Le Rallye des Princesses 2020 aurait dû s’élancer aujourd’hui de la place Vendôme à Paris. Conséquence de la pandémie de coronavirus, comme la grande majorité des événements de ce mois de juin, il est reporté à l’an prochain. Pas question de se priver d’événement automobile pour autant. Nous vous proposons à partir d’aujourd’hui de revenir sur la vingtième édition du Rallye des Princesses, l’édition de l’an dernier, à travers trois reportages vidéo inédits qui seront mis en ligne tous les deux jours. Pour ce premier opus, retour sur les 20 ans de ce rallye de régularité féminin avec sa créatrice et organisatrice, Viviane Zaniroli.
« En 1998 j’avais fait une grosse manifestation pour le club Austin Healey, avec en tête de manifestation trois tours du circuit des 24 Heures du Mans en ouverture des 24 Heures, se souvient Viviane Zaniroli, organisatrice du Rallye des Princesses.
C’est là que j’ai connu les voitures anciennes. Parce que nous on était issus du 4×4, du Dakar, c’était vraiment notre métier et notre milieu. Je ne connaissais rien aux anciennes. Et puis voyant ces voitures, une Austin Healey c’est quand même une superbe voiture, je discute un peu avec les gens. Il y avait beaucoup de femmes mais toujours dans le rôle de copilote. Elles n’avaient pas le volant.
Je leur demande ‘ça ne vous plairait pas de conduire ces voitures ?’ Elles me disent ‘on adorerait mais tant qu’il est là, on n’aura jamais le droit de la conduire’. Je leur dis alors, ‘si l’on créait quelque chose que pour les filles’… Elles me disent ‘ça serait super !’ Et je suis partie là-dessus.
Je dis à Patrick (Zaniroli), ‘je vais créer un rallye pour les filles en anciennes’. Il me dit ouh-là…’
Sur les traces du Paris-Saint Raphaël
Il existait un rallye qui s’appelait le Paris-Saint Raphaël féminin, et qui n’avait plus lieu. Souvent pour les manifestations d’anciennes on reprend des anciens rallyes, qui étaient de la compétition à l’époque, que l’on remet en anciennes, (en régularité). Il y en a beaucoup comme ça maintenant.
Sauf que le Paris-Saint Raphaël féminin était déposé, donc je ne pouvais pas le faire. Mon mari m’appelant souvent ‘ma princesse’, je me suis dit ben après tout, le rallye des princesses, on est toutes les princesses de nos hommes. S’ils sont gentleman ils nous passeront la voiture. C’était un peu compliqué mon état d’esprit. Mais finalement j’ai lancé le rallye des Princesses, sur les traces du Paris-Saint Raphaël.
On a quand même mis un an et demi à avoir 18 équipages. Et j’ai ouvert au mixtes, à condition que madame conduise. Les messieurs qui étaient là étaient là soit pour surveiller leur voiture, soit pour surveiller leur femme, soit pour surveiller les deux. Mais ils étaient là et ils étaient vachement sympas, ils étaient très contents. Ça s’est très bien passé.
Un reportage sur M6 dès la première édition
Cette année-là j’ai eu Zone Interdite qui est venu, avec Bernard de la Villardière, parce que j’avais quatre vraies princesses qui venaient.
Ils sont venus au départ, place Vendôme, donc avec 18 équipages il y avait moins de bazard qu’aujourd’hui. Et puis ils sont revenus à la fin sur la Côte d’Azur. Et ils m’ont fait un super reportage de 10 minutes dans Zone Interdite au mois de décembre.
La présence de Pierre Cardin pour la seconde édition
Et là ça a déclenché l’intérêt de Monsieur Pierre Cardin, parce qu’il avait à l’époque un magazine qui s’appelait Princes d’Europe et d’ailleurs, qui n’existe plus, et ils m’ont appelée pour être partenaires de l’événement. Cette année là Monsieur Cardin m’a offert les vérifications, le départ, le cocktail, et c’est lui qui a donné le départ avec le drapeau à damier de la deuxième édition. Monsieur Cardin qui disait, ‘je déclare ouverte la deuxième édition du rallye des Princesses’.
Franchement tu ne peux pas savoir comment j’étais heureuse. Parce qu’avoir un monsieur comme lui qui abaissait le drapeau à damier devant toutes les voitures… et j’avais 36 voitures cette année-là.
L’année d’après c’était parti. J’en avais 52. Pendant quelques années après ça évoluait mais j’avais entre 55-60. Ça n’évoluait pas au-dessus de 70.
Il y a 7-8 ans j’ai abandonné les équipages mixtes. Je n’en avais presque plus, donc ce n’était plus cohérent de faire un classement, ça ne ressemblait plus à rien.
Et à partir de ce moment-là, c’est reparti et j’ai eu plein d’équipages féminins qui sont arrivés en plus. Comme si ça les avait bloqués un peu. Je ne sais pas, c’est comme ça.
La puissance des réseaux sociaux
Et puis ce qui m’a beaucoup aidé aussi, se sont les réseaux sociaux. Depuis 2009 je suis sur Facebook, sur une idée de mon fils qui m’a dit ‘Maman tu devrais te mettre là’. J’ai lancé sous mon nom, puis un groupe, et en fait si j’avais connu ça il y a 20 ans, j’aurais décollé beaucoup plus tôt ! Mais ça n’existait pas !
Les réseaux sociaux ça fait boule de neige, parce que les filles parlent de leur expérience. Leurs copines le voient en disant ‘ça doit être génial’. C’est tentaculaire. Et là depuis 10 ans ça s’est vraiment développé.
Rallye international grâce à Richard Mille
Et puis depuis cinq ans il y a Richard Mille qui s’est intéressé à mon événement. Richard cherchait un bel événement féminin pour promouvoir sa montre femme. Richard est un grand collectionneur amoureux de la voiture. Les gens de l’automobile le savent et le connaissent pour ça. Il m’a dit ‘Viviane, votre rallye m’intéresse. Moi je veux le partenariat titre’. Je lui ai répondu que c’était génial. On a signé à Rétromobile en 2015.
Je lui ai demandé ce qu’il voulait avec le rallye. Il m’a répondu qu’il voulait le tirer à l’international. C’est exactement ce qu’il fait. Il a une aura internationale que nous on n’avait pas beaucoup et là depuis cinq ans il m’amène des japonaises, des birmanes… On a des turcs, des filles qui arrivent de partout et que l’on n’aurait jamais eues. Jusqu’au point où l’année dernière on a quand même eu deux pages dans le New York Times, tu t’imagines ! Et ce n’est pas le digital, c’est le papier ! C’est quelque chose que l’on n’aurait jamais imaginé avant.
Aujourd’hui le rallye est vraiment devenu une marque et grâce à Richard Mille on est partis à l’international. Là on est au vingtième et je n’aurais jamais imaginé il y a vingt ans, en septembre, sur ma petite place, avec mes 18 équipages, arriver à ça vingt ans plus tard ! C’est juste génial.
Ma plus grande joie aussi c’est de voir la fierté et surtout le bonheur des participantes qui viennent et dans l’oreille me disent ‘merci, merci pour tout’. Et ça ça fait un baume au cœur et les larmes arrivent aux yeux. D’où les lunettes noires ! Rien que d’en parler j’ai de l’émotion ! »
Photos Richard Bord