Durant le Mondial de l’Automobile, nous vous proposerons chaque week-end les témoignages de deux personnalités. Première d’entres elles, et pas des moindres, Didier Auriol, champion du monde des rallyes et pilote Lancia de 1989 à 1992.
Si je vous dis « Automobile italienne », pour vous, ça évoque quoi ?
Ca évoque Lancia, Lancia Martini. Ca évoque plein de souvenirs déjà . Une équipe très performante, des gens hyper motivés, très professionnels. C’est peut-être l’équipe qui me laisse les meilleurs souvenirs.
Vous rouliez avec Lancia sur une Delta Integrale, qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur cette voiture ?
C’est une voiture qui a énormément progressée et j’ai participé aux évolutions justement de la Delta, jusqu’à la dernière. Ce qui m’a permis, en plus, de pouvoir développer cette voiture un petit peu à mon feeling. Et la dernière saison que j’ai fait, j’étais vraiment au-dessus parce que la voiture était un véritable jouet entre les mains. Et puis je crois que l’équipe italienne, sa force, c’était ‘un problème n’arrive jamais deux fois’ ! Et ça c’est extraordinaire. Je ne sais pas si je l’ai retrouvé après.
Justement, est-ce que vous avez retrouvé les mêmes sensations avec d’autres voitures, d’autres équipes ?
C’est différent, le travail était différent. Travailler avec Toyota c’est aussi une sacrée aventure. C’est un peu plus le travail germanique, mais la passion était quand même présente et le professionnalisme aussi. On ne travaille pas avec des équipes qui gagnent par hasard. Les équipes qui gagnent c’est toujours des grands professionnels.
Mais c’est vrai que le côté italien… débrouille… surtout à l’époque : il y avait le rallye mais il y avait également la débrouille. On faisait des assistances à chaque spéciale et il fallait trouver des solutions. J’ai gagné des rallyes où les mécanos avaient fait des miracles. J’ai un souvenir d’un Tour de Corse où j’étais en tête et à deux spéciales de l’arrivée je casse le différentiel avant. Je vois le patron arriver avec des hélicoptères à la sortie de la spéciale. Ils ont essayés d’envoyer des mécanos pour réparer la voiture, mais il fallait 45 minutes pour réparer et on n’en avait que 25 minutes d’assistance. Le patron m’a pris par le cou et m’a dit « t’as fait un bon rallye. On est vraiment désolés pour toi. » On est parti et au bout de 25 minutes j’entends les mécanos crier « Didier, Didier monte dans la voiture ! » Alors bon, t’es là , à te demander comment c’est possible. Ce n’était pas possible. Et les mécanos continuaient de crier « Monte, monte, t’occupes pas ! » Je pars, on fait la dernière spéciale et on gagne le rallye. A l’arrivée je leur demande comment ils avaient fait. En réalité ils avaient montés un écrou sur deux, c’était du bricolage ! Ca a tenu, en tout cas les deux dernières spéciales et on a gagnés le rallye ! Je crois qu’à cette époque là il n’y avait qu’une équipe italienne capable de faire ça.
C’est votre meilleur souvenir ?
C’est un de mes meilleurs souvenirs, oui. Surtout du travail des mécanos et de la faculté d’adaptation sur le terrain.
Et le pire ?
Le pire… Il n’y a jamais de pire. Je crois que l’on fait des courses, il y a du bon et du moins bon. Mais ça fait partie de la course automobile.
Aujourd’hui, vous roulez en quoi ?
J’ai une Audi A6 Quattro.
Quel regard cous portez sur les voitures italiennes d’aujourd’hui ?
Ce qui manque un petit peu c’est cette image du sport automobile et du rallye. Comme on peut le voir aujourd’hui chez Citroën, c’est pourtant un véritable apport. Ce serait bien qu’il y ait une équipe italienne qui revienne en championnat du monde des rallyes et pourquoi pas Fiat. On en entend d’ailleurs parler…