d’arrêts aux stands des écuries de tête. Il est imité deux tours plus tard par Alonso et Massa. Schumacher est toujours en tête. Mais quelques panaches de fumée commencent à vouloir s’échapper de la monoplace de l’allemand. Quelques virages plus loin, il est contraint à l’abandon, moteur cassé. Il reste alors un peu plus de quinze tours pour permettre à Massa, second, de revenir et dépasser Alonso, dorénavant en tête. Mais le brésilien n’augmentera pas la cadence. Peur de la Scuderia de casser un second moteur ?
Ce qui est sûr, c’est qu’Alonso passe la ligne en vainqueur et empoche ainsi 10 précieux points supplémentaires qui devraient lui assurer le titre pilote. Massa est second et Fisichella troisième.
Schumacher résigné
« Les pilotes et l’écurie ont fait un bon travail, tout comme Bridgestone, tentera de se convaincre Jean Todt. Nous devons féliciter nos plus proches rivaux qui ont maintenant pris une option pour les deux championnats. Il reste une course à courir qui aura une symbolique particulière puisque se sera la dernière de Michael. Comme nous le faisons depuis des années, nous mettrons toutes nos forces dans la bataille pour obtenir le meilleur résultat possible. Aujourd’hui, nous avons cependant un goût vraiment amer dans la bouche. »
« Nous sommes une grande équipe, continuera Michael Schumacher après la cérémonie des podiums. Nos gars sont les meilleurs et j’ai beaucoup d’affection pour tout le monde chez Ferrari. Je suis plus que satisfait de la façon dont nous travaillons. Les incidents comme aujourd’hui peuvent arriver et ils font partie de la course automobile. Vous gagnez ensemble mais vous perdez aussi ensemble. Aujourd’hui nous avons fait de notre mieux. J’étais en tête de la course et mon moteur a cassé. C’est la façon la plus simple de résumer la situation. C’est la formule 1. Nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait depuis le Canada : nous avions 25 points de retard et personne ne pouvait penser que nous reviendrons nous battre pour le championnat. Et pourtant, nous l’avons fait. Maintenant nous avons neuf points de retard au classement constructeur et nous devons tout faire pour gagner le titre au Brésil. Pour le championnat pilote, c’est perdu. Je ne veux pas prévoir une course, en espérant que mes rivaux se retirent. Ce n’est pas la façon dont je veux gagner le titre. »
Les choses sont claires. Mais un incident de parcours est vite arrivé. On l’a vérifié tout au long de la saison.
