Deuxième opus de notre série consacrée aux 20 ans du Rallye des Princesses. Retour sur quelques-uns des modèles italiens présent en 2019. L’occasion d’aller à la rencontre des participantes alors que l’édition 2020 est reportée à l’année prochaine, conditions sanitaires liées au coronavirus oblige.
C’est dans l’un des plus beaux des écrins parisiens, la place Vendôme, que les concurrentes avaient rendez-vous samedi 1er juin. Au programme, journée de vérifications administratives et techniques, pour les princesses comme pour leurs montures. Des voitures qui ont dû montrer pattes blanches pour être autorisées à prendre le départ de cette vingtième édition.
« Pour la vingtième on voulait un parc de voitures exceptionnelles, explique Viviane Zaniroli, la fondatrice et organisatrice du Rallye des Princesses. Donc on a fait des pré-inscriptions, pas des inscriptions, des pré-inscriptions. En 25 jours on avait 140 pré-inscriptions. On a pris 90 voitures. Tu vois combien il y en a qui n’ont pas pris le train ? Moi ça me fend le cœur parce qu’il y a des années où je les aurais vraiment prises. Mais c’est comme ça, ça s’appelle la rançon du succès. »
Pour être sûres de pouvoir être au départ du rallye, certaines concurrentes n’ont pas hésité à mettre au point une stratégie dans le choix de leur voiture. C’est le cas de Delphine et Stéphanie, deux lyonnaises, qui ont retenues une atypique Fiat X1/9, d’origine… américaine.
« Le plateau des 20 ans étant particulièrement soigné, l’idée était de trouver un modèle qui puisse se distinguer d’une manière ou d’une autre, donc on a choisi un modèle rare susceptible d’être sélectionné par Viviane, précise Delphine Dupré (Fiat X1/9 n°93 de 1979).
« Et puis son côté aussi un peu décalé nous a plus, ajoute sa coéquipière, Stéphanie Navalon. Je pense que c’est un peu à notre image. Un peu sportive, simple, élégante. »
18 voitures italiennes !
Très éclectique, le plateau comporte malgré tout une grande majorité de Porsche, de toutes époques, mais aussi des Jaguar, Pontiac, Corvette Stingry ou Ford Mustang, et côté italiennes, pas moins de 5 Ferrari dont 4 Dino GT et GTS.
« Déjà la couleur, c’est la couleur de Ferrari de base, jaune, précise Dominique Roques (Ferrari Dino 246 GTS n°86 de 1975). Et puis c’est la voiture préférée de mon mari, c’est un petit clin d’œil pour lui. C’est la sportivité, l’élégance aussi parce que je la trouve très belle. »
Mais la plus représentée des italiennes est à chercher du côté d’Alfa Romeo. Avec cinq Spider, le charme du cabriolet Alfa Romeo continue d’opérer année après année, comme si l’âge n’avait pas de prise sur lui.
« La voiture nous l’avons achetée en Suisse en 2008, se rappelle Valérie Girard (Alfa Romeo Spider Veloce 2000 n°74 de 1974). Nous sommes son deuxième propriétaire. C’est un Spider de 1974. Dans les Spider c’est la série 2. C’est-à-dire qu’elle est avec l’arrière Coda Tronca, l’arrière vraiment la Dolce Vita en forme de Riva. Elle a été désignée par Pininfarina. Et puis une dernière marque de ce côté Dolce Vita et de cette belle facture italienne, c’est le fameux volant qui a été réalisé par Nardi qui a quand même équipé les Rolls, enfin les plus grands noms automobiles.
Le côté cabriolet nous plaisait beaucoup. Et puis elle a vraiment une très jolie ligne élancée, et elle a aussi ce côté très sportif et elle est quand même nerveuse. On peut voyager avec cette voiture en confiance. »
Un peu plus loin, Carole Ouziel (Alfa Romeo Spider Veloce 2000 n°80 de 1973), présente son exemplaire. « C’est une Alfa Romeo Spider 2000. Elle est de 1973. C’est une vraie bordelaise, j’ai tout son historique. Nous on habite à Arcachon et à l’époque avec ses anciens propriétaires elle venait tous les week-ends à Arcachon.
D’origine je suis italienne, précise-t-elle. Et c’est un coup de cœur vraiment total. Elle a du caractère, 135 chevaux, une souplesse au volant incroyable, une féminité mais aussi du caractère, ça me convenait. Et du coup je l’ai appelée Pépina, c’est le prénom de ma grand-mère qui est décédée, qui était une pure italienne. Et elle nous porte bonheur. C’est une voiture dans laquelle j’ai confiance. »
Histoire de famille et Spider Alfa aussi, mais d’une autre époque, pour Sandrine et Carole, deux sœurs qui vont participer à leur premier rallye ensemble.
« C’est une Alfa Romeo 2600 Spider, présente Carole Cecchetto (Alfa Romeo Spider 2600 n°39 de 1963). Elle appartient à mon beau-papa, donc le papa de mon mari. Elle est dans la famille depuis plus de trente ans. Elle fait les mariages de la famille, tous les événements familiaux et donc là ça fait deux ans qu’elle participe au rallye. »
Et puis il y a celles qui avaient fait le choix d’un modèle vraiment exceptionnel, mais que les aléas de la course ont obligé à changer de monture, passant d’un extrême, la puissance brute, à l’autre, la légèreté.
« On avait pris ce grand défi de faire ce rallye avec la De Tomaso Pantera Groupe 4 de 1976, raconte Roamhy Heras (Autobianchi A112 Abarth n°102). Et puis on a eu un souci mécanique donc on a fait appel à nos amis qui nous ont confiés cette Abarth. Celle-ci on ne la connaissait pas mais on a déjà roulé avec une Abarth. Donc on essaie de s’éclater ! »
Le plaisir de rouler en ancienne et… en italienne
S’éclater, s’amuser, c’est bien le point commun procuré par ces italiennes d’un autre temps, quelque soit leur âge, leur cylindrée ou leur marque.
« Elle est facile à conduire, c’est appréciable pour une voiture de cet âge-là, se félicite Delphine Dupré (Fiat X1/9 n°93 de 1979). Je trouve qu’elle est plutôt d’une grande fluidité, notamment au volant, passage des vitesses. Je l’ai très vite prise en main. »
« C’est un vrai plaisir de conduite, explique Valérie Girard (Alfa Romeo Spider Veloce 2000 n°74 de 1974). Les italiennes avaient un défaut qui était qu’elles n’étaient pas très stables, qu’elles ne tenaient pas très bien la route. Et franchement celle-ci elle est super, elle tient bien la route. J’ai vraiment un vrai plaisir à chaque fois que je la conduis.
Alors c’est vrai que c’est une voiture ancienne, que vous n’avez pas la direction assistée. On n’a pas de climatisation, et ça ça va peut-être nous gêner à un moment, on va avoir très chaud je pense ! Mais à côté de ça, c’est un bonheur d’être au volant de ce type de voiture. Rien que le bruit, rien que de la démarrer ça fait un doux ronronnement à l’oreille et c’est un plaisir. Quand on monte dedans on est dans un autre monde. »
Un peu plus de nuance pour Carole Cecchetto (Alfa Romeo Spider 2600 n°39 de 1963). « C’est lourd. C’est lourd mais par contre c’est très confort. On a un confort exceptionnel au volant. Alors c’est assez atypique, il n’y a pas de ceintures, de choses comme ça. Mais par contre on sent une espèce de classe et de présence au niveau de la conduite. Une italienne ! »
« Cette voiture c’est un karting ! se réjouit Roamhy Heras (Autobianchi A112 Abarth n°102). C’est génial parce qu’elle est légère. Elle est fiable, elle est collée à la route ! Elle n’a pas beaucoup de chevaux, seulement 70, mais on peut parfaitement s’éclater et je pense que demain ça va être une belle journée pour nous dans les montagnes où on va attaquer dans les spéciales ! »
Et question fiabilité ?
Quant à la fiabilité de ces grands-mères, contrairement aux idées reçues, pas facile de les prendre en défaut tant qu’elles sont bien entretenues, et bichonnées.
« La seule anecdote que l’on ait c’est que ce matin pour la première fois elle n’a pas démarré après les vérifications, rigole Carole Cecchetto (Alfa Romeo Spider 2600 n°39 de 1963). On a eu très peur pendant 30 minutes, juste le temps que nos mécanos trouvent que c’était une histoire de fusible. Donc le fusible est changé et tout va bien ! »
Les objectifs pour le rallye ?
Chaque équipage ayant passé avec succès les vérifications, il ne reste plus qu’à parler des objectifs. Mais là, pas facile d’obtenir une réponse précise de la part de nos princesses.
« Bien évidemment nous n’avons pas envie d’être ridicules, s’amuse Magali Castelli (Alfa Romeo Spider Veloce 2000 n°74 de 1974), ça c’est une première chose. Mais on privilégie aussi notre amitié et notre groupe. On est une petite bande de filles bien sympathiques. On a décidé quand même de s’amuser et de profiter au maximum de ce moment. »
« Podium ! rigolent Carole Ouziel et Marie-France Allez (Alfa Romeo Spider Veloce 2000 n°80 de 1973). Mon mari fait ‘premières’. Non. Nous on dit podium. On était onzièmes l’an dernier et on aimerait bien vraiment faire le podium. Il ne faut pas que l’on se perde. Parce que c’est ça, la régularité on sait faire, c’est juste ne pas se perdre. »
Petit désaccord pour Carole et Sandrine, les sœurs de l’Alfa Romeo Spider 2600 n°39 de 1963. « On vise quand même… Non, de faire le mieux possible. Moi je sais sur quoi on part. L’année dernière c’était le flou total donc je ne savais pas à quoi m’attendre. Cette année je sais à quoi m’attendre donc je sais que c’est extrêmement difficile. Donc je n’aurais aucune prétention de viser une place. A part de faire le mieux possible. De faire des résultats tant mieux, mais déjà quand on est en haut du tableau, c’est des résultats, sans être premières c’est déjà des résultats quand on ne fait pas de demi-tour et que l’on ne se plante pas dans la navigation. »
Verdict dans 5 étapes, 1600 km, et 19 zones de régularité. D’ici là, tout peut arriver.