Moins de 18 mois après la mort de son frère, Giovanni, Umberto Agnelli s’est éteint à l’âge de 69 ans. Sa disparition va sûrement marquer un transfert de pouvoir à la tête du groupe Fiat, la fin du règne de la dynastie Agnelli.
Né en 1934, Umberto Agnelli était le cadet de 7 enfants. Toute sa vie, il resta dans l’ombre de son frère, Giovanni, sans véritablement réussir à se démarquer. Homme politique, grand dirigeant d’entreprise, Umberto fut également président du club de foot familial, la Juventus de Turin.
En 1971, il est nommé administrateur délégué de Fiat. Il apparaît alors comme le dauphin naturel de l’empire Agnelli, derrière cependant son aîné.
En février 2003, il accède enfin à la tête du groupe Fiat, dans des conditions tragiques. Après trente années de règne, celui que l’on surnommait l’« Avvocato » succombe des suites d’un cancer au moment où le groupe traverse la plus grave crise de son histoire. Moins de dix-huit mois après, Umberto disparait lui aussi des suites d’un cancer, dans la nuit de jeudi à vendredi. Il aura cependant réussi à redonner un peu d’oxygène au groupe.
Un groupe dans la tourmente
Premier groupe industriel italien, Fiat subit de fortes restructurations sous la houlette d’Umberto, mais il n’est pas encore totalement remis sur pied. Certes le premier trimestre 2004 a vu les pertes du groupe divisées par 3,5 pour un montant de 194 millions d’euros. Le déficit a lui aussi diminué de 40%.
Mais la situation reste difficile. Le groupe a supprimé près de 12 000 postes ces dernières années, cédé une grande partie de ses actifs et subit de nombreuses restructurations, recentrant ses activités autour de l’automobile et de la mécanique.
Umberto était le dernier des Agnelli qui avait suffisamment d’autorité sur la famille pour, par exemple, les convaincre de réinjecter de l’argent dans le groupe malgré la crise. Il détenait 30,5% des parts du groupe. Aujourd’hui, sa soeur Susanna, à 80 ans, ne possède aucune connaissance du monde de l’automobile. Alors quel futur pour le groupe ?
Vers quelle transition ?
La dynastie Agnelli pourrait donc bien se désengager rapidement de l’avenir du groupe. Le numéro 2 de Fiat, Giuseppe Morchio, un ancien de Pirelli appelé au sein du groupe Fiat par Umberto lui-même, pourrait assurer la transition.
Mais surtout, Fiat dispose d’une option de vente de 80% du capital de Fiat Auto à GM, qui semble pourtant de moins en moins intéressé.
Quant aux banques, elles disposent d’une option pour convertir un prêt de 3 milliards d’euros à partir de 2005. Les Agnelli ne seraient donc plus majoritaires. Les banques assurent tout de même ne pas vouloir recourir à cette possibilité.
Des réactions émues
Ce qui est sûr, c’est que la disparition d’Umberto laisse peu de monde indifférent en Italie. Même les responsables des principaux syndicats italiens ont fait part de leurs regrets.
Le maire de Turin, Sergio Chiamparino, a décrété samedi jour de deuil. C’est en effet samedi, que sera enterré Umberto.
Au sein du groupe aussi on réagit. « Umberto Agnelli m’a appelé dans un moment très difficile pour Fiat. Nous avons travaillé dur ces 15 derniers mois et depuis les premiers jours j’ai été marqué par son profond amour pour Fiat, son sens du devoir, des responsabilités et son esprit de service. Il me manquera beaucoup. »
Chez Ferrari aussi on était marqué, alors que la Scuderia se préparait aux premiers essais du grand prix d’Europe. « Avec sa disparition, j’ai perdu un très bon ami, quelqu’un avec qui, depuis plus de trente ans, j’ai partagé des moments heureux ou difficiles de ma vie, expliquait Luca di Montezemolo. Il a toujours été là pour me supporter. (…) Je voudrais le remercier, de la part de chacun chez Ferrari, pour le soutien qu’il nous a toujours donné. Il me manquera vraiment. »